le week-end avait touché à sa fin. las vegas. le mariage. tout ça. t'avais envie que ce ne soit qu'un affreux cauchemar, mais quand l'avion atterrissait à trois-rivières, tu savais que c'était la vérité. parce qu'il se tenait juste à côté de toi. ilon. tu posais ton regard sur le sien, affichant un mince sourire. il allait venir vivre ici à trois-rivières. t'as pas compris tout ce qu'il s'est passé. t'avais trop bu ce week-end pour arriver à réfléchir convenablement. et t'avais fait la plus grande bêtise de ta vie. tu t'étais mariée. la première chose qui t'étais venue à l'esprit, c'était que tu allais devoir le dire à tessan. et tu savais pertinemment que le jeune homme n'allait pas accepter la nouvelle. en même temps, t'étais déjà pas capable de l'accepter toi-même alors tu ne pouvais pas demander à ton entourage de le faire. t'avais voulu annuler, mais ilon t'avait assuré que ce n'était pas possible. pourtant, tu gardais toujours en tête cette idée. parce que tu ne connais rien de cet homme. tu sais juste que vous aviez passé une bonne soirée tous les deux et que l'alcool vous avait poussé à prendre une décision totalement stupide. ensuite, vous n'aviez pas hésité à consommer ce mariage, visiblement. tu en avais quelques vagues souvenirs. des flashs qui te revenaient petit à petit. ton regard posé dans le sien tu affichais toujours ce petit sourire en coin. nous y voilà. tu souffles doucement tout en te levant de ton siège pour récupérer ta valise. vous étiez arrivé à trois-rivières cette fois-ci. bientôt tu pousseras les portes de ton appartement et tu reprendras ta petite vie. mais pas comme avant, malheureusement. parce qu'à présent t'es mariée. ça te retourne l'estomac rien que d'y penser.

ilon, c'est ce qui était écrit sur ta pièce d'identité et sur l'acte de votre mariage. mariage prévu, même si elle n'en savait rien. tu l'avais repérée, à vegas, jo. tu savais qu'elle était de trois-rivières, t'avais gardé tes anciens réflexes, t'avais gardé ton intelligence policière et t'avais su t'renseigner. t'avais vu en elle le ticket de retour qu'il te fallait pour retrouver juliet et régler les problèmes qui s'annonçaient, là-bas. t'avais pas réfléchi, t'avais profité de sa détresse. c'était inhumain et tu t'en mordrais tôt ou tard les doigts. mais pour l'heure, t'avais profité de jo pour obtenir un certificat d'mariage et une bonne raison de rentrer au bercail sans éveiller les soupçons. dans l'avion, t'avais fait profil bas. tu avais réussi à la convaincre qu'une annulation n'était pas possible et t'avais même réussi à la convaincre de t'inviter à la suivre. sous quel prétexte ? t'étais son mari, désormais. et puis, t'avais juré que vous vous occuperiez du divorce, une fois à trois-rivières. pour le moment, il te fallait juste revenir. quand on annonce l’atterrissage, t'as l'estomac qui se serre. tu retiens ton souffle, discrètement. elle ne sait rien de toi, jo. ni même pourquoi il te manque deux doigts à la main gauche. t'as tout passé sous silence, tu restes vague mais charmant, gentil. tu veux pas lui faire peur, encore moins la mettre en danger. quand enfin l'appareil se pose, tu la vois qui se lève.  (nous y voilà.) tu te lèves à ton tour, récupères ton sac. tu la suis, sans dire un mot. tu veux pas la brusquer, tu sais que ce mariage a des conséquences sur sa vie, aussi. tu sais qu'elle ne revient pas forcément dans les mêmes dispositions qu'à son départ. son groupe de copines vous a laissé rentrer en avance, sous prétexte que vous deviez régler cette affaire au plus vite. sur le tarmac, au moment même où vous vous retrouvez à attendre de trouver un taxi, tu te retournes vers elle (jo.. je - je voulais te dire, j'suis pas un maniaque tu sais. j'sais qu'on se connait pas du tout, mais j'te ferai jamais de mal.) tu la regardes droit dans les yeux. tu mens, légèrement, mais tu sais également que tu n'chercheras pas à l'impliquer dans tes histoires. (on va régler cette affaire rapidement et puis, je m'en irai comme je suis arrivé. en attendant, tu peux compter sur moi, d'accord ?) tu lui dis avec toute la sincérité du monde.

