AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Poster un nouveau sujet
le monde dans ta main (stanislas)
Répondre au sujet


Sierra Lannister
dream is a wish your heart makes
Sierra Lannister

✩ messages : 132 ✩ avatar : bridget satterlee
✩ crédits : genio
★ âge : 24

Sam 28 Mar - 13:34

Un silence noir et amer courrait sur l’estrade des mœurs les plus basses. Sierra, dans l’univers guindé de ses anciennes soirées à refaire le monde, se décomposait légèrement face au vide qui s’était emparé du club 83. De nouveaux établissements avaient ouverts, contraignant la populace, à se séparer en divers vices et activités. La popularité de certains et le déclin d’autres, avaient eu raison des choix des danseuses qui avaient faitt un temps, la renommée de ce lieu de culte indémodable. Or, ce soir, le club ne jouait plus de la musique, n’animait plus les sourires des plus fins stratèges et n’abreuvaient plus de luxure et d’ivresse, les hommes à la recherche de compagnie mystique. Il tournait. Mais toute sa popularité ne tenait plus qu’à un fil, tenu par les doigts titanesques d’un géant aux mains d’argent, pionnier des nuits mondaines, insaisissable et électrique. Le grand roi se faisait sinistre et capricieux. Plus qu’avant tout du moins, de ce qu’avait entendu la belle en affichant sa bouille effrontée devant son bras droit, Nova. Il flottait encore sur le bar, les effluves d’une dernière soirée décadente, breuvages qui n’avaient pas été nettoyé par l’ancienne Moëra, pourvu à la chaise électrique après que Stanislas, l’ait aperçue avec de la poudre plein le nez et les idées plus noires encore, que les siennes. Il avait fallu quitter plusieurs mois la ville mystique pour se retrouver face à l’état second de ce club où elle trônait fièrement au sommet, accompagnée du maître des lieux. Son ancienne réputation, avait pâlit de son absence mais elle découvrait finalement, que ce n’était pas la seule chose qui avait su décliner et s’essouffler. D’après les rumeurs, Stanislas Castel n’était plus que l’ombre de lui-même, dépossédé de ses plus fidèles atouts et de ses plus grands alliés. Pourtant, son nom continuait à faire frémir les audacieux et les plus aventuriers. Elle se serait attendue à un plus chaleureux accueil mais il s’avérait qu’elle avait dû prendre son courage à deux mains pour aller le confronter de nouveau, sûr et certaine, que son arrivée ne serait plaisante pour personne. La jeune femme passait derrière le bar comme si elle possédait encore un droit inéluctable et s’appropriait une boisson ambrée avant de filer vers l’étage supérieur et le bureau du seigneur. A travers le mince interstice de la porte, elle entrevoyait une lumière douce, aura imprenable qui réchauffa instantanément tous les pores de sa peau. Tobias ? Stanislas ? Elle doutait encore qu’ils se soient rencontrés dans l’au-delà. Elle poussa le battant de la porte et laissa apparaître les moulures singulières et les tapisseries reliées d’or. Les larges rideaux majestueux cloisonnaient l’espace et le grand bureau fantasque sur lequel, Sierra avait tant de fois laissé son cœur être arraché, s’étendait imposant, une immondice de paperasses sur toute la largeur et le grand fauteuil du prince, tourné vers un tableau au prix exorbitant. Ses talons ne claquèrent pas comme à leur accoutumé. Ils étaient soudain fait d’imaginaire sur le tapis longiligne. Sa silhouette élancée fila dans l’espace, s’approcha, se dressa, mais rien ne vint. A droite puis à gauche, des bouteilles vides jonchaient le sol. Ce n’était pas l’habitude de Stanislas de se laisser aller de cette sorte. Encore moins, de ne pas l’accueillir avec un mot déplaisant, une lumière carnassière dans le regard, un sourire que seul eux deux, pouvaient comprendre. Elle but plusieurs gorgées de la boisson subtilisée avant de la laisser choir sur le sol dans un grand éclat qui ne manqua pas de faire se retourner l’homme profondément concentré dans la contemplation d’une œuvre d’art d’époque. Si je m’étais attendue à un tel accueil, j’aurais retardé de quelques mois mon retour. Un maigre sourire crispa ses lèvres. Stanislas n’était plus le grand maître. Elle non-plus. C’était avec effroi, qu’elle faisait cette sombre constatation…  
Revenir en haut Aller en bas
Stanislas Castel
trust, faith and pixie dust
Stanislas Castel

