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le bal des fous (blake)
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Deven Grant
dream is a wish your heart makes
Deven Grant

✩ messages : 129 ✩ avatar : Douglas Booth
✩ crédits : millésime
★ âge : 34

Jeu 23 Avr - 18:46

La ligne de conduite à suivre était souvent floue et dérisoire. On l’appliquait sur les visages et les cerveaux qui fuyaient la normalité par peur de ce que le monde aurait pu devenir si on envisageait l’envers du miroir. La société parquait les âmes aventureuses dans des boîtes, cloisonnait les libertés de chacun, traçait des traits imaginaires et des contours pour enfermer. Ils étaient larges, permettaient les mouvements et les élans d’allégresse mais la folie était si grande, qu’elle dépasserait les barrières instaurées. Et Alan attendait bien sagement derrière les quatre murs. On appelait cette zone, le confort, la certitude, la conscience, la confiance, la solidité. Alan voyait plutôt cet endroit où tout le monde s’affirmait au gré de sa vie, comme le paradis des abrutis, le bien, enveloppé dans un verre cristallin qui résonnait des mêmes sons sans cesse. Le bien, bordé par la sécurité mais l’illusoire, charmé par l’ennui, éreinté par sa routine. Mais si on tapait sur les bords de ce monde cloitré, on montrait le visage d’hommes comme celui d’Alan, ceux qui étaient aux abords des deux réalités, qui pouvaient à tout moment, briser et détruire, emmener ces gens de l’autre côté, s’en servir, transformer la couleur du cœur de rouge à noir… Mais certaines personnes n’avaient jamais eu la curiosité de passer le miroir ; Certaines personnes étaient folles à lier depuis la naissance, avait constaté en un claquement de doigt que ce monde ne leur convenait pas et ils avaient sauté de la falaise pour atteindre directement l’autre rivage. A leurs risques et périls. Mais ils étaient libres. Du moins, c’est ce qu’ils pensaient. Alan était l’homme qui enfermait les esprits vagabonds quand il était sûrement le grand roi des fous et de la manipulation. Il faisait la part belle à l’ombre et la lumière, jonglant avec les deux côtés de cette balance d’une facilité déconcertante. Il était vu comme un juste, un bon, un homme loyal et de confiance. De l’autre côté, on le voyait comme un traquenard à lui-seul, un homme calculateur et bien plus dangereux qu’un gangster et son arme à la main. Alan était celui qui caressait et celui qui frappait. Et il décidait de quel côté resteraient les âmes damnées, leur passé, leur présent, leur avenir. Son regard se dressait vers le corps recroquevillé de la blonde la plus sauvage qu’il n’avait rencontrée. Harnachée pour éviter qu’elle ne se jette sur lui comme la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, il tapotait sur son calepin avec son stylo comme un véritable professeur. Or, il se jouait d’elle. Ce simple son sur le carnet quand elle était entièrement attachée, pouvait rendre fou n’importe qui. Blake, je répète. Comment considères-tu ta relation avec ton mari ? Dirais-tu qu’elle a empiré tes pensées destructrices ou étaient-elles déjà présentes ? Alan avait toujours été l’homme de la situation. Les patients lui faisaient véritablement confiance. Quant à Blake, elle était bien la seule qui l’intriguait plus que de nature. Son tempérament de feu et son envie irrésistible de jouer étaient aussi distrayants que de voir quelqu’un provoquer la mort d’une dizaine de personnes, armé d’un simple cutter. D’où vient ce besoin d’attention obsessive ? Parce que vois-tu Blake, je te vois comme une enfant. Qui a manqué de parents. Peux-tu m’en dire plus ? Cherchait-il à la provoquer ou à l’aider ? Tout cela n’était pas encore déterminé…
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Blake Richer
to infinity and beyond
Blake Richer