le trajet c'était fait en silence. t'avais eu le sentiment qu'il avait duré une éternité. t'avais fait que cogiter, pendant ce temps-là. le regard rivé sur le hublot de l'avion, tu ne cessais de te dire que tout cela n'était qu'un rêve. tu voulais t'en convaincre, mais tu n'y parvenais pas. parce que tu le sais, c'était bel et bien la réalité. t'étais bien mariée à l'homme qui se trouvait à côté de toi. un homme dont tu ne sais rien. si ce n'est un prénom et quelques détails superflus à son sujet. tu ne sais rien. rien du tout. et pourtant, c'est ton mari. il avait tenté de te convaincre que tout allait bien se passer. vous alliez régler vos affaires ici à trois-rivières. un divorce et tout rentrera dans l'ordre. t'essayais de t'en convaincre. c'était ton objectif à présent, régler ce problème une bonne fois pour toutes. et en parler avec tessan. ça te faisait mal au ventre rien que d'y penser. c'était sans doute ce qui allait tirer un trait définitif sur votre histoire. même si en ce moment c'était toi qui était réticente à l'idée que votre histoire recommence, tu savais bien qu'après ça, lui ne voudra plus de toi non plus. l'alcool c'était vraiment mauvais. ça te faisait faire des folies. et tu en avais fait un peu trop ce week-end. parce que t'étais triste, sans doute. tu reprenais tes bagages et vous sortiez en silence. il ne restait plus qu'à attendre un taxi à présent. jo.. je - je voulais te dire, j'suis pas un maniaque tu sais. j'sais qu'on se connait pas du tout, mais j'te ferai jamais de mal. tu poses ton regard sur le sien quelques instants. t'as envie de croire ce qu'il te dit. mais t'es bien loin de le connaître assez pour avoir totalement confiance. j'espère.. tu souffles doucement. t'espères vraiment qu'ilon ne se moquera pas de toi dans toute cette histoire. t'as pas envie de souffrir. t'as déjà assez souffert ces temps. on va régler cette affaire rapidement et puis, je m'en irai comme je suis arrivé. en attendant, tu peux compter sur moi, d'accord ? tu hoches la tête doucement. oui, d'accord.. j'aimerais bien que ce soit réglé rapidement.. tu rajoutes avant qu'un taxi ne s'arrête devant vous. tu montes dans le taxi et tu tournes ton regard vers le sien. je te préviens, ça risque d'être compliqué parfois. parce que t'as des histoires ici, forcément.. et si les gens finissent par apprendre votre faux mariage, ça va se compliquer.

t'as menti. en vrai, tu n'fais que mentir depuis qu'tu l'as convaincu que c'était une bonne idée qu'de se marier. c'est bête à dire, mais votre histoire, elle vaut pas plus qu'un courant d'air. rien n'est sincère dans tes démarches. elle l'ignore, bien sûr. mais quand vous arrivez ici, à trois-rivière, t'as l'sentiment que tu dois la rassurer. comme si t'étais un criminel. et si au fond, c'était le cas ? après tout, le hasard avait voulu qu'elle soit dans l'même bar que toi, cette même nuit, à las vegas. qu'elle fasse mention de c'bled dans lequel elle habitait et qu'elle t'fasse comprendre, très rapidement, à quel point elle désespérait d'être célibataire. il avait suffi d'un peu de drague et d'un peu d'alcool pour que ton plan s'mette en place, tout seul. t'avais feint d'être ivre, t'avais feint d'trouver l'idée du mariage absurde et t'avais même feint d'pas avoir conscience de ce que vous faisiez au moment où tu disais oui, j'le veux. sauf que ton retour, ici, était programmé et nécessaire. jo n'est que la passerelle qui te permettra d'passer incognito. d'revenir sans te faire repérer. criminel ? bien sûr, mais dans un sens complètement absurde dont elle doit tout ignorer, aussi longtemps que possible. (j'espère..) elle n'est pas convaincu du tout, tu l'vois. et quand tu lui promets d'être là pour elle et de tout régler le plus rapidement possible, elle parait encore moins convaincue. (oui, d'accord.. j'aimerais bien que ce soit réglé rapidement..) pressée d'en finir avec toi. l'fantôme, l'mensonge. tu vaux rien, tu te détestes presque d'avoir à te jouer d'elle. votre mariage n'existe que là-bas, loin d'être reconnu en dehors des frontières. elle n'en sait rien, c'est une aubaine. mais si elle le découvre, elle comprendra que.. (je te préviens, ça risque d'être compliqué parfois.) le taxi s'est arrêté, vos bagages sont dans le coffre et tu lui ouvres la porte. tu t'interroges, sans forcément l'exprimer. une criminelle ? tu n'penses pas. mais t'imagines qu'elle a un passif assez lourd, ici. tu t'installes près d'elle, tu la regardes avec tendresse. (je suppose que personne n'est au courant.) tu lui dis, sans même poser la question. (je me ferai discret, promis.) tu lui dis, le regard qui baisse, encore. coupable.

tu savais bien que le retour à trois-rivières allait être compliqué. au moment où l'avion se posait sur le sol, tu savais que tu allais passer une période difficile. tu redoutais surtout le moment où ton chemin allait croiser celui de tessan et que tu devras lui dire la vérité. tu le feras, jo. parce que tu ne voulais rien lui cacher toi. surtout pas alors que tu lui reproches de t'avoir menti pendant tout le temps où vous étiez ensemble. tu lui dois la vérité et tu sais que ça va faire mal. parce que même si ton histoire avec tessan était terminée et que tu n'envisageais pour l'heure pas forcément de te remettre avec lui, tu sais que tu éprouves toujours quelque chose à son égard. tu voudrais qu'une porte reste ouverte encore un peu. au cas où tu réaliserais que c'est vraiment lui que tu veux. mais le mariage venait tout compliquer. t'as pas voulu ça. t'as pas réfléchis, t'étais ivre, t'étais triste aussi. parce que la vie de célibataire ne te réussi pas forcément et que tu voulais retrouver quelqu'un. il était apparu comme une évidence sur le moment, jusqu'au dur retour à la réalité. tu ne manquais pas de le prévenir sur la situation. tu le sais, ça ne va pas être évident. t'as tes histoires ici. je suppose que personne n'est au courant. tu secoues la tête pour toute réponse. il suppose bien. personne n'est au courant et il va falloir annoncer ça pourtant. je me ferai discret, promis. il baisse son regard et toi tu secoues la tête une fois de plus. tu n'es pas obligé de te faire discret.. il va juste falloir que je l'annonce un peu autour de moi, à mes proches.. et je pense que ça ne va pas toujours être facile. tu penses à tessan, seulement. tes amis te soutiendront, tout en te rappelant que tu avais fait une grosse bêtise bien sûr. mais ils seront là pour toi et ils ne feront pas d'histoires.