✩ messages : 1219 ✩ avatar : joseph morgan.
✩ crédits :
★ âge : 41

Mer 15 Avr - 21:07


Perdu dans la contemplation passive d’une lithographie acquise chez un marchand d’art New-Yorkais, Stanislas exprimait sa crispation permanente de quelques soupirs plaintifs et avinés. Dans son fauteuil, sorte de trône aux reliefs boisés et aux enjolivures recouvertes de feuilles d’or, il attendait mollement que sonnent les douze coups. Un rapide coup d’oeil en direction de sa réserve d’alcool, large tiroir dans lequel se trouvait un nombre conséquents de flasques, lui confirma l’impensable : il était presque à sec. Bientôt l’alcool qui serpentait dans son organisme ne suffirait plus à atténuer les douleurs de son âme, la réalité s’imposerait à nouveau, désargentée du filtre idyllique conféré par l’éther. Descendre les interminables marches qui menaient à la source nécessiterait un effort qu’il jugeait d’ores et déjà insurmontable. Trois gorgées ; c’est tout ce qu’il restait pour épancher les maux, conjurer le sort. Une quantité insuffisante pour atteindre le nirvana éthylique. Il faudrait affronter les ivrognes accoudés au comptoir, les volutes odorantes et grisâtres des cigares, la vision des podiums désertés des danseuses. S’infliger un mal nécessaire pour honorer dignement une cause supérieure : massacrer son foie à grand renfort de cognac. Autrefois, en des temps immémoriaux, le club jouissait d’une réputation sulfureuse et s’était imposé, en quelques mois, comme l’un des hauts lieux de la vie nocturne de la cité. Désormais, l’endroit avait perdu son âme et seuls quelques égarés osaient encore franchir l’impénétrable porte aux reflets pourpres. Léthargique, il ne réagit au chant de la sirène, à l’appel de la succube. Tout n’était que pure fantasmagorie, le fruit de son imagination renforcé par les pouvoirs ésotériques des spiritueux. Il ne daigna pas se retourner et mettre un terme à sa méditation lorsque le son de sa voix chaude se fraya un chemin jusqu’à ses pensées. « Sierra, reine des Enfers. » Etait-ce l’heure du jugement dernier ? La chimère, présente uniquement à l’intérieur de sa boite crânienne, expirait dans une plainte languissante qui ne lui provoqua aucune sorte de réaction. Décidée à le tourmenter, elle brisa un verre sur le parquet sanctifié et il se désolait du ridicule de la situation. Il aurait préféré que surgisse le fantôme de Moëra qui lui aurait ouvertement déclaré la guerre sans autre forme de procès et l’aurait achevé d’un impitoyable coup de poignard dans l’organe vital, celui qui palpitait un peu plus faiblement chaque fois que ses lèvres s’entrouvraient pour prononcer un mot. « Tu arrives trop tard. » Confessa-t-il en se remémorant des bribes de leur histoire en suspens dont ils n’avaient pu écrire l’épilogue puisqu’elle avait, comme beaucoup d’autres avant elle, choisi de prendre la fuite. Ensemble, ils auraient du conquérir cette petite parcelle du monde et y régner tels d’implacables monarques mais, victime d’une malédiction, il l’avait regardée avec impuissance et lâcheté disparaitre dans les abysses. Toutes les personnes auxquelles il s’attachait finissaient inexorablement par s’éclipser soudainement, du jour au lendemain. Elle n’échappait pas à la règle et seule l’amertume persistait dans le creux de sa cage thoracique. « Je crois que tu devrais retourner d’où tu viens et ne plus jamais revenir. » Il était inutile de lutter contre ses propres démons, il fallait les convaincre subtilement que l’obscurité leur allait mieux au teint pour qu’ils s’empressent de retrouver leurs confortables ténèbres. « Je t’aurais volontiers proposé un verre, mais la sécheresse a fait des ravages. » Causée presque autant de dégâts qu’elle en l’abandonnant. Il agita à l’envers une bouteille désespérément vide et ferma lentement les paupières, implorait son sa folie pour qu’elle s’essouffle, redevienne une silencieuse poussière. Les images qui lui parvenaient étaient teintées d’une agréable douceur, celles des instants de gloire où le royaume était impressionnant ; sa main glissait sur sa joue lisse comme de la porcelaine et ses lèvres avaient la saveur des crépuscules d’été durant lesquels on pouvait apercevoir la mort, dissimulée derrière chaque éclat solaire, au détour du moindre virage, tout contre son visage.
Revenir en haut Aller en bas
Sierra Lannister
dream is a wish your heart makes
Sierra Lannister