✩ messages : 737 ✩ avatar : suki waterhouse.
✩ crédits : ~ moi.
★ âge : 30

Mar 19 Mai - 0:01

Les yeux révulsés, la peau d’une pâleur cadavérique, les pieds et les poings liés à l’aide de solides sangles en cuir, Blake s’aveugle en regardant avec trop d’insistance une ampoule jaunâtre au plafond. Toute son attention est entièrement focalisée sur cette lumière qui fait écho au soleil, même si elle n’a pas vu l’astre, le ciel, le monde extérieur depuis six ou sept mois. La boule de feu qui éclairait autrefois ses jours lui manque, la flamme vacillante qui jaillissait d’un briquet dans la pénombre lui manque. Elle ne se souvient plus avec précision des contours du visage de son bien-aimé, elle ne saurait dire avec exactitude quelle est la nuance de ses rétines. Tout a grillé. La faute aux anxyo, aux benzo, aux neuroleptiques, aux sédatifs, à ce cocktail explosifs de pilules multicolores qu’elle doit bouffer par poignées, matin, midi et soir. La faute à l’électroconvulsivothérapie, un mot barbare pour désigner une méthode moyenâgeuse, impulsions électriques qui se déchargent directement sur ses tempes, sur ses méninges, causent des dégâts irréversibles et des résultats incertains. La faute à Werner, à Lit, qui l’ont abandonnée à tour de rôle au moment où elle avait le plus besoin d’eux. Elle ne capte plus rien, elle attend silencieusement la mort, rêve de faire une overdose de cachetons et de devenir une légende : un cas psychiatrique longuement étudié mais non élucidé. Bercée par le claquement du stylo sur son calepin, à-moitié ici, à-moitié ailleurs, la pâle copie de Freud est obligé de répéter chacune de ses questions trois ou quatre fois pour espérer obtenir une réaction de la part de sa patiente, un regard, un grognement, un majeur qui se dresse.
Docteur Alan Dentremont est une curiosité, un arriviste qui a gravit, en à peine vingt-sept piges, tous les échelons à une vitesse infernale, psychanalyste talentueux, directeur de l’institution pour zélés la plus glauque du coin, tortionnaire à ses heures perdues. C’est lui qui refuse de la faire sortir de cet endroit, lui qui ne donne pas son accord pour diminuer les doses ou desserrer les liens qui entravent ses mouvements, lui encore qui exige de s’entretenir avec Blake au minimum cinq heures par semaine, étudier sous toutes les coutures la bête de foire. « J’ai été mariée qu’une seule foutue journée. Ensuite on m’a enfermée ici. » Tous ses effets personnels lui ont été retirés, son briquet chromé, son alliance, ses fringues de pétasse au rabais. Depuis, ce sont toutes ses pensées qui sont décortiquées, analysées, étudiées, soigneusement notées dans son carnet de merde avec son stylo doré. « Si tu me libères pas, je réponds plus à tes questions. » Elle est plus docile lorsqu’elle sous perfusion de neuroleptiques sédatifs, mais aujourd’hui, c’est mercredi. Le mercredi elle gobe des psychoanaleptiques, des stimulants supposés délier sa langue avant ses entretiens avec docteur Lecter. Jusqu’ici, il n’a jamais osé lui retirer ses chaines, sûrement par peur de l’imprévisible, d’une éraflure sur sa jolie petite gueule, d’un accès de violence soudain, de perdre le contrôle. « T’as pas les couilles Sigmund ? » Dans un rire absolument inqualifiable, qui puise sa source directement dans la folie, elle bascule sa tête d’avant en arrière, agite brutalement ses mains, ses poignets. Elle l’entend, sorte de voix d’outre-tombe qui tente des théories foireuses, pense que l’origine du mal est génétique, héréditaire. Il parle de ses parents et du manque, de son besoin d’attention permanent, de ses passages à l’acte, de son penchant pour le chaos. « La thérapie familiale ça marchera pas, oublie. »  En réalité, il n’y a aucune thérapie qui fonctionne, son cas est insoluble. Des séjours en hôpital psychiatrique elle en a fait trente-trois, des toubibs, des spécialistes, des neurologues, des comportementalisme, des éducateurs canins elle en a vu des centaines, pas de résultat. Méthodes ancestrales, révolutionnaires, alternatives, aucun effet. Cachetons rouges, pilules bleues, dérivés de drogues, psychotropes verts, gris, pailletés. Zéro différence. « Prends une seringue de barbituriques si tu flippes. » Habilement, elle le met au défi d’oser la délivrer de ses chaines, peut-être qu’elle envisagera d’être plus causante, plus loquace. Faut qu’il fasse un pas vers elle ou qu’il revienne un autre jour, le vendredi par exemple. Elle est sous psycholeptiques le vendredi, elle dit oui à tout, elle fait même des phrases sensées quelquefois, juste avant de replonger dans le coma.
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Deven Grant
dream is a wish your heart makes
Deven Grant