situation presque comique, en somme, pour elle. revenir mariée à un parfait inconnu. pour toi, c'est calculé, volontaire, sournois même. t'as honte, forcément, mais tu n'dis rien, tu fais dos rond et tu essaies d'te montrer conciliant et doux. tu veux pas la brusquer, ni même l'inquiéter. t'es pas un criminel, t'es pas un mauvais bougre. t'es juste un fantôme. un fantôme qui n'a pas eu d'autre choix que de trouver un corps à habiter pour revenir en ville et protéger sa famille. ça peut paraître dingue, mais c'est vrai. tout ce que tu as fait, ces dernières semaines, n'a pas été le fruit du hasard. contrairement à ce qu'elle doit croire, tu n'es pas l'parfait inconnu.. non, bien au contraire. et si tu ne l'avais encore jamais rencontrée, jo, la ville de trois-rivières est à ton coeur aussi chère que la première maison que l'on abandonne. revenir te fait l'effet d'une bombe, tu angoisses, tu crains pour toi mais également pour les gens qui te sont chers. tu sais qu'il te faudra reprendre contact avec jensen, tenter de renouer avec juliet. tu n'sais pas encore comment t'y prendre mais pour l'heure, tu essaies de garder à l'esprit la jeune femme qui te fait face et ses troubles. c'est elle qui t'accompagne, malgré elle, dans cette nouvelle aventure. elle est ta complice, sans s'en rendre compte. et dans l'équation du danger à laquelle tu te confrontes, elle n'est pas une inconnue, bien au contraire. elle est à présent en danger, elle aussi. sa tête mise à prix quand on te reconnaîtra. parce qu'on fini toujours par te reconnaître. (tu n'es pas obligé de te faire discret.. il va juste falloir que je l'annonce un peu autour de moi, à mes proches.. et je pense que ça ne va pas toujours être facile.) d'anciens réflexes refont surface, forcément, c'est sans doute pour ça que tu lui demandes (il y a un ex, n'est-ce pas ?) tu la regardes, en souriant tendrement. t'as été flic trop longtemps pour ignorer le tremblement de sa voix, celui qui dénote d'un peu de nostalgie et de regrets. (un ex qui pourrait ne pas prendre bien la nouvelle de ton mariage..) tu ajoutes, lentement, sans la quitter des yeux.

tu ne pensais pas que ton retour de las vegas allait se passer de cette façon-là. tu ne t'attendais pas à avoir une personne à tes côtés dans l'avion et encore moins que tu sois mariée à celui-ci. tu ne connaissais rien de cet homme, ou presque. pas assez en tout cas pour l'épouser. il était donc évident que tu allais vouloir régler le plus vite possible toute cette histoire. hors de questions de rester marié plus longtemps à un quasi inconnu.. tu pensais à tes proches, à la réaction qu'ils pourront avoir lorsque tu leur raconteras tes histoires. tu ne savais vraiment pas si tu étais prête à en parler à certains d'entre eux. mais tu savais surtout que le plus difficile allait être d'en parler avec tessan. il ne faudra pas que tu attendes. hors de questions pour toi qu'il apprenne la nouvelle par quelqu'un d'autre. il y a un ex, n'est-ce pas ? tes yeux qui se relèvent sur les siens. il comprend vite, visiblement. loin d'être un idiot sans doute. un ex qui pourrait ne pas prendre bien la nouvelle de ton mariage.. il rajoute ensuite et toi tu ne dis rien pendant quelques instants. tu soupires, et tu détournes un peu le regard. ça t'agace, cette situation. oui, il y a un ex.. tu réponds simplement avant de rajouter, je pense qu'on devrait essayer de rapidement trouver le moyen d'annuler ce mariage ou de divorcer.. tu souffles doucement. t'as pas envie d'attendre. tu veux bien l'aider un peu pour son arrivée ici à trois-rivières, mais tu ne vois pas vraiment l'intérêt de rester marié à lui pendant ce temps-là. ce serait mieux pour tout le monde je pense ? tu souffles doucement. tes yeux dans les siens à nouveau, les joues un peu roses. t'avais le sentiment de passer pour la méchante en lui disant tout ça.