✩ messages : 132 ✩ avatar : bridget satterlee
✩ crédits : genio
★ âge : 24

Mer 6 Mai - 16:23

Quelle douce vision… Son visage là, si lointain devant elle, celui auquel elle avait pensé durant sa maigre convalescence et ses longues marches sur le sable fin de l’une des plus belles plages du monde. Elle avait fermé les yeux un instant et éveillé les souvenirs lorsque les rayons du soleil mordaient sa peau juvénile. Lors de ces instants, elle croyait presque se rappeler de la douce sensation de ses doigts qui s’égaraient le long de sa joue jusqu’à sa nuque pour lui voler un baiser. C’est aussi à ce moment-là qu’elle repensait au mal qu’elle avait causé, aux mensonges dont elle avait usé, aux cœurs qu’elle avait sabotés en restant puis finalement, en partant. Sierra Lannister avait semé des graines de son mauvais karma à droite puis à gauche et avait finalement tout laissé germer pour trouver après la tornade, la floraison de ses pires dessins. Pourtant, elle n’avait eu de cesse lors de son éloignement, de se convaincre que Stanislas était mieux sans elle, entouré de sa suite de prétendantes toutes aussi jeunes les unes que les autres, toutes aussi attachées à ce qu’il leur donne une place au soleil à défaut de briller par leur propre motivation. Mais quand elle était revenue, il l’avait hantée jour et nuit, puisant jusqu’à ses rêves les plus profonds pour dévoiler son visage, lui tendre la main, lui rappeler l’émerveillement que les quelques semaines à ses côtés avaient pu être. C’était la raison de sa présence. Sierra ne savait à quel accueil s’attendre mais les ravages de son départ n’avaient pas qu’effiloché la vie de ses amis et alliés. Ils avaient également brisé l’homme qu’elle avait admiré pendant longtemps, qu’elle avait désiré ardemment, qu’elle avait voulu conquérir plus que n’importe quel trophée. Stanislas était dorénavant une maigre substance et son regard vagabond qui s’éternisait sur sa présence, ses mots murmurés comme si un voile entre la réalité et elle s’était interposé, ne cessait de créer un fossé, un vide intersidéral qu’elle n’était pas sûre de pouvoir combler. Toutes ses paroles tombaient sur le mur qu’il avait positionné entre eux. Elle haussa les sourcils, plus sûre de le comprendre. Mais Stanislas ne la voyait pas, il ne ressentait pas la chaleur qui montait au creux de sa gorge ni son cœur qui flambait dans des embardées à peine contrôlées. Il approcha ses doigts de son visage et touchait sa peau sans même qu’il ne ressente les explosions qui consumaient sa poitrine et hérissait sa chair. Enveloppe vide perdue au milieu des déchets qui s’égrenaient dans la pièce, le maître Castel en aurait presque perdu de son intérêt pour toutes les femmes qui auraient souhaité le conquérir. Mais Sierra ne l’abandonnerait pas. Elle s’en sentait incapable. Le simple fait de le voir la rendait de nouveau dépendante de sa présence, de son charisme indéniable malgré l’alcoolémie qui se lisait dans des prunelles vides où son reflet, avait bien du mal à s’y lire. Sa main attrapait la sienne avec force et de l’autre, elle le giflait violemment. Et là, tu crois que c’est assez sec ? Qu’elle lâchait tandis qu’il dressait son regard si beau vers le sien. Sa mâchoire serrée, elle ne désespérait pas de le voir recouvrer ses esprits mais étrangement, son geste n’avait pas été d’une grande aide. Pire que ça, elle se sentait soudainement coupable. Elle le haïssait pour faire battre de nouveau l’organe vital. Embrasse-moi Stanislas. Montre-moi que tu es toujours l’homme que j’ai admiré fut un temps… Sierra ne suppliait pas, jamais. Pourtant, il y avait dans sa voix comme des effluves d’un abandon jouissif, l’envie sauvage de retrouver l’homme qu’elle avait laissé derrière elle. La besoin vitale et obssessif, de lui appartenir de nouveau et qu’ils règnent de nouveau en maîtres sur la ville. Elle avait peur. Peur de l’avoir perdu à tout jamais et pour cela, elle ne se le pardonnerait jamais…  
Revenir en haut Aller en bas
Stanislas Castel
trust, faith and pixie dust
Stanislas Castel

✩ messages : 1219 ✩ avatar : joseph morgan.
✩ crédits :
★ âge : 41

Mar 16 Juin - 19:28