✩ messages : 129 ✩ avatar : Douglas Booth
✩ crédits : millésime
★ âge : 34

Jeu 25 Juin - 13:15

La blonde élevait ses rétines azurs face au faciès irrévescencieux de son psychanalyste. La neutralité de son visage n’admettait aucune analyse de sa part et les paroles de la farouche et téméraire, flirtaient sur son visage pour s’éloigner en poussière comme si elle ne les avait jamais prononcées. Alan était un habitué des cas comme le sien. Il était abonné aux forcenés qui se jouaient des autres et de la vie, qui bravaient l’interdit par manque de considération et plus encore, de ceux, qui se savaient perdus mais ne voulaient pas être guérit. Dans son institut, il admettait que les cas les plus dangereux étaient ceux qui lui ressemblaient en tout point mais rares étaient ces patients et encore plus, ceux avec une gueule d’ange comme la demoiselle qui se tenait face à lui. Malgré la blancheur de son visage et les creux sous ses yeux, il plongeait dans sa beauté incendiaire en espérant que le diable se cache dans les rétines allumées en permanence malgré les médicaments pour annihiler toute présence humaine. S’il aurait pu certifier sur le champs n’avoir aucun remède pour la guérir, il la gardait néanmoins en otage dans une tour d’ivoire faite de détresse et de hurlements assassins pour le simple besoin de l’étudier et d’en faire probablement par la suite, une arme de taille dans ses activités notoirement abjectes. Son cabinet, la structure qu’il possédait, n’était que la surface visible de l’iceberg et les fous qui entraient dans son établissement favoris observaient un traitement efficace mais loin des méthodes modernes. S’ils ne coopéraient pas, ils finissaient le cerveau grillé. Son grand barbecue géant avait été interrompu par la nouvelle entrée de celle qui disposait de mille dossiers, un traitement de faveur que l’état lui avait fait. Au vu de sa condition et de son énergie débordante à rendre le monde sous un jour lugubre, il était évident, que sa veine était pratiquement céleste et que la chaise électrique ne lui avait été évitée que pour des raisons énigmatiques qui interpellaient Mr Dentremont à bien des égards. Ainsi, il avait fouillé son passif, rassemblé les visages qui lui collaient au train, les villes qu’elle avait connues et les accidents qui avaient jonché ses pas à chaque saut vers l’inconnu. Alan en avait vite déduit qu’il ne pourrait rien faire de plus que ce qu’avait déjà tenté ses prédécesseurs. En revanche, sa dernière carte maîtresse qu’il attendait patiemment depuis des années se révélait enfin. Me prends-tu pour un imbécile ? Il n’y avait aucune marque de haine ou de colère dans sa voix. L’intonation était juste, remarquablement détachée et d’un rythme contrôlé qui donnait ce ton irritable qu’on lui prêtait si bien. Alan se penchait tout en rapprochant dangereusement son visage du sien. Remets-tu en doute mes connaissances et compétences à traiter avec un cas sévère et incurable ? Blake jouait avec lui, le défiait de la libérer. En réalité, Alan n’avait pas peur d’elle mais se savait capable du pire. Pour la jeune patiente, il n’était qu’un médecin. Droit, froid, implacable certes, mais un médecin supplémentaire parmi toutes les blouses blanches qu’elle avait eu l’habitude de côtoyer et de haïr pleinement. Or, Alan était capable des pires abominations et la ligne était fine entre leurs deux destins. Heureusement pour lui, son côté calculateur l’avait toujours amené à faire des choix raisonnables pour couvrir ses pires actions. Il se dressait alors et attrapait sa crinière décoiffée pour tordre sa nuque vers l’arrière. Comporte-toi avec sagesse ou tu pourrais ne plus revoir le jour dès demain. Qu’il lâchait avant que ses clés ne teintent dans sa main d’une musique presque salvatrice pour elle. Il détachait ses poings liés et se rasseyait sur sa chaise avec une telle lenteur qu’on lui accordait bien volontiers le titre d’homme le plus maîtrisé qui soit. Blake Richer, pourrais-tu me raconter la raison de ton énième présence en de tels lieux maintenant ? Ou vais-je devoir signer la décharge qui démange tous mes prédécesseurs pour te faire pulvériser les derniers neurones qu’il te reste ? Un charmant sourire s’affichait sur son visage. Ils en viendraient probablement aux mains. Elle le maudirait sûrement et le menacerait de le brûler sur place. Mais lui, il lui promettait déjà que si elle se retenait, sa vie changerait à tout jamais…
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Blake Richer
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Blake Richer