l'histoire est vieille comme le monde. une femme délaissée ou brisée qui se rend à las vegas pour oublier les tumultes de sa vie normale et qui, sur un coup d'folie, se marie au premier inconnu. ce n'est pas une question d'alcool, la plupart du temps. c'est une question d'histoire. même bourré, on n'se marie pas au premier venu si on n'a rien à prouver, aucun compte à régler. l'histoire est vieille comme le monde, t'es qu'un prétexte. elle avait besoin de se sentir libre, de se venger sans doute. elle avait besoin de s'affranchir d'une vieille histoire qui l'a certainement terrassée. et puis, t'es flic, faut pas oublier. tu l'étais. du coup, son comportement, même aussi gentil soit-il, ne ment pas. tu vois tout d'suite que tu poses problèmes, ici. qu'elle ne souhaite pas que tu te promènes en ville en criant haut et fort que tu es l'nouveau mari de jo villareal. c'est peut-être aussi l'fait qu'elle ait refusé d'changer d'nom, d'ailleurs, qui t'a mis la puce à l'oreille. (oui, il y a un ex..) vieille comme le monde, tu l'savais. tu souris, en coin. tu t'montres gentil, c'est tout à ton avantage. t'as encore besoin d'elle. (je pense qu'on devrait essayer de rapidement trouver le moyen d'annuler ce mariage ou de divorcer..) en vrai, votre mariage n'est légal qu'à las vegas, reconnu que dans l'état du nevada. elle aurait pu l'savoir, si elle avait fait des recherches. mais comme tu lui as promis de t'occuper de tout, tu fais un peu traîner la chose. (ce serait mieux pour tout le monde je pense ?) sauf qu'il y a dans ses yeux une certaine détresse qui te touche en plein coeur. tu pourrais tout annuler, après tout, ça n'prendrait que trois coups d'fil. ça serait vite réglé. mais non. t'as besoin d'avoir cette couverture, encore un peu. tu souris (ne t'inquiète pas, je m'y atèle dès demain. dans moins d'une semaine, tu seras débarrassée de moi.) tu souffles, essayant de te montrer le plus convaincant possible. (en attendant, promis, j'évite de porter mon t-shirt : "i'm jo villareal's new husband", en ville.) tu la taquines, juste un peu, pour désamorcer la situation.

ça ne te ressemble pas vraiment finalement. t'as toujours eu un certain contrôle sur ta vie. certains principes aussi. et ce qui vient de se passer à las vegas avec lui ne faisait clairement pas partie de tes habitudes, non. en même temps ça ne faisait sans doute partie des habitudes de personnes. mais ça te perturbait d'avoir pu te laisser avoir de cette façon-là. et surtout, tu redoutais le moment où tu allais devoir l'expliquer à tessan. même si tu sais bien que tu ne lui dois plus rien et que tu as le droit de faire tout ce que tu veux. tu étais quand même parfaitement consciente que cette information risquait de le briser. alors le plus vite tu pouvais régler cette histoire de mariage, le mieux ce sera sans le moindre doute. même si tu n'auras pas le choix de dire la vérité à tessan dans tout ça. ton regard plongé dans le sien, tu ne fais que de parler de ça. une annulation, un divorce. n'importe quoi, du moment que tout pourra se terminer. ne t'inquiète pas, je m'y atèle dès demain. dans moins d'une semaine, tu seras débarrassée de moi. il t'assure et tu affiches un mince sourire. réalisant soudainement que tu ne te montrais peut-être pas très sympathique avec lui dans tout ça. comme si tu avais honte d'être mariée à un homme comme lui. en attendant, promis, j'évite de porter mon t-shirt : "i'm jo villareal's new husband", en ville. et tu ne peux t'empêcher de rire face à cette petite taquinerie. merci. tu souffles doucement avant de rajouter, je suis désolée d'insister sur tout ça.. je ne veux pas que tu penses non plus que j'ai honte de toi, ce n'est pas le cas.. je ne te connais pas assez pour dire ça de toute façon. tu dis dans un petit souffle. et d'une certaine manière ça ne te dérangerait pas de le connaître un peu plus.

t'es plutôt conciliant, parce qu'au fond, tu sais que ce que tu lui imposes n'est pas normal. tu pourrais tout faire annuler, sur le champs, mais t'as encore besoin de cette couverture, juste un peu. tu fais traîner les choses, le temps de te retourner. tu n'peux décemment pas redevenir ange carstairs et, pour l'instant, être le nouveau mari de jo villareal demeure une couverture solide et utile. tu n'hésites pas néanmoins à t'montrer tendre, doux, gentil. parce que tu n'veux pas l'effrayer et encore moins émietter le peu d'confiance qu'il y a entre vous. le fait qu'elle ait accepté que tu la suives, jusqu'ici, sans s'poser d'questions prouve qu'elle se sent à l'aise, avec toi. tu joues la carte de l'humour pour ne surtout pas la perdre, ni envenimer les choses. elle sourit, rigole même. c'est un bon point. (merci.) tu opines du chef en souriant. elle ajoute (je suis désolée d'insister sur tout ça.. je ne veux pas que tu penses non plus que j'ai honte de toi, ce n'est pas le cas.. je ne te connais pas assez pour dire ça de toute façon.) et c'est à ton tour de rire un peu. c'est vrai, vous n'avez pas beaucoup parlé, ni échangé. t'es resté vague sur l'homme que t'étais, bien sûr. illon.. c'est une supercherie, c'est la tienne. tu as créé un personnage, une histoire, une vie. t'es prêt à lui sortir le grand jeu, c'est vrai. mais tu voudrais rester le plus éloigné possible de ce mensonge. tu n'veux pas lui imposer tout ça. (je suis un livre ouvert.) tu t'entends pourtant lui dire. pourquoi ? sans doute pour gagner sa confiance, après tout. tu souris, à nouveau, détendu. tu fais un pas de plus, vers elle. (qu'est-ce que tu aimerais savoir ?) tu lui demandes, sans la quitter du regard.