Un moment d’égarement orchestré par l’éther et il se retrouva, malgré lui, debout face à la succube, sa main sur sa joue porcelaine. Une force mystérieuse, peut-être celle de sa voix d’outre-tombe, l’avait contraint d’abandonner sa contemplation et de quitter son trône. -A bras le corps-, c’était la seule manière de chasser efficacement les démons. Il fallait les affronter en les regardant, droit dans les yeux et ne jamais succomber aux chants des sirènes. Il aurait tant aimé qu’elle soit réellement là mais il savait qu’elle n’était qu’une projection alcoolisée de son esprit, un fantôme du passé, le fruit de son imagination sous emprise. Son geste, qui pouvait s’apparenter à l’expression d’une tendresse sincère, était dépourvu de tout sentiment. C’était mécanique, sans saveur, indolore, comme lorsqu’on pose ses mains sur un objet du quotidien. L’hallucination tentait vainement de l’apitoyer avec son souffle saccadé et son regard irisé mais, il ne se laissait pas duper, qu’importe le réalisme du spectre. Tous les putains de souvenirs qu’il avait en commun avec la môme se mélangeaient à l’intérieur de sa tête. En silence, il se remémorait par bribes ces instants perdus. La bouteille de Pomerol 83 qu’ils avaient partagée dans les entrailles du manoir, les perfections de ses courbes, la force de sa volonté, sa voix d’ange.
Trois heures après leur première rencontre, il lui avait promis le monde, sur un plateau.
Tout ce que ses milliards pourraient lui offrir, et tout le reste qu’il irait chercher à la sueur de son front.
Il était convaincu de l’avoir trouvée, ce soir là : la perle rare, l’autre moitié d’un tout, son alter-ego, sa future reine, sa rédemption.
Taillés dans le même diamant brut.
Frappé en pleine gueule, il revenait brutalement dans le présent, cessait d’errer dans parmi les réminiscences fantasmées. Il avait fallu à peine une seconde pour qu’il retrouve son instinct primaire, animal, bestial. Le corps qui se dresse, les muscles qui se tendent, le cerveau qui reçoit le signal d’un danger imminent.
C’était un réflexe, un mécanisme de défense qu’on lui avait inculqué trop tôt : -rends-les coups-. Son père ne cessait de lui répéter ces trois maudits mots afin qu’il demeure prince, jamais bouffon. Une main autour de son bras, l’autre contre son cou, il la rejeta en arrière avec une violence incontrôlée jusqu’à ce qu’elle se brise, échoue, s’étale sur les lames du parquet entre les éclats de verre.
Juste avant sa chute, elle avait réclamé, supplié sans l’admettre, un baiser qu’il ne lui accorderait pas. Il l’observait un moment, si fragile soudainement, les mains sur le sol, tellement vulnérable qu’il aurait pu la piétiner pour la faire disparaitre à jamais.
« Relève-toi, tu vas te faire mal. » Il aurait pu lui tendre une main généreuse pour l’aider à se redresser mais elle ne le méritait pas, qu’elle soit réelle ou rêvée. Au lieu de ça, il se contentait de rire grossièrement, c’était enfin lui qui pouvait causer la peine, la douleur, la souffrance. Toutes ces sensations doucereuses qui avaient subsisté pendant des mois après son départ et avec lesquelles il avait fallu apprendre à vivre. « Tu te souviens de ce que je t’avais dit Sierra ? » La blessure était encore béante et il refusait d’être le seul à souffrir, pour deux. « ...de ne pas jouer avec moi ! » Il attrapait une première bouteille vide, puis une seconde, et une troisième et il les projetait dans sa direction. Elles se fracassaient bruyamment contre le mur, le sol, et le mobilier, disparaissaient en une centaine d’éclats transparents et tranchants. Il bouillonnait de rage, de colère, de fureur, ne comprenant pas comment elle avait osé partir sans un mot, cracher sur les promesses qu’ils s’étaient faites dans le creux de l’oreille. Elle avait partagé ses draps et il s’était tapé sa meilleure copine en gage de sa bonne foi, il lui avait parlé de son père, avait dessiné les contours de la place qu’il voulait qu’elle occupe : à ses cotés. Elle aurait du être à lui.
Obsessionnel, possessif, ivre d’amertume, il s’approchait de celle qui avait perdu ses attributs de reine en l’abandonnant. « T’étais dans mon pieu, y’a un an de ça, à me faire de belles promesses. Je pensais que tu étais une fille exceptionnelle mais tu es exactement comme toutes les autres... » Il chassait du pied des tessons de bouteille et s’abaissait à sa hauteur, son menton en équilibre entre son pouce et son index. « J’ai rien à prouver à une pétasse déloyale. » Elle ne l’admirait plus et réciproquement, ils étaient finalement en accord sur ce point. Et il la regardait avec insistance, jusqu’à saisir qu’elle était faite de chair et d’os, il sentait les battements rapprochés de son coeur contre sa carotide, son souffle sur sa main. Elle était réelle. Elle était là. Elle était peut-être même revenue pour lui.
Troublé par sa prise de conscience, il la lâchait subitement, se relevait, lui tournait le dos et prenait une brève inspiration avant de prononcer sa sentence, sans appel. « Pars. »
Revenir en haut Aller en bas
Sierra Lannister
dream is a wish your heart makes
Sierra Lannister

