nina a peut-être des défauts, mais c’est une femme de parole. elle avait dit à juliet qu’elle lui dirait ce qui n’allait pas, donc elle le ferait. c’était le moment ou jamais. juliet lui avait assez prouvé qu’elle savait être compréhensive et à l’écoute. il n’y avait pas de raison pour que ça ne se passe pas bien. elle avait longuement réfléchi dans les dernières semaines avec sa patronne pour trouver des compromis, des alternatives, des solutions pour faciliter sa situation et le travail de ses collègues, mais les choses ne s’arrangeraient jamais vraiment tant qu’elle n’ira pas à la source du problème. d’un côté, elle avait déjà pris les choses en main en allant consulter une psychologue pour ses cauchemars, mais elle ne serait jamais complètement libérée de ce fardeau sur sa vie professionnelle dans qu’elle n’en glissait pas un mot à juliet. tel que convenu avec elle lors de leur précédent entretien, elle lui donna rendez-vous dans un petit café situé à proximité du bar. nina avait tenu à faire cette réunion loin des oreilles indiscrètes de ses collègues et dans un lieu moins formel, plus neutre.

en arrivant, elle s’empressa de se commander un latte aux épices d’automne. c’était sa boisson préférée lorsque les températures fraîches se faisaient ressentir. cette boisson n’était pas disponible toute l’année, alors elle en abusait quand la saison arrivait. en accompagnement, elle se commanda un muffin choco-bananes. on dit souvent que le sucre fait du bien au moral, donc… elle n’en mange jamais trop. lorsque juliet arrive, nina lui fait un signe de la main afin qu’elle remarque sa présence. « salut juliet. je suis vraiment contente que tu aies accepté mon invitation aujourd’hui, même si cette démarche est peu habituelle. je tiens vraiment à te parler sans que les autres ne soient au courant. je ne t’ai pas tout dit et il y a des choses qu’il est plus que temps que tu saches. » contrairement à la dernière fois qu’elles ont eu une discussion, nina est tout sourire et elle voit les choses de façon plus optimiste. elle veut repartir du bon pied au rendez-vous. nina avait tellement de choses à dire, à raconter qu’elle ne savait plus par où commencer.

tu avais aujourd'hui rendez-vous avec nina dans un café non loin de ton bar. vous deviez avoir une discussion, la demoiselle avait des choses à te dire en tout cas. des choses importantes de ce que tu avais cru comprendre et tu souhaitais vraiment tout mettre en oeuvre pour que cette demoiselle se sente bien et qu'elle n'aie pas peur de t'en parler. tu savais te montrer à l'écoute de ton entourage et de tes employés. tu prenais les choses très au sérieux et tu gardais toujours les informations pour toi. tu arrivais sur les lieux du rendez-vous en redoutant quand même ce que tu allais entendre. ça semblait très important pour nina et tu espérais que ce ne soit rien de trop grave non plus. en entrant, tu la vois te faire un signe de la main et tu t'empresses de la rejoindre avec un mince sourire sur tes lèvres. salut juliet. je suis vraiment contente que tu aies accepté mon invitation aujourd’hui, même si cette démarche est peu habituelle. je tiens vraiment à te parler sans que les autres ne soient au courant. je ne t’ai pas tout dit et il y a des choses qu’il est plus que temps que tu saches. elle a le sourire aux lèvres ce qui te rassure la moindre, évidemment. tu t'installes à ses côtés tout en répondant. salut nina, c'est normal j'ai bien compris que c'était important pour toi. je t'assure que cette discussion restera entre nous. tu lances directement, pour bien mettre les choses au clair. tu prends ensuite ta commande en demandant un simple cappuccino et tu reportes ensuite ton attention sur la demoiselle avec un mince sourire sur tes lèvres. je t'écoute. tu lances finalement pour lui indiquer que tu étais totalement prête à l'entendre à présent. tu allais finalement en savoir plus au sujet de nina et sa vie. des explications plus concrètes qui pourraient justifier aussi son problème pour arriver à l'heure le matin.