c'est vrai, vous vous connaissez à peine. t'es bien incapable de dire si tu pourrais vraiment bien t'entendre avec lui sur le long terme ou non. mais tu reconnais quand même que jusqu'à présent, il s'est montré très gentil avec toi. il parvient même à te faire rire, par moment. et t'avais bien besoin de ça, c'est vrai. ton regard posé dans le sien, tu affiches un sourire en coin alors que tu lui affirmes que tu n'as pas non plus honte de lui. tu ne voudrais pas qu'il pense ça. pour le coup, t'as plutôt honte de toi et de la façon dont tu as géré tout ça. ça ne te ressemblait pas le moins du monde. il avait suffit d'une soirée d'égarement pour que tu fasses une connerie monumentale. il allait falloir réparer tout ça maintenant. mais tu comptais en parler à tessan. hors de questions que tu gardes les choses pour toi et que tu cherches à lui cacher cette vérité. t'es pas stupide, jo. tu sais parfaitement que les choses finissent toujours par se savoir ici. alors autant qu'il apprenne la vérité par toi directement. je suis un livre ouvert. il te lance finalement, le sourire aux lèvres. qu'est-ce que tu aimerais savoir ? tu prends le temps de réfléchir à la première question que tu voudrais lui poser. il y en a des tas en fait. parce que finalement en dehors de son prénom, ilon, tu ne sais absolument rien. où as-tu grandit ? t'as des frères et soeurs ? ce sont les premières questions qui te viennent, mais t'en as encore des tas. cette conversation pourrait durer des heures finalement. vous allez y aller tranquillement. parce que t'as bien envie de le connaître. t'as bien envie d'en savoir un peu plus sur l'homme que tu as épousé. ça te semble complètement stupide tout ça. quand t'y penses.

tu n'ignores pas les risques encourus, si tu venais à lui dire toute la vérité. tu vas mentir, évidemment. tu ne peux agir autrement. elle représente la seule couverture sous laquelle te glisser pour éviter que ton identité n'éclate au grand jour. ton retour ici n'fera plaisir à personne, en particulier à la famille leboswki. tu n'peux pas ajouter jo' à l'équation, ni te permettre de la mettre en danger. alors oui, un livre ouvert, mais bourré de mensonges et de fausses vérités. d'toute manière, ça n'ferait que la pousser dans tes vices et tes ténèbres. la première question qu'elle te pose fait mouche. tout d'suite. la famille, les origines. naturellement, elle se dirige vers les fondements nécessaires à la connexion entre deux personnes. savoir qui se cache derrière tes sourires, tes yeux qui brillent un peu et tes gestes tendres. tu souffles, roules des yeux. tisser des mensonges fait partie de ton adn, désormais. (grandi et né à québec. tu vois, pas si loin de toi, finalement.) tu dis, en premier lieu, sans tergiverser, sans trop réfléchir. pour que ça paraisse crédible, qu'elle s'y attache et qu'elle y porte une certaine importance. (une soeur, toujours en contact. elle n'approuve pas le mariage, pas si vite tout du moins. mais se réjouit de te rencontrer.) comme si t'en parlais aux autres, comme pour lui faire croire que t'apportes à votre histoire plus d'importance qu'elle ne veut bien l'envisager. (elle viendra bientôt à trois-rivières.) tu ajoutes, tout sourire.

ça te rassurerait sans doute un peu d'en découvrir un peu plus sur ilon. de découvrir sa vie privée, où il a grandit, les bêtises qu'il pouvait faire étant petit, sa première fois. n'importe quelle histoire qui ferait que tu pourrais en découvrir un petit peu plus au sujet de ce jeune homme. tu te doutes que ça peut prendre du temps, mais vous en aviez un petit peu devant vous jusqu'à arriver chez toi. alors autant en profiter pour essayer de vous poser quelques questions. tu commençais par ses origines, sa famille. cherchant à savoir où il avait grandit, ce genre de petits détails. parce que finalement tu ignorais tellement tout de lui. tu ne possédais qu'un prénom et ça s'arrêtait-là. ce qui était bien maigre pour dire qu'il est censé être ton mari. grandi et né à québec. tu vois, pas si loin de toi, finalement. tu affiches un petit sourire en coin. il tente de se montrer rassurant sans doute, avec ses petits commentaires. mais tu ne dis rien de plus pour le moment. tu le laisses continuer. tu veux en savoir encore plus, bien évidemment. une soeur, toujours en contact. elle n'approuve pas le mariage, pas si vite tout du moins. mais se réjouit de te rencontrer. elle viendra bientôt à trois-rivières. il affiche un sourire et tu en fais de même. il avait donc parlé de toi à sa famille. il accordait un peu plus d'importance à ce mariage que tu ne l'imaginais, sans doute. est-ce qu'il serait intéressé par toi ? tu ne penses pas. tu dois simplement lui avoir plu l'espace d'une soirée. mais ça ne suffit pas pour que cela fonctionne l'espace d'une vie. d'accord, je me réjouis de la rencontrer également, elle est plus jeune que toi ta soeur ? tu questionnes avant de rajouter, et qu'est-ce que tu fais dans la vie ? tu ne savais même pas son métier non. ça te désolait presque à mesure que tu posais les questions tant ça te semblait totalement ridicule.