✩ messages : 132 ✩ avatar : bridget satterlee
✩ crédits : genio
★ âge : 24

Sam 25 Juil - 13:54

Sierra savait qu’elle méritait sa colère, sa rancœur, ses excès de rage. Plongée dans la noirceur d’un regard qui aurait pu la terrasser sur place, elle restait loyale à ses manies et le défiait sans conteste en dressant un menton fier mais déjà épuisé par celui qui avait été tant et qui n’était finalement plus. Au commencement d’une histoire brève mais poignante, il avait été un allié de poids, un véritable radeau, une étoile scintillante qui avait illuminé ses pas. Elle avait reconnu ce jour-là qu’elle pouvait finalement s’attacher à quelqu’un d’autre qu’à sa propre personne. Emportée, radieuse mais obsessive, Sierra n’accordait rarement sa confiance et préférait se montrer cruelle pour que jamais, on n’exerce un poids sur sa vie et qu’elle en devienne la sotte dépendante qui se lambinait aux bras des autres pour exister. Mais Stanislas, qui avait été au début, un simple défi, un nouveau jeu, un challenge alléchant, avait finalement retourné la situation lorsqu’il s’était soudain ouvert. Elle avait lu des horreurs sur lui et entendu bien pire dans les longs couloirs de la sororité qu’elle occupait au rang le plus élevé, au titre de reine, intouchable et incontrôlable. La princesse du feu et du sang avait rengainé sa fougue et lui avait offert l’espace de ses bras en croyant qu’elle résisterait à ses propos entêtants et au doux rêve qu’il projetait sur son chemin médiatisé. Il lui offrait une place au soleil, un endroit où elle compterait, un enclos où elle conquerrait. Le lien avait été des plus malsains. La seule personne qui l’avait considérée et admirée de cette même manière était son père et Stanislas avait su prendre la relève. Plus que familial, elle était d’ordre affectueuse. Une connexion qu’elle avait rejeté malgré la libération qu’elle ressentait à chaque fois que ses lèvres rencontraient les siennes et que leurs rêves se mêlaient en espoirs fébriles mais atteignables. Mais Sierra lui avait tourné le dos, à lui et toutes les personnes qui avaient décidé de lui offrir une infime partie de leur âme. Elle avait tout jeté au feu et après avoir brûlé les maigres souvenirs qui l’attachaient encore à cette ville maudite, elle avait couru dans le lointain et s’était mêlée aux cendres d’une solitude qu’elle avait elle-même créée. Sierra s’était perdue en chemin. Elle n’avait jamais su ce qu’elle ressentait, jamais compris si le maître Castel n’était qu’un jeu parmi tant d’autres. La royauté lui avait fait perdre la tête, la vengeance et les mensonges avaient eu raison de sa logique et de son incroyable self-control. Mais sur une plage abandonnée, dans le firmament exotique des horizons brûlants d’Afrique, elle avait ressenti le vide le plus vaste qu’elle n’avait jamais connu jusqu’à présent. Stanislas lui manquait terriblement. Un océan de doutes avait pris possession du cadre paradisiaque où elle s’était échouée et elle avait finalement fait ses valises. Lorsqu’il agrippa son bras et qu’elle s’écrasa au sol, Sierra ne le maudit pas, n’haussa pas le ton et n’hurla pas. Courageuse et brave autant que sa famille avait pu l’être, elle ne se donnait pas en spectacle, jamais. Au lieu de ça, elle se laissait choir dans le chaos du grand roi et brisait sa chair des éclats qu’il lui envoyait. Le verre qui coupait ses membres n’étaient rien contrairement au mal qu’il infligeait au plus profond d’elle-même, dans un cœur qui n’avait jamais semblé battre mais qui tambourinait bruyamment à présent. Le mécanisme venait de se ré-enclencher et avec lui, l’espoir fugace qu’elle changerait leur destin broyé par son inconscience. Alors c’est donc ça. Pour la première fois, tu remarques enfin que tu n’as pas l’ascendant sur l’une de tes proies, que le monde ne tourne pas autour de toi, que je suis indépendante et que ça te crève de l’intérieur de reconnaître que tu n’as aucun contrôle et pouvoir. Tu penses offrir la terre pour que je t’appartienne. Tu n’étais pas honnête Stanislas. En m’offrant la lune tu voulais que je te sois dévouée comme un pantin de verre facile à manier, toujours à tes côtés pour ton propre égo personnel. Les mots crachés n’avaient pourtant aucune notion de suffisance. Elle lui lançait ce que tout le monde pensait tout bas malgré la peur des représailles. Stanislas avait peur de l’abandon et donnait tout pour obtenir l’ascendant, le plus terrible des retours. S’il voulait la conquérir, il faudrait qu’il admette un jour qu’elle serait sienne lorsqu’il la concevrait libre. A lui sans jamais toutefois, pouvoir la maîtriser. Mais Stanislas Castel était encore loin de concevoir une telle chose. Son visage à quelques centimètres du sien, elle aurait aimé le repousser et lui montrer sa splendeur pour ne jamais oublier qu’avant de pouvoir la mettre dans un écrin, il faudrait tailler le diamant brut. Je suis revenue pour toi Stanislas, n’en doute pas. Qu’elle lui disait, son souffle chaud sur son visage. Sa colère était intense et dévastatrice. A tout moment, elle savait qu’il pourrait lui faire bien de mal. Mais les maux ne seraient que physiques. Jamais il ne pourrait la faire flancher comme il l’avait fait avec Moëra Carter. Non ! Qu’elle grondait devant lui alors qu’il lui demandait de partir. Elle se dressait enfin, haute sur ses talons vertigineux, impressionnante. Une mâchoire crispée pour toute marque de défense. Tu es seul Stanislas. Tu as causé la perte de ton royaume pour nombre de raisons mais j’étais loin d’être l’unique. Sierra agrippait son bras, passait une main sur son visage, possessive addiction, deux regards qui se chevauchaient en une seule et même envie qu’ils ne s’avoueraient plus aujourd’hui. Je ne tournerai plus les talons. Tu n’étais pas la raison de mon départ. Mais bien celle de mon retour. Si tu me tournes le dos aujourd’hui alors tu seras perdu à tout jamais. Les mots étaient doux, presque apaisant. Sa cruauté n’avait de sens que si elle pouvait s’exercer sur quelqu’un de malléable. Mais Sierra était d’une honnêteté à toute épreuve et son regard le prouvait. Il était droit et ne cillerait pas. Pardonne-moi.  
Revenir en haut Aller en bas
Stanislas Castel
trust, faith and pixie dust
Stanislas Castel