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★ âge : 30

Mar 6 Oct - 0:16

Des professeurs émérites, des toubibs chevronnés, des spécialistes de l’esprit humain, elle en a vu défiler des centaines depuis qu’elle est gamine. Ils se pointent à son chevet avec leurs mallettes en cuir craquelé imprégné d’une odeur de médoc, leurs petites lunettes pour se donner l’air intelligent et débitent de grandes phrases, des théories fumeuses, des protocoles innovants pleins de mots trop longs et incompréhensibles pour le commun des mortels. Alan, c’est le premier qui sort du lot, qui ne correspond pas à l’image qu’on se fait du psychanalyste lambda, il n’est pas grabataire, mériterait davantage sa place en couverture de GQ que son nom en bas d’une thèse sur l’intérêt des neuroleptiques dans le traitement de la schizophrénie. Impassible et autoritaire, il approche sa belle gueule avec un sang-froid désarmant, s’obstine à l’assaillir de questions impertinentes, a renoncé à la guérir mais pas à l’étudier. « Si le cas est incurable, je vois pas comment tu pourrais le traiter, champion ! » Ils le savent pertinemment, l’un comme l’autre ; il n’existe aucun remède à ses tourments. Ce qu’il se passe là-bas, entre sa tempe droite et sa tempe gauche, c’est de la folie pure qui se distille, goutte après goutte. Et s’il est possiblement d’enrayer la machine en inoculant dans ses veines un analgésique pour équidés, la substantifique moelle du déséquilibre réapparait invariablement dans une fièvre névrotique. Les mains qui s’agitent, elle sent une colère sourde secouer ses entrailles, elle ne supportent plus les chaines oppressantes qui entravent ses poignets, les camisoles qu’on lui inflige la nuit, selon les directives du Docteur Dentremont. Le jour où elle sortira d’ici, elle s’empressa de clamer, haut et fort, les mauvais traitements subis, la cruauté de son tortionnaire et la déshumanisation de sa patientèle. Parfois elle se demande s’il est pas aussi cinglé qu’elle, parce qu’elle voit bien, dans le fond de ses rétines sans âme, le plaisir jubilatoire qu’il ressent lorsque ses semblables souffrent et agonisent. Insubordonnée et carrément vulgaire, le naturel qui revient au galop ou l’un des nombreux effets secondaires de ses cachetons du jour, elle doit répondre de ses actes comme une môme qui se fait sermonner. Elle aurait pu se prendre une gifle mais ce sont ses cheveux qu’il empoigne, tire vers l’arrière. Elle manque de lui cracher littéralement à la gueule mais le tintement de ses clés freinent son envie passagère de laver son honneur et elle ravale ce qui lui reste de fierté dans une respiration bruyante. « Avec sagesse ? Je suis reliée à des chaines en permanence, je bouffe toutes les pilules que tu prescrits sans me plaindre, tes petits soldats font toutes sortes d’expériences sur moi sans que je puisse m’y opposer. T’as vu mes bras ? Regarde putain ! » Elle hurle en lui mettant sous les yeux ses