tu gardes l'essentiel, n'est-ce pas ? une jeune soeur, comme juliet. sans en dire trop, tu te dévoiles juste assez. tu pourrais sans doute en profiter pour tout lui raconter, tout lui expliquer. mais tu n'le fais pas. tu sais qu'elle a besoin d'en savoir plus sur toi pour pouvoir se rassurer quant à la nature profonde de l'homme que tu es. mais tu préfères encore mentir, pour l'heure. viendra le moment où cette réalité la frappera de plein fouet et tu sais qu'elle n'y survivra pas complètement. tu t'es joué d'elle, servi d'elle. et pourtant, elle n'a rien demandé. la bague à ton doigt, même si elle n'a pas coûté très cher à l'église, veut dire quelque chose que tu ignores. la confiance, ça n'a jamais été et ne sera jamais ton fort. tu t'es fait prendre une fois, pas deux. depuis, t'es loup solitaire et bien content d'rester isolé. tu s'ras pris au piège, tôt ou tard, de tes mensonges. mais pour l'heure, ça a l'air de la réconforter un peu. (d'accord, je me réjouis de la rencontrer également, elle est plus jeune que toi ta soeur ?) tu souris, avec sincérité. (pas grand chose mais oui, plus jeune.) c'est peut-être faux, peut-être pas. qui sait, toi-même tu t'y perdras, avec le temps. (et qu'est-ce que tu fais dans la vie ?) la question qui fâche. t'inventer une famille n'est pas compliqué, t'inventer une vie l'est un peu plus. tu réfléchis vite, pour ne pas lui laisser le temps de croire que tu dois réfléchir. (taxidermiste.) putain. c'est la première chose qui t'a sauté à la tronche. pouvait pas être bibliothécaire ? tu souris, mal à l'aise (j'ai ma propre entreprise à québec. d'ailleurs, je devrai sans doute appeler mon assistante pour la rassurer.) tu lui fais croire que t'as d'bonnes intentions, ce qui peut être vrai sous un certain angle.

essayer d'en savoir un peu plus à son sujet. ça devrait pouvoir te permettre d'être un peu plus rassurée pour la suite, non ? en tout cas, ce serait toujours mieux qu'actuellement où tu ne savais vraiment absolument rien de lui. tu apprenais déjà qu'il avait une soeur et tu relevais que tu te réjouissais de la connaître. même si tu ne savais pas vraiment comment celle-ci allait prendre le fait que son frère venait d'épouser une fille qu'il ne connaît même pas. tu risquais de ne pas vraiment faire l'unanimité dans son entourage. et en même temps, ce n'était pas vraiment le but non ? après tout, vous alliez finir par annuler ce mariage et reprendre le cours de vos vies respectives, c'est bien ça qui était prévu ? enfin, pour le moment tu prenais quand même le temps d'en savoir plus à son sujet. pour te rassurer, la moindre. pas grand chose mais oui, plus jeune. tu hoches doucement la tête avant de le questionner sur sa vie professionnelle. une question après l'autre. taxidermiste. tu ne t'attendais certainement pas à cette réponse-là. la surprise doit d'ailleurs se lire sur ton visage dès qu'il prononce ce mot. j'ai ma propre entreprise à québec. d'ailleurs, je devrai sans doute appeler mon assistante pour la rassurer. tu le regardais droit dans les yeux. t'aurais jamais pu imaginer qu'ilon exerçait un tel métier. t'en restais presque bouche bée. waouw, c'est.. peu courant comme métier ! c'est qui t'as donné envie de faire ça ? pour le coup, tu n'étais pas certaine de comprendre l'intérêt d'un tel métier.. mais en même temps, tu tentais de respecter le choix de chacun. dans tous les cas, ce n'était pas à ce métier là que tu aurais pu penser en premier en regardant ange et tu te demandais s'il s'agissait d'un rêve de petit garçon..