✩ messages : 1219 ✩ avatar : joseph morgan.
✩ crédits :
★ âge : 41

Lun 2 Nov - 23:30

Le visage de la poupée abimée glissait entre ses doigts, elle aurait pu être invulnérable à ses cotés mais elle avait décidé de prendre le large, de lui tourner le dos, d’aller seule à la conquête d’un monde trop grand pour elle. Elle avait les armes pour soumettre les étudiants de l’université du coin mais pas la carrure pour imposer son autorité au-delà de ce studieux microcosme. Les minutes s’égrenaient et il ne parvenait pas à quitter l’ambre hypnotique de ses yeux, le temps était paralysé, piegé dans un flottement lourd et cotonneux. Pourtant sa voix injurieuse était pareille à un souffle de vie, elle était plus addictive que tous les millésimes liquides qui dévoraient son foie. « Tu n’as jamais été l’une de mes proies. » Il rectifiait avec intransigeance et maintenant la pression de sa main contre sa joue. Des gamines, de la chair fraiche, des brebis égarées, il en avait maltraitées un nombre considérable. Son tableau de chasse s’apparentait à une liste infinie de mômes corrompues par l’appel des dollars, attirées par le portail majestueux d’un manoir impénétrable, désireuses de saisir l’essence du mal. Sierra n’avait jamais eu son nom sur cette liste sordide, il l’avait sacrée reine avant le lever du jour, l’avait traitée avec tous les égards, lui avait offert sa confiance et quelques unes de ses plus profondes blessures. Elle s’était tirée avec ! Vers un ailleurs, sans se retourner, sans prévenir, sans un mot. Peut-être qu’il n’était pas honnête, mais elle était lâche. « Pourquoi t’es là si j’ai aucun contrôle, aucun pouvoir ? » La discrétion des puissants, son père lui avait appris que le pouvoir était pareil à l’argent : plus on en a, moins il est nécessaire de l’étaler au grand jour. Jamais, il n’avait eu besoin de prouver sa domination, de faire les gros titres ou de s’investir en politique. Il s’était forgé une légende et elle s’entretenait toute seule, par les rumeurs, les murmures, quelques oeillades, le rendait chaque jour un peu plus redoutable que la veille. « Je ne voulais pas que tu m’appartiennes mais que tu sois à mes cotés. La seule personne malhonnête c’est toi. T’avais promis de ne pas te défiler, promis d’être à mes cotés si je l’étais du tien. » Il ne s’apitoyait pas sur son sort, la blessure avait eu le temps de cicatriser, endolorie par l’alcool mais il était déçu de s’être tant fourvoyer sur son cas. Il avait tout misé sur elle, guidé par un instinct mystérieux, quelque chose qui vient des tripes, qui avait su écorcher un morceau de son âme. Une belle connerie. « Tes paroles valent pas mieux que ton cul. » Il refusait de porter le chapeau, d’avouer une culpabilité imaginaire. Pour la première fois de sa vie, il était la victime, blanc comme neige.
Il n’arrivait plus à différencier la sincérité du mensonge. Entre les éclats de verre, elle implorait pour sa rédemption dans une tentative vaine. « T’es revenue pour toi, parce que tu t’es rendue compte de ce que tu avais perdu en te barrant. » Juste un peu d’honnêteté, c’est la seule mélodie qui aurait pu l’apaiser. Désormais, il voulait qu’elle parte, qu’elle retourne dans les ténèbres qui l’avait emportée quelques mois auparavant et qu’elle y reste. Sauf qu’elle s’opposait à cette conclusion, elle espérait que le trône qu’il avait autrefois érigé pour elle soit encore là, quelque part. Dans les entrailles labyrinthiques du manoir, au détour d’une promesse à sens-unique. « Ce n’était pas une question, je vais me passer de ton avis. Je veux que tu dégage de mon club et plus généralement de ma vie. Tu l’as dit toi même, je suis seul et le royaume tombe en ruine. Il y a plus rien pour les croqueuses de diamants dans ton genre. » Il s’était levé, lui tournait le dos, attendait d’entendre l’écho de ses talons trop haut s’éloigner mais elle s’agrippait fermement à son bras. Se raccrochait à des souvenirs qu’elle avait piétinés, abimés, dont il ne restait presque plus rien. Il était ivre, tombé dans les tourments de la bouteille mais elle était désespérée, littéralement écorchée vive. « Tu saignes. » Il se foutait de ses belles promesses, de ses mises en garde, de ses prédictions mortelles. Sans lui à ses cotés, elle ne connaitrait pas un destin plus réjouissant. Elle aussi sera perdue à jamais. Il avait des entailles sur ses cuisses, ses avant-bras et une plus profonde sur la paume de sa main. Elle s’était relevée précipitamment, s’appuyant sur un éclat de verre acéré à l’impulsion d’une parole qui l’était tout autant. « Non. » Il portait sa main ensanglantée jusqu’à ses lèvres pour en stopper le ruissellement, grisé par la saveur de sa peau, réminiscence doucereuse d’un hier gravé dans sa chair. « Le pardon ça ne se réclame pas. Si tu veux que je te l’accorde, mérite-le. » Il relâchait sa main blessée et dégageait celle qu’elle avait impunément posée sur sa joue. Ses rétines sombres dans les siennes, il voulait la croire, lui laisser cette fameuse deuxième chance, voir une lueur de sincérité ses pupilles écarquillées. « Tu pourrais au moins chialer, verser une larme, qu’on y croit. » On aurait dit une ultime provocation pourtant il aurait vraiment aimé que pour une fois, on se batte pour lui, à cor et à cri, avec du sang, des larmes, une bonne dose de tragique. Sans doute qu’elle était trop fière pour ça, que même face à lui elle n’était pas prête à baisser la garde, à rendre les armes.
Alors, il décidait de le faire à sa place.
De la pousser, une fois encore, à rompre ses belles promesses. Pour mieux l’achever par la suite.
« Prouve-le, que tu ne tourneras pas les talons. Engage-toi. » Sans la quitter des yeux, il attrapait dans le fond de sa poche un épais trousseau de clés, en décrochait une, reconnaissable entre mille. Une clé ancienne, un peu rouillée, érodée par les effets du temps. Elles étaient nombreuses à l’avoir effleurée du regard sans jamais avoir l’opportunité de la saisir. Pourtant, il la déposait au centre de sa paume, la recouvrait de son poing. C’était mieux qu’un simple trône, c’était le royaume tout entier qu’elle tenait entre ses mains. Les clés de l’enfer. Les clés du manoir. « Mais si un jour tu décides de te barrer, j’espère pour toi que ce sera loin et définitif. » Il était encore temps de tout lâcher, de faire demi-tour, de disparaitre dans la nuit, de le laisser croire que cette entrevue n’était qu’un mirage fantasmé par l’alcool.  
Revenir en haut Aller en bas
Sierra Lannister
dream is a wish your heart makes
Sierra Lannister