poignets mutilés par la ferraille de ses menottes, ses veines bleutées et parsemées d’infimes perforations sanglantes, celles des seringues qu’on plante quotidiennement dans sa chair. « Moi j’en peux plus de vos conneries, alors ok, si je vois plus jamais la lumière du jour mais que tout s’arrête. Je signe. » Elle y pense depuis un long moment déjà, à se foutre en l’air. Sauf qu’il a toujours une caméra branchée sur elle, un surveillant qui fait des rondes, un truc qui l’empêche d’avaler la boite complète de pilules ou de se briser les os du cou avec des draps noués, il n’y a pas d’objets contondants, même pas une fenêtre qui s’ouvre vers l’extérieur. Fébrile après cette montée d’adrénaline, le contrecoup toute l’énergie déployée, elle s’effondre. Les bras temporairement libérés échouent lourdement sur le bois verni du bureau puis, sa tête vient s’y loger. Elle voudrait pleurer mais elle n’y arrive plus, ressentir c’est au-dessus de ses forces, tout est terne, insipide et douloureux. Tout est gris. Elle est prisonnière de cet endroit, de ses chaines et de sa folie. Pour autant, il n’abandonne pas son interrogatoire et elle marmonne entre ses dents, les yeux clos, le visage enfoui dans ses coudes. « Tu crois que je m’en souviens ? T’as qu’à regarder dans tes petits dossiers. Probablement que j’ai menacé de faire cramer la ville, comme les trente-deux fois d’avant. » Des crises, des coups, des blessures, des incendies criminels, des injures publiques, elle ne connait pas la liste exhaustive de ses méfaits mais suppose qu’elle est suffisamment impressionnante pour que toute la flicaille du pays l’ait dans le viseur. C’était le lendemain de son mariage, elle cherchait Werner partout et c’est Lit qui l’a trouvée, condamnée, enfermée, en priant pour que l’asile soit sa dernière demeure. Finalement, elle hausse un sourcil lorsqu’il prononce le mot -décharge-, elle sait parfaitement ce que ça signifie parce qu’elle a subit plusieurs séances d’électroconvulsivothérapie infructueuses mais exécutées selon les -règles de l’art- ; sauf qu’il a le pouvoir de tourner les boutons, de changer les paramètres, les réglages, de la transformer en coquille vide, de causer des lésions irréversibles à son cerveau, de cramer son système nerveux. Sous le poids de la menace, épée de Damoclès au-dessus de sa tête, elle garde le silence et l’implore de ses rétines mornes. « Je veux juste sortir d’ici. » Elle répète encore, c’est comme un mantra, une rengaine, un refrain qui tourne en boucle mais on ne l’exauce pas. « Et une clope... » Elle pas fumé une seule cigarette depuis son admission, elle n’est plus certaine de se souvenir du goût de la nicotine sur sa langue, de l’odeur suffocante de la fumée grise. Alors elle tend la main vers lui, mendie la dernière cigarette, celle du condamné à mort.  
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Deven Grant
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Deven Grant