taxidermiste, putain. c'est la première chose qui t'est passé par l'esprit et, aussitôt dit, aussitôt tu r'grettes. t'y connais rien là-dedans. tu t'rappelles juste de ta grand-mère qui avait fait empaillé trois d'ses chiens et, déjà à l'époque, tu trouvais ça bizarre.
aujourd'hui, c'est toi qui l'fait, donc.
enfin, ilon. pas toi, mais cet homme que tu inventes, que tu dessines à l'encre de tes mensonges. pour la rassurer, pour lui donner l'impression que t'es consistant, que t'es pas juste un mirage et que t'es pas là pour lui faire du mal. mauvaise pioche, pourtant, tu l'vois à son regard qui change. ça la choque, c'est normal, on t'donnerait sans doute toutes les professions du monde plutôt que celle que t'as choisi. enseigner l'art, le théâtre, voilà qui aurait été mieux, d'ailleurs. t'y penses pourtant que maintenant. imbécile. (waouw, c'est.. peu courant comme métier ! c'est quoi qui t'as donné envie de faire ça ?) tu rigoles, mal à l'aise. gagner du temps t'as pas l'choix. faut que tu t'enfonces dans tes mensonges. faut que tu y mettes du contexte, que tu donnes l'impression d'être bien, pas d'être un détraqué. (ma grand-mère.) tu dis, assez rapidement. ça pourrait presque passer naturellement. mais ça manque de consistance, ajoute quelque chose, tu réfléchis trop vite. (quand j'étais petit, je trouvais bizarre de la voir faire empailler ses chiens. d'ailleurs, ils me faisaient peur.) tu rigoles, un peu, pour accentuer l'contour de ces souvenirs que tu fabriques plus ou moins. (et puis un jour, au début d'mon adolescence, j'ai d'mandé à ma grand-mère pourquoi.. et ce qu'elle m'a dit est resté ancré en moi toutes ces années.) tu prends une profonde inspiration. dis quelque chose d'intelligent et d'touchant, surtout. (ça n'remplacera jamais mes bébés mais les avoir près d'moi m'aident à m'en souvenir et me réconforte.) naze, carrément naze. et t'as même pas réussi à y mettre les formes. t'enchaînes (j'crois que c'est pour c'plaisir là que j'me suis lancé dans cette voie. en m'disant qu'à défaut de pouvoir faire taire la douleur, je pouvais la rendre plus supportable.)

tu n'avais pas pu cacher ta surprise lorsqu'il t'avait annoncé le travail qu'il exerce. taxidermiste. tu ne t'attendais clairement pas à ça. ce n'était effectivement pas un métier très courant en même temps et tu devais reconnaître que d'une certaine manière ça te dégoûtait de l'apprendre. tu tentais pourtant de ne pas trop montrer cela tout e suite. tu ne voulais pas le juger non plus. à la place tu cherchais plutôt à comprendre comment il avait eu l'envie de faire ce métier si particulier. ma grand-mère. c'est la première réponse qu'il te donne et il semble s'arrêter là au départ. tu te dis qu'il ne peut pas juste s'arrêter à ça, mais il poursuit en te disant, quand j'étais petit, je trouvais bizarre de la voir faire empailler ses chiens. d'ailleurs, ils me faisaient peur. et puis un jour, au début d'mon adolescence, j'ai d'mandé à ma grand-mère pourquoi.. et ce qu'elle m'a dit est resté ancré en moi toutes ces années. ça n'remplacera jamais mes bébés mais les avoir près d'moi m'aident à m'en souvenir et me réconforte. j'crois que c'est pour c'plaisir là que j'me suis lancé dans cette voie. en m'disant qu'à défaut de pouvoir faire taire la douleur, je pouvais la rendre plus supportable. tu affiches un petit sourire en coin. tu ne savais pas vraiment si l'histoire te touchait dans le fond. mais tu supposais que ça pouvait expliquer son choix de carrière. d'accord, je vois. ça fait un bel hommage à ta grand-maman. tu ne savais pas quoi répondre. t'avais ce petit sourire en coin, un peu gêné. tu choisis de continuer dans ton interrogatoire pour le connaître un peu plus, et avant ce mariage à vegas, t'as eu des relations sérieuses ? t'es curieuse de savoir quel genre d'hommes c'était à ce niveau-là. prêt à s'engager ou plutôt volage.

c'est naze, complètement absurde même. ça ferait presque peur. ton récit n'a rien de convaincant et pourtant, tu t'y enfonces. t'as pas le choix. tu refuses de la laisser croire que tu fraudes, que tu mens, que tu n'es pas celui que tu prétends être. tu passes pour un mec tordu, c'est peut-être pas mieux mais au moins, ça lui donne peut-être envie de te croire. après tout, tu s'rais pas le premier à être comme ça.
devenir taxidermiste à cause de ma grand-mère, quelle pitrerie. ça t'ferait presque rire tant tu t'trouves pitoyable. à l'exercice du mensonge, pourtant, t'es plutôt doué d'ordinaire. elle gobe tes mots mais à voir son air un peu suspect, t'as l'sentiment qu'elle doute juste un peu. un peu trop, c'est déjà compliqué pour toi. (d'accord, je vois. ça fait un bel hommage à ta grand-maman.) elle est aussi gênée que toi. bravo. néanmoins, elle enchaîne. elle te pose une autre question, change radicalement de sujet. (et avant ce mariage à vegas, t'as eu des relations sérieuses ?) tu soupires, sans vraiment l'remarquer. tu penses automatiquement à la seule femme qui n'ait jamais vraiment compté pour toi. t'as l'coeur en morceaux depuis ton r'tour parce que tu sais qu'inévitablement, ta route croisera à nouveau la sienne. tu retiens ton souffle, tu lui réponds plus sincèrement cette fois (une seule. j'aurai été prêt à tout pour elle. je l'aimais comme on aime rarement.) tu parles avec le coeur, tu n'joues pas pour une fois. tu lèves tes yeux et les plonges dans ceux de jo. (mais j'la retenais prisonnière, je m'en suis rendu compte trop tard. je l'aimais comme un fou mais je savais que je finirai par la rendre malheureuse. alors je l'ai quittée.. sans même lui donner d'explications. j'ai préféré mettre un terme à tout ça avant qu'elle ne souffre.) résultat des courses, t'es persuadé de l'avoir fait plus souffrir encore. (j'm'en veux de la manière dont les choses se sont passées mais j'crois que c'est ce qu'il y avait de mieux à faire pour elle. j'en suis convaincu.) tu lui dis, une larme qui se niche au bord de ton oeil droit.

