tu rentrais tard ce soir-là. t'avais travaillé au pussycat toute la soirée et t'étais totalement exténuée. tu ne pensais actuellement plus qu'à rejoindre ton lit et te reposer, enfin. tu supposais que c'était bien mérité. en ce moment tu avais de la peine à suivre le rythme. tes études te demandaient beaucoup d'énergie et les choses devenaient de plus en plus compliquées du côté du pussycat. parfois, tu te demandais si tu ne devrais pas laisser tomber, chercher quelque chose d'autre. un poste où tu pourrais être plus flexible sur les horaires par exemple afin de pouvoir t'accorder un peu plus de temps lors des grosses périodes de révision. enfin, en tout cas pour le moment tu n'avais pas eu d'autres choix que de laisser de côté tes heures de sommeil pour le reste. chaque matin, tu faisais de ton mieux pour appliquer ton maquillage et cacher tous les signes de fatigue qui pouvait apparaître. chaque matin, tu avais le sentiment que ça devenait de plus en plus difficile. tu glissais doucement la clé dans la porte de ton appartement et tu rentrais en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller tes colocataires qui étaient sans doute tous endormis à cette heure-ci. tu prenais le temps de retirer tes chaussures et tu filais d'abord à la salle de bain. un rapide coup d'oeil dans le miroir te confirme que tu fais peur à voir. tes yeux sont légèrement rouges à cause de la fatigue. tu soupires et tu prends le temps de te démaquiller et de rincer un peu ton visage. tu reviens ensuite doucement en direction du salon et de la cuisine. tu veux boire quelque chose avant d'enfin rejoindre ton lit. mais tu tombes sur jesse. ta main que tu poses sur ta poitrine alors que tu sursautes en le voyant. tu fais quoi debout à cette heure-ci ? tu lances dans un murmure alors que tu tentes de calmer rapidement ton coeur qui vient de s'emballer.

tout dérape, tout s'échappe.

une fois de plus, le clan richer n'en n'est plus un. une fois de plus, il a implosé, et ne pourra très certainement pas s'en relever. tout le monde est contre tout le monde, et toi, tu ne t'es jamais senti aussi seul. même grace n'est plus là. un adieu définitif a été fait, parce qu'il n'y avait pas d'autres solutions. oui jesse, tout t'échappe, tout te fuit. ta repris des études, et tu penses déjà à les arrêter. comment pourrais-tu continuer alors que plus rien n'a de sens autour de toi ? tu penses aussi à quitter la coloc. elle t'a apaisé, aidé à te reconcentrer sur l'humain, mais quand blake a débarqué l'autre fois, t'as eu une peur folle qu'un de tes colocataires soit là, et subisse ses foudres. tu ne peux pas leur éviter tout danger, pas avec ce que tu fais, avec qui tu es. et pourquoi pas quitter la ville ? trois-rivières était une base pour revivre, pour oublier le passé et se concentrer sur l'avenir. mais une fois de plus, ce plan a échoué. il fallait s'en douter. au fond de toi tu le savais. alors oui, t'y penses de plus en plus. quitter la ville en solitaire, ne prévenir personne, et refaire -encore- ta vie ailleurs. loin des richer. ils sont un boulet à ta cheville, rien d'autre.

tu regardes par la fenêtre. il fait nuit, bien nuit. tout est calme, paisible. t'hésites à te balader dans les rues, mais tu ne t'y sens plus en confiance. alors tu restes là, planté dans la cuisine, un coca à la main, les yeux rivés vers l'ailleurs. tu entends la porte d'entrée. est-ce blake qui revient pour te hanter ? pour se venger ? tu reconnais la douceur des pas de fanny, et entraperçois sa silhouette. même la coloc a bien changé. elsa et maxime sont partis. décidément, que des départs dans ta vie. tu es un peu soulagé pour elsa, son métier interférait trop avec ton mode de vie, et rien de bon pouvait en découler. de nouveaux arrivants, et de nouveaux efforts à faire de ta part. en as-tu la force ? de nouveau, tu entends les pas qui se dirigent vers toi. tu n'étais pas d'humeur à la conversation. tu ne l'es jamais, d'ailleurs. "insomnie." trop de chose à penser pour dormir. tu remarques que ta présence l'a surement effrayée. tu ne dis rien, t'excusant à travers ton regard. "tu rentres tard, tout va bien ?" de tous les colocataires, c'est avec fanny que tu as toujours eu du mal à te connecter. mais c'est la seule qui reste que tu connais, et étonnement, tu t'es attaché à sa présence.