✩ messages : 132 ✩ avatar : bridget satterlee
✩ crédits : genio
★ âge : 24

Dim 3 Jan - 18:26

La réponse à sa question était aussi évidence qu’une seule et unique étoile au centre d’un ciel noir de suie. Mais elle ne prononcerait pas la réponse qui lui offrirait son cœur et lui montrerait que peut-être avec ses aveux, rien ne pourrait plus jamais être acquis. Sierra pouvait se targuer d’avoir ouvert le cœur du grand maître mais elle ne pouvait pas se vanter de le connaître comme ses plus proches disciples, comme sa meilleure amie Amber ou bien comme les hommes qui avaient passé d’illustres années à ses côtés. Elle ne connaissait que l’homme qui l’avait dévorée du regard la première seconde, que l’ambitieux et le ténébreux puis l’intimidant et finalement, quelqu’un de doux et de sincère, brisé de l’intérieur. Elle avait vu ces facettes de lui mais les avaient lues comme si le livre de sa vie avait défilé un peu trop vite sous ses yeux. Ils n’avaient traversé aucune tempête ni avaient pris véritablement le temps de se découvrir et comprendre ce lien qui les unissait. Peut-être qu’au bout de quelques mois, il se serait lassé d’elle. Peut-être qu’au bout d’un temps, elle aurait compris qu’il était bien différent de cette personnalité égocentrique qu’elle adorait faire plier pour peu qu’elle le provoque plus que la moyenne. Alors était-elle vraiment prête à lui souffler les mots qui la hantaient depuis son retour ? L’aimait-elle vraiment ? Avait-elle vu grandir des sentiments plus importants que l’addiction au pouvoir ? Oui, elle en était profondément convaincue. Mais que lui apporteraient ces mots à l’instant si ce n’est de la fragilité et d’être considérée comme l’une de ces sottes qui se livraient trop vite ? Comment me blâmer alors que tu m’ouvrais les portes de ton royaume après une nuit seulement à tes côtés ? Comment pourrais-je croire quelqu’un avec une telle réputation ? Quelqu’un qui a aimé puis avilit ces mêmes femmes ? C’était petit, même venant de sa part. Mais elle se raccrochait à ces frayeurs nées de tout ce qu’elle avait pu lire sur lui. Au moins une chose qui les séparait totalement : Sierra n’avait jamais octroyé sa confiance à quiconque. Nova était une exception parmi la plèbe mais ça, elle ne l’avait aussi compris que bien trop tard. Tu t’éprends de femmes à caractère mais quand elles ne se montrent pas faciles et malléables, tu les hais de tout ton cœur. N’est-ce pas illogique ? Qu’elle lui crachait au visage comme pour lui montrer toutes les discordances de son discours et de son attitude. Il indiqua le sang qui coulait encore de la chair martyrisée mais elle s’en fichait à présent. La douleur était amorphe, loin d’égaler ce que son cœur ressentait à l’instant. Elle avait mal de le voir ainsi, mal de comprendre qu’elle avait encore trahi quelqu’un qui finalement, n’était que la victime. C’était ce qu’elle faisait de mieux d’ailleurs. Ne jamais s’attacher, ne jamais reculer, fuir et briser pour éviter qu’on lui arrache le cœur. Il demandait encore des preuves et des promesses mais elle ne put relâcher une seule larme bien qu’elle baignait déjà ses ambres lumineux pour la trahir. Les tremblements reprenaient vivement, s’emparaient de ses mains qui s’accrochaient à lui comme à un radeau de sauvetage. Elle se rappelait de ce que son père lui avait enseigné : toujours être indépendante, ne jamais attendre quoi que ce soit de personne et la voilà qui suppliait comme une idiote de plus sur la liste longue comme le bras des pleureuses qui avaient vécu sous le joug du maître Castel. Là-bas, j’ai pensé à toi chaque jour Stanislas. Qu’elle souffla entre ses lèvres pour lui avouer à demi-mot la dépendance qu’elle avait accueilli tout en la repoussant des mois durant. Mais avant qu’elle n’achève sa confession, il déposa dans sa paume les clés du manoir, un objet métallique sans importance mais qui était comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Un destin pur et simple entre ses doigts, qui cliquetait aussi rigidement que les coups dans sa poitrine. Les tremblements reprirent avec plus d’intensité encore. Si je prends ces clés, je veux en échange que tu redeviennes l’homme qui m’a séduite la première fois que je l’ai vu. Je veux que tu me promettes que tu reprendras ta place Stanislas. Car c’est cet homme là que je… Elle ne put poursuivre sa phrase. Les mots s’entrechoquaient dans sa tête, dans sa mémoire. Alors elle laissa claquer les clés sur le bois du bureau ravagé et fondit dans ses bras, dans une étreinte passionnelle. Son corps était tendu. Il ne savait probablement pas s’il devait l’accepter ou la repousser encore mais elle serrait davantage sa poigne contre lui pour ressentir son cœur battre à l’unisson contre le sien…  
Revenir en haut Aller en bas
Stanislas Castel
trust, faith and pixie dust
Stanislas Castel