l'histoire semble particulière, quand même. pourtant tu choisis de le croire sur parole. parce qu'en fait tu ne vois pas vraiment pourquoi il te mentirait sur son travail. loin de te douter de tout ce qu'il se passe autour de toi. tu montres tout de même une pointe d'étonnement lorsqu'il annonce son métier que tu trouves pour le moins original. et pourtant, il en faut bien sur cette planète.. alors pourquoi pas lui ? tu choisis de continuer avec tes questions. t'intéressant cette fois-ci plutôt à ses histoires d'amour avant de se retrouver marier à une parfaite inconnue à vegas. t'imagines qu'il a bien dû avoir d'autres histoires avant tout ça. t'es curieuse de savoir ce qui lui est arrivé en amour. tu sais à quel point les choses peuvent être compliquées et peuvent faire du mal dans ce domaine-là, en plus. une seule. j'aurai été prêt à tout pour elle. je l'aimais comme on aime rarement. tu poses ton regard sur le sien, alors que tu sens que cette histoire le touche. au plus profond de lui. tu le sens dans sa façon de parler, ça se lit dans son regard qui semble comme pétiller alors qu'il parle d'elle. mais j'la retenais prisonnière, je m'en suis rendu compte trop tard. je l'aimais comme un fou mais je savais que je finirai par la rendre malheureuse. alors je l'ai quittée.. sans même lui donner d'explications. j'ai préféré mettre un terme à tout ça avant qu'elle ne souffre. j'm'en veux de la manière dont les choses se sont passées mais j'crois que c'est ce qu'il y avait de mieux à faire pour elle. j'en suis convaincu. tu l'écoutes sans l'interrompre une seule fois. tu hoches doucement la tête et tu le regardes droit dans les yeux quand tu lui dis, si tu penses que c'était le mieux à faire pour elle, alors tu as sans doute pris la bonne décision. tu souffles doucement avant de rajouter, cela dit, je crois que tout le monde mérite des explications pour ce genre de choses. tu ne veux pas lui faire la morale non plus, mais tu sais que de ton côté tu n'aurais pas supporté de ne pouvoir savoir ce qu'il s'est passé réellement.

parler de Leah t'arrache presque un sanglot. tu le retiens du mieux que tu peux mais tu supportes mal l'idée d'avoir pu briser son coeur comme tu l'as fait. évidemment, tu enrobes un peu les choses, tu arrondis les angles. pas la peine de dire à ta nouvelle épouse que tu as dû simuler ta mort pour disparaître et protéger les personnes que tu aimais. ça n'arrangerait pas la situation. un jour peut-être, oui, un jour tu te confieras. tu expliqueras à Jo pourquoi tu l'as choisie elle et pas une autre et pourquoi tu t'es servie d'elle et de sa naïveté pour réussir à revenir ici, à Trois-Rivières. un jour je lui dirai tout, mais pas ce soir. tu réponds à ses questions, tout en restant assez vague pour ne lui laisser entrevoir rien de trop intime. et quand elle te répond, tu vois bien que ton histoire fait écho à ce qu'elle est.. comme si elle avait vécu une situation similaire.
- si tu penses que c'était le mieux à faire pour elle, alors tu as sans doute pris la bonne décision. elle le pense, mais pas entièrement. tu sens qu'il y a un mais qui ne tarde pas à arriver. cela dit, je crois que tout le monde mérite des explications pour ce genre de choses. tu souris, faiblement. tu n'veux pas la brusquer mais tu sens dans ses propos qu'elle est blessée, elle aussi. tu l'avais déjà ressenti à Vegas quand elle avait accepté de t'épouser sans même savoir qui tu étais. alors bien sûr, tu t'étais interrogé mais tu n'avais jamais osé lui en parler directement. aujourd'hui, elle te tend une perche. tu la saisis au vol.
- comment il s'appelle ? tu fronces légèrement le sourcil. tes années de police t'ont appris à comprendre les sous-entendus sans avoir besoin de certitudes. ce visage refrogné et ses propos.. tout la trahit. je suppose que tu as vécu quelque chose de similaire, sinon, comment expliquer ce que ton visage trahit en ce moment-même ? je n'veux pas te brusquer, tu sais.. mais au jeu des questions, je suppose juste que tu te livres à ton tour. après tout, je me suis aussi marié à une inconnue. tu souris, pour rendre les choses plus douces.