la jeune femme prit une grande inspiration pour se redonner du courage. le courage de s'ouvrir, de se dévoiler devant juliet et de revivre cette nuit désastreuse encore une fois. mais elle n'allait dire que l'essentiel. seulement ce qu'elle avait besoin de savoir pour comprendre l'attitude de nina et ne pas la mettre à la porte. "j'ai assez longtemps évité le sujet. il est plus que temps que je t'en parle si je veux conserver mon emploi." nina profite du moment pendant lequel juliet passe commande pour remettre de l'ordre dans ses idées. quand sa patronne lui dit "je t'écoute" d'un ton déterminé, la brunette sait qu'elle n'a plus le choix. comme le lui certifie juliet, leur discussion resterait confidentielle. mais avant même que juliet lui mentionne, nina savait qu'elle pourrait compter sur sa discrétion. la jeune femme prend une gorgée de son latte avant de se lancer. "j'ai constaté que tu t'inquiètes pour moi et que mon bien-être t'importe. c'est donc la moindre des choses que je te dises la vérité. si je vais moins bien dernièrement, c'est que j'ai recommencé à faire des cauchemars qui m'empêchent de dormir et d'être efficace au boulot." nina se lance en douceur, elle ne veut pas tout balancer à sa patronne d'un coup. elle veut y aller à son rythme et elle n'a pas envie qu'on la prenne en pitié. mais, juliet doit bien se demander pourquoi nina fait tout un plat pour de simples cauchemars. à peine ces quelques mots prononcés, qu'elle se sent déjà un peu plus légère. elle sait qu'elle est sur la bonne voie et qu'elle a pris la bonne décision. et de toute façon... il ne pourra rien en découler de si grave...

tu ne savais évidemment pas du tout à quoi t'attendre en te rendant aujourd'hui à ce rendez-vous avec nina. elle allait te parler de quelque chose de très important pour elle et tu redoutais de ne pas être tout à fait à la hauteur de cette annonce. tu allais certainement devoir montrer ton soutien et tout ce qui s'en suit. tu es d'ordinaire plutôt douée pour ça, mais tu sentais qu'il s'agissait de quelque chose de très important et tu ne voulais surtout pas la décevoir. tu ne voulais pas dire quelque chose qui pourrait la fâcher ou la vexer. tu voulais vraiment faire les choses bien. alors installée à cette table, tu regardais nina droit dans les yeux, en lui assurant que tout cela resterait entre vous. tu savais garder des secrets. tu en possèdes bien plus que la plupart des gens, sans doute. j'ai assez longtemps évité le sujet. il est plus que temps que je t'en parle si je veux conserver mon emploi. avant qu'elle ne commence, tu passes ta commande et tu la regardes à nouveau, prête à entendre ce qu'elle a à te dire. t'as la boule au ventre. t'imagines que ça doit être encore plus difficile pour elle de parler de tout ça. elle se lance finalement, j'ai constaté que tu t'inquiètes pour moi et que mon bien-être t'importe. c'est donc la moindre des choses que je te dises la vérité. si je vais moins bien dernièrement, c'est que j'ai recommencé à faire des cauchemars qui m'empêchent de dormir et d'être efficace au boulot. tu te doutes bien que l'histoire va bien plus loin que ça. que quelque chose se cacher derrière ses cauchemars. tu comprends aussi qu'il ne s'agit pas des cauchemars que l'on peut faire en étant petit au sujet d'un monstre. il s'agit bien de cauchemars d'adulte qui l'empêche de se reposer convenablement. d'accord, je vois.. tu.. tu fais des cauchemars sur quoi ? tu demandes gentiment. tu ne veux pas non plus la brusquer. tu ne veux rien dire pour le moment, pas tirer de conclusion hâtive. tu lui poses une simple question pour l'encourager à continuer.