✩ messages : 129 ✩ avatar : Douglas Booth
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★ âge : 34

Sam 5 Déc - 12:13

La patiente attachée, n’aurait pu faire grand mal à Alan. Mais elle s’agitait, se rebiffait, était connue pour ses talents insoupçonnés pour manipuler afin de duper et s’enfuir. Mais avait-elle vraiment l’envie de sortir de cet espace clos où tous ses excès étaient maîtrisés et où sa vie était plus précieuse qu’en dehors ? Là, derrière les grandes portes de l’institut, personne ne l’attendait. Les visites étaient aussi rares qu’un matin de Noël sous une canicule de plomb. Malgré ses tourments, Blake Richer ne voyait pas qu’elle était couvée et protégée en ces lieux. Alan veillait au grain, lui rendait des visites quotidiennes et les infirmières se prêtaient au jeu en lui accordant une intention toute particulière. Alan avait compris la solitude qui rongeait la jeune femme et par un accompagnement distinct de ceux attribués aux autres patients, il voulait l’entourer d’un sentiment de bienveillance. Pourtant, elle réfutait l’idée même de s’ouvrir aux autres et encore plus face à lui. Chaque session était une aubaine pour elle afin de se montrer consternante et grisée. Elle en profitait pour provoquer. Lorsque ses attaques répétées n’étaient pas entendues et ne provoquaient aucun effet, elle pouvait se montrer mielleuse voire charmante. Mais Alan avait depuis longtemps analysé les troubles qui l’incombaient et avait compris qu’elle le trouvait assez sot pour tomber dans les pièges sordides qu’elle lui tendait. Pour l’heure cependant, rien n’avait changé. Les mois s’étaient enchaînés et il n’y avait pas une once de progression dans son comportement. Son traitement avait été marqué par une hausse quotidienne de prescriptions bien que l’homme au sommet de la pyramide médicale ne voyait pas d’un très bon œil ce genre de thérapie. Pour lui, il fallait sortir le mal par les plus grands remèdes pour la plupart, ils étaient devenus illégaux, relégués au terme de barbarie pure et simple. Mais il adorait tester chez certains patients récalcitrants, des remèdes peu protocolaires. Ici, personne ne s’en plaignait vraiment. Les patients n’avaient pour la majorité, pas de famille pour venir se battre contre la démence du chef d’établissement. Et personne ne venait mettre son nez dans ses affaires. Incurable pour les autres. Pas pour moi. Car Alan se voyait depuis longtemps au-dessus de la masse, prodige né, génie incontestable, il avait été auditionné sur nombre de cas qui avaient prouvé l’insuffisance des méthodes traditionnels. Après être passés sous ses mains, les patients ressortaient souvent en bouillit mais inoffensifs. C’était tout ce que la société souhaitait. Blake, je te prie de surveiller ton langage. La jeune femme était de la pire espèce, éduquée d’un rien, lancée dans les méandres des villes sans aucun savoir. Ignorante de tout, elle était de la pire racaille. A ces mots, Alan aurait voulu se laver les mains comme pour effacer ses paroles qu’ils n’appréciaient pas particulièrement. Au lieu de ça et pour ne pas contenter son besoin de le mettre mal à l’aise, il resta planté sur sa chaise, aussi droit et immuable qu’une statue. Le venin de la donzelle nimbait sa peau mais n’entrerait pas dans les pores. Que cherches-tu à retrouver dehors ? Ton mari ? Ta pseudo famille ? Je crois me rappeler que ton ancien employeur t’a abandonné comme la majorité de ceux que tu as côtoyé. Je pense que tu as un trop besoin d’attention, d’être au centre du monde. C’est quelque chose de commun. Banal même. Ces deux termes employés judicieusement fit grimper l’étincelle colérique au fond des rétines de la patiente. Alan avait prononcé ses paroles comme une simple évidence mais la provocation était bien réelle. Je veux bien te laisser fumer pourvu que tu n’embrases pas cette salle. Mais tu ne sortiras pas. Vois-tu Blake, tu es prisonnière de mes mains autant que le feu l’est de toi. Alan eut un sourire carnassier. Il y avait une lueur psychotique dans ses azuréens. Elle ne comprenait pas encore le sens de ses propos mais ça allait venir et il attendait sa réaction comme un gamin devant un dessert. As-tu mal à la nuque ce matin ? Des nausées ? Mal au crâne ? J’aimerais que tu me dises si tu ressens le moindre changement. Cela aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. Il fit cliqueter son stylo et le posa sur le carnet dans ses mains comme pour attendre qu’elle lui en dévoile davantage sur les sensations qu’elle ressentait. Rien ne vint. J’ai testé l’une de nos dernières expériences. Tant que tu es inoffensive et que tu obéis, tout se passera bien. Si l’ancienne Blake surgit alors une décharge devrait te faire retomber dans l’oubli. Alan avait vraiment fait ça. Alan avait vraiment usé d’un stratagème qu’on administrait bien plus souvent aux animaux qu’à la race humaine. Maintenant elle comprenait qu’il était prêt à tout. Qu’aurait-elle pu faire face à la puce implantée dans sa nuque ? Rien. Personne ne croirait une folle comme elle. Et il était bien évident qu’il pouvait faire bien pire…
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Blake Richer
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Blake Richer