✩ messages : 1219 ✩ avatar : joseph morgan.
✩ crédits :
★ âge : 41

Sam 20 Fév - 5:26

Bientôt elle manquait d’arguments, chassait du revers de la main les questions trop fâcheuses, elle ignorait tous ces points d’interrogations susceptibles de gifler sa fierté. Il soutenait ses rétines mordorées et gonflées d’assurance afin d’y déceler l’ombre d’une faille mais l’ivresse troublait sa vision, altérait ses sens. Il avait commencé à boire pour oublier, il avait continué par ennui. Au fil des mois, il s’était persuadé que la bouteille était une alliée fidèle, il pouvait compter sur elle à toute heure du jour et de la nuit, étancher sa soif, sa peine et sa colère d’une simple gorgée salvatrice. Puis, il avait fallu doubler les doses pour obtenir l’effet apaisant de l’éther, celui qui calme les maux, endort les blessures, fait taire le manque. Stanislas n’aimait pas particulièrement la solitude mais il avait été contraint et forcé de l’épouser pour échapper au scandale d’un père escroc. Depuis, il n’avait eu cesse de vouloir la remplacer par une femme, que l’on peut étreindre et serrer contre soi, mais toutes s’étaient enfuies avant qu’il n’ait eu le temps de faire tomber le masque. Ce costume qu’elle lui reprochait de porter continuellement, celui de l’enfant-roi capricieux et lâche, du monstre cruel et fourbe, du Don Juan qui manipule et brise. « Je ne te blâme pas de ne pas m’avoir fait confiance, seulement de t’être barrée sans un mot. » Elle aurait pu mettre un terme à leurs promesses sordides, revenir sur ses engagements ou même lui envoyer une carte postale mais Sierra avait préféré fuir sans se retourner, sans dire au revoir. Dans sa fuite, elle avait piétinée tous les espoirs qu’il avait placés en elle. Le champ des possibles réduit en cendres ! « Je m’éprends ? » Il répétait avec mépris, complétait sa question rhétorique d’un rire étouffé. Jusqu’ici et aussi loin qu’il s’en souvienne, il n’était jamais tombé éperdument amoureux. Elles ne lui en avaient pas laissé le temps. Il aurait pu, tomber sous le charme de Sierra, en faire la reine de sa tragédie personnelle, mais comme toute les autres, elle avait pris le large pour ne pas risquer une irrémédiable blessure en travers du palpitant. « Tu veux savoir ce qui est illogique ? » Son menton délicat en équilibre entre ses doigts, il l’obligeait à redresser davantage son visage dans sa direction, à affronter une vérité qu’elle n’était pas prête à entendre. Quant à lui, il n’avait plus la patience de la ménager, de chasser ses doutes et de murmurer au creux de son oreille des promesses auxquelles elle ne croirait pas. « Tu me reproches mon attitude envers les femmes alors que le vrai problème c’est toi. Tu joues les dures, tu prétends avoir du caractère parce que tu as terrorisé une petite université de seconde zone, mais en vérité Sierra, t’es une gamine perdue et morte de trouille ! » Elle tremblait comme une feuille morte livrée aux quatre vents et, si cette fébrilité aurait pu le toucher autrefois, il s’en servait aujourd’hui comme d’une arme pour l’atteindre, la blesser, la faire vaciller encore davantage. « Et moi ici, j’ai essayé de t’oublier. » Il l’interrompait brutalement, s’agaçait de ses minauderies. Peut-être qu’elle disait vrai, qu’il avait été la première personne à laquelle elle pensait le matin et la dernière à laquelle elle rêvait le soir mais, elle avait gardé tout ça pour elle, s’était volontairement coupée du monde.
Il lui avait promis la lune sur un plateau précisément pour qu’elle ne disparaisse pas du jour au lendemain, comme toutes les autres. Son plan n’avait pas fonctionné pourtant, il refusait d’abandonner, de s’avouer vaincu, de renoncer à ces promesses rares qu’il lui avait susurrées en y croyant dur comme fer. Il lui fallait prendre un risque supplémentaire afin de lui prouver qu’il était prêt à lui tendre à nouveau la main à condition qu’elle la saisisse cette fois. Les clés du manoir, au centre de sa paume délicate étaient pareilles à une seconde chance à double-tranchant. Si elle le décevait une nouvelle fois, disparaissait dans la nature, il l’exclurait définitivement de son existence, tracerait une croix rouge et indélébile sur son joli visage qui lui avait fait détourner le regard le premier soir.
Enfin, elle l’avait ! Son destin entre les mains.
Son corps était traversé de tremblements qui redoublaient d’intensité à mesure que s’égrenaient les secondes et que, doucement, l’étau se resserrait autour d’elle. Dans une vaine tentative de rétablir les scores, d’être sur un pied d’égalité, elle osait une négociation ridicule. Mais elle était trop chamboulée pour la mener à son terme parce qu’elle ouvrait les yeux sur ses sentiments, cessait de se mentir à elle-même, découvrait son oppressante vulnérabilité. Bientôt les mots lui manquait, l’inavouable prisonnier à la commissure de ses lèvres, les phrases et les amours en suspens... « L’homme que tu aimes ? C’est ça que tu voulais dire ? » Il l’obligeait à se conforter à la vérité, à la regarder en face, à être cette femme forte qu’elle prétendait être. Il aurait du être sensible à son désarroi, à tout cet amour qu’elle lui offrait à demi-mot mais il était imbibé d’alcool et la rancune était tenace. Alors, il se contentait de la serrer dans ses bras avec vigueur, de la rassurer d’une étreinte solide ; de lui prouver par le geste qu’il ne la laisserait tomber à condition qu’elle remplisse sa part du marché. « Je ne te ferai aucune promesse ce soir. Tu prends ces clés ou tu t’en vas. » Intransigeant, il voulait qu’elle saute dans l’inconnu, prenne le risque de ne pas se relever... qu’elle prenne la mesure de ce qu’il lui offrait. Ce n’était pas seulement une petite clé métallique, c’était une seconde chance, une preuve de sa capacité à pardonner, à tourner la page et sans doute, à aimer en retour. Lentement, il se dégageait d’elle et reprenait place dans son fauteuil pour avoir tout le loisir de l’observer, avec un peu plus de distance, de percevoir tous les mots qu’elle ne disait pas mais qui transparaissaient sur son visage, dans ses pupilles brumeuses, le long de ses mains tremblantes, contre son coeur survolté, à la commissure de ses lèvres qui rêvaient d’un baiser qu’il ne lui avait pas accordé. « Je t’interdis de pleurer... » Elle était à deux doigts de flancher et il poussait le vice, encore plus loin, pour qu’elle ressente un peu de cette douleur qu’elle avait causée en partant. Du revers de la main, il balayait les clés de la surface du bureau pour qu’elles viennent s’écraser au sol, juste à ses pieds. Première leçon, il fallait qu’elle se saisisse des opportunités au bon moment, qu’elles s’en empare lorsqu’elles étaient à portée de main, qu’elle ne laisse pas passer sa chance sous peine de devoir faire un effort supplémentaire, de céder davantage de terrain, de dignité et d’amour-propre.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



Revenir en haut Aller en bas

le monde dans ta main (stanislas)



Page 1 sur 1 ~

 Sujets similaires

-
» (lars) - les rois du monde
» (Xavier) - coeur de pierre, ensemble contre le reste du monde

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
TOC :: Je viens du Sud. :: Val Maurice. :: Club 83.-