nina se donne de petits objectifs et tente de célébrer les petites victoires. pour appréhender la vie de façon plus positive et pour être capable de passer par-dessus tout ce qu’elle a vécu. définitivement. parmi ses objectifs, on peut compter notamment ceux de continuer à se soigner par des thérapies et nommer les choses aux personnes importantes ou concernées par la situation. elle avait dû se rendre à l’évidence en constatant qu’elle devait tout dire à sa patronne. pour qu’elle soit au courant, qu’elle comprenne et qu’elle ne perçoive pas nina comme une mauvaise employée, car ses cauchemars et ses réactions négatives ne sont pas tous de sa faute. ils constituent des effets secondaires de son traumatisme, même après toutes ces années. nina voit que juliet tente de rester ouverte, compréhensive et calme face à ce que nina s’apprête à lui annoncer. c’est ainsi que la jeune femme s’ouvre tranquillement sur ses cauchemars. juliet la questionne juste assez pour l’inciter à aller plus loin sans la brusquer. elle cherche à avoir toute l’information sans juger. « chaque nuit – ou presque – je fais ce même cauchemar qui me hante continuellement. je suis seule dans le noir et j’ai mal, tellement mal… et j’entends un rire grave, machiavélique. et je vois du sang partout. et c’est souvent à ce moment-là que je me réveille. » nina recommence à respirer. elle réalise que c’est la première fois qu’elle avoue la nature de ses cauchemars à une autre personne que sa psychologue. elle enchaîne. « mais la question reste : tu fais des cauchemars pourquoi ? » nina se racle la gorge. « il y a presque sept ans maintenant, j’ai subi une agression. » pense à tes objectifs, nina, qu’elle se dit pour elle-même. « en fait, j’ai subi un viol. » elle doit apprendre à nommer les choses comme elles sont. avec des vrais mots. « c’est cette même scène que je revis jour après jour dans mes cauchemars. » elle reste silencieuse un moment, laissant le temps à juliet d’absorber la nouvelle.

tu ne veux surtout pas la brusquer. t'as bien compris que nina s'apprêtait à parler de quelque chose de très personnel et difficile à avouer. t'as bien compris que la demoiselle ne peut pas en parler si facilement que ça. vous n'étiez pas du tout entrain de parler de la pluie et du beau temps. tu l'encourageais gentiment à continuer. posant une question concernant ses cauchemars en espérant que ça l'aide à continuer à parler. il fallait qu'elle fasse les choses à son rythme, bien sûr. tu avais tout le temps qu'il fallait pour l'écouter attentivement et si elle n'arrivait pas à en parler, tu ne pourrais lui en tenir rigueur. chaque nuit – ou presque – je fais ce même cauchemar qui me hante continuellement. je suis seule dans le noir et j’ai mal, tellement mal… et j’entends un rire grave, machiavélique. et je vois du sang partout. et c’est souvent à ce moment-là que je me réveille. tu hoches doucement la tête. pour le moment, tu ne comprenais pas tout, bien sûr. mais tu arrivais facilement à imaginer qu'un traumatisme se cachait derrière des cauchemars pareils. mais la question reste : tu fais des cauchemars pourquoi ? effectivement, c'était la question qui restait en suspend. celle que tu n'osais pas vraiment poser pour ne pas donner l'impression que tu la poussais un peu trop. il y a presque sept ans maintenant, j’ai subi une agression. en fait, j’ai subi un viol. c’est cette même scène que je revis jour après jour dans mes cauchemars. bien sûr, tu restes sans voix. ton regard planté dans celui de nina face à une nouvelle qui te brise le coeur. personne au monde ne méritait de subir une telle atrocité et tu pouvais parfaitement comprendre que cela vienne altérer le sommeil de ton employée et provoque donc quelques retards au travail. il se passe plusieurs secondes sans que tu ne dises quoi que ce soit, tes yeux dans les siens. il te faut juste un instant pour encaisser la nouvelle, mais surtout pour trouver ce qu'il faut dire à présent. je.. je suis vraiment désolée d'apprendre ça, nina. je comprends qu'une chose pareille puisse te hanter de la sorte et je comprends mieux les raisons de tes retards le matin. c'est.. affreux, vraiment. j'ai pas de mots, en fait. et j'aimerais pouvoir faire quelque chose pour toi.. mais quoi ? dans ce genre de situations il n'y avait pas grand-chose à faire malheureusement. ce n'est pas comme si elle pouvait oublier une histoire pareille.