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★ âge : 30

Jeu 11 Fév - 21:35

Demain ressemble à hier, aujourd’hui est pareil à la veille. Depuis son admission dans cette maison de fous, toutes les journées ont un arrière-goût de rouille, une saveur âcre d’aspirine qui reste collée au palais, l’odeur pestilentielle et entêtante des désinfectants chimiques. Elle voudrait respirer une bouffée de fumée grise, miter ses fringues d’incandescences volatiles, se noyer dans un nuage de tabac froid et sentir la chaleur des flammes lui lécher le visage. Désabusée, elle observe de ses rétines mornes et mortes le spécialiste de l’esprit qui lui chante, d’une sérénade sans modestie, son discours fumeux, cramé, qui empeste le réchauffé ! Toujours les mêmes paroles sans saveur et sans issue. « Tu es au-dessus de tous les autres, Freud. Tu veux que je m’allonge sur le divan et qu’on cause de mon père ? » Elle l’interrompt, freine ses ardeurs arrogantes. Parce qu’il est clair que s’il était aussi doué qu’il le prétend, elle ne serait plus entre ces murs depuis belle lurette, on lui aurait décerner le prix Nobel de la paix pour avoir sauvé l’humanité du chaos que représente Blake. Sauf qu’il est aussi impuissant que ses confrères face à son cas, dépourvu de solutions efficaces, de protocoles tangibles. « Revois le sens de tes priorités, d’abord tu soignes mon esprit après s’il te reste du temps tu corrigeras mon langage. » Une piqure de rappel à son échec cuisant. Deux ans qu’on l’attache, qu’on l’abrutie en piochant au hasard dans l’armoire à pharmacie, sept-cent trente jours et zéro résultat. Elle écoute à peine les questions obscures qu’il s’évertue à lui poser, les réponses se trouvent toutes dans son petit dossier calligraphié. Il se donne un air intelligent, étale des banalités, des vérités universelles et elle désespère de devoir endurer pareille torture. « Peut-être simplement la liberté, ça te parait si incroyable que ça ? » Le temps est passé, personne n’est venue lui rendre visite ou la délivrer de cet enfer, elle sait qu’il y aura pas une foule en larmes et armée de banderoles devant la grille le jour de sa sortie. Pourtant, elle sait que l’enfer du dehors vaut mieux que celui du dedans. L’herbe est plus verte avec un briquet, une clope et la discographie d’AC/DC dans les oreilles. « N’importe où vaut mieux qu’ici. » Peut-être qu’elle taillera la route vers un ailleurs, carbonisera deux-trois coupables sur le bûcher, elle n’en sait rien, ne s’est pas projetée dans ce futur trouble. L’important ce ne sont pas les rêves qui fourmillent dans son crâne cabossé, c’est la possibilité de pouvoir les concrétiser par la seule force de la volonté sans que ses mouvements soient entravés par un fou. Voilà que le champ lexical du monde carcéral se glisse dans ses mots, entre deux virgules, trois métaphores et une pauvre comparaison. Elle éclate, littéralement, d’un rire désenchanté et frappe dans ses mains avec un mépris indécent. « Tu veux écrire un recueil de poésie ? » Peut-être que dans cet art là il décrochera un prix, une médaille ou les honneurs. La psychologie, c’est un domaine qu’il survole, qu’il regarde de haut, il se prétend médecin en réalité il n’est qu’un tortionnaire, un pauvre type avec une blouse qui teste des trucs. Lui, à une autre époque, il aurait accusé les femmes de sorcellerie, aurait ouvert des instituts pour soigner l’hystérie, aurait fait de l’ombre Josef Mengele en 44. « On voit que t’as jamais essayé de foutre le feu avec une clope, c’est plus compliqué que dans les films. Il ne faut pas croire tout ce qu’on voit. » Même en pyrotechnie c’est un looser. Il pense réellement que si elle balance vulgairement son mégot contre ses rideaux en velours la pièce va se transformer en incinérateur en trois secondes ? Si c’était si évident, les aventuriers ne mettraient pas cinq jours à faire le feu dans Koh-Lanta. Elle se retient de l’insulter davantage parce qu’elle veut son sésame nicotinique et tend le bras comme une mendiante. Pas l’ombre d’une clope à l’horizon mais il s’enquiert de son état (dont il est responsable) pour la première fois depuis deux ans et elle hausse un sourcil suspicieux. « J’ai la gerbe tous les jours. Tu crois que c’est à cause des médocs, de l’enfermement ou des deux ? » Elle ne va ni mieux, ni pire que la veille. Elle est prisonnière d’une boucle temporelle infernale et infinie. Demain ressemble à hier, aujourd’hui est pareil à la veille. Depuis son admission dans cette asile pour dingues, toutes les nuits ont un arrière-goût de mauvais rêve, une saveur âpre de déjà-vu qui reste collée dans un coin de la tête, l’odeur fétide et nauséabonde du corps en décomposition. « Je peux avoir ma clope Frankenstein ? » Elle se fiche des expériences mystérieuses pour lesquelles elle a servie de cobaye, de sa menace d’une décharge. Retomber dans l’oubli, ce serait sûrement une bénédiction, un mal pour un bien. Adieu souffrance, adieu monde cruel, adieu les amours déjà mortes.


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