c'était nola qui t'en avait parlé, bien évidemment. ton meilleur ami n'avait pas attendu bien longtemps pour te dire qu'il avait revu jasper. il semblait être ici à trois-rivières et t'avais décidé de lui écrire. parce que tu t'entendais bien avec jasper, de base. mais aussi parce que tu voulais t'assurer que rien n'allait merder cette fois-ci. nola était ton meilleur ami et tu rêvais vraiment de pouvoir les voir ensemble tous les deux. tu ne cessais de les pousser l'un envers l'autre et tu comptais bien continuer ce petit manège jusqu'à ce que les choses se fassent pour de bon. un simple message envoyé à jasper pour lui proposer un petit café en fin de journée. tu lui donnais le lieu de rendez-vous. t'avais terminé ta journée assez tôt aujourd'hui. t'étais rentrée quand même chez toi pour te changer, prendre une douche. ton métier n'était pas toujours de tout repos et ça te faisait du bien de pouvoir sentir un peu l'eau chaude couler sur ton corps. t'avais enfilé des habits simples, un peu plus léger. le soleil commençait vraiment à chauffer à trois-rivières. les températures remontaient de plus en plus et tu te réjouissais de pouvoir sortir tes petites robes pour l'été. mais pour le moment tu optais pour un jean assez léger et un petit haut blanc. tu arrivais en premier sur les lieux et tu t'installais sur la terrasse, à l'ombre d'un parasol. tu ne patientais pas bien longtemps avant de le voir arriver. jasper. il n'avait pas vraiment changé. tu te levais pour l'accueillir avec un large sourire. salut jasper, tu vas bien ? tu lui demandes gentiment tout en faisant une petite accolade. je crois que je vais faire des jalouses en m'asseyant à table avec un canon comme toi. tu lances pour plaisanter un petit peu. tu adorais le taquiner, il faut dire.

Il ne fallait qu'un seul message pour que tu prennes la fuite et quittes ton bureau. Contrairement à ce que bien des gens pourraient penser, être à la tête d'une grande maison d'édition est loin d'être de tout repos. Dès lors que ton corps franchit les portes du hall d'entrée, tu t'étires tel un félin nourri par les rayons du soleil et profites du maigre courant d'air que la saison te donne. L'hiver est bel et bien fini, et même si tu dois admettre que tu le regrettes déjà, tu accueilles l'été avec le sourire. La chaleur ambiante t'oblige à retirer ta veste et à la glisser dans ton sac-à-dos parmi les premiers jets d'auteurs en devenir. Un coup d'oeil à ton téléphone afin de vérifier l'adresse et l'itinéraire le plus rapide, et en moins d'une dizaine de minutes, tu retrouves le visage familier de la jeune femme. Emma. A force de côtoyer Nola, il était inévitable que tu fasses sa connaissance. Tes lèvres s'étirent davantage et tu t'avances pour l'enlacer rapidement. « Super, et toi ? » réponds-tu, véritablement content de faire l’école buissonnière à ses côtés. Sa remarque te fait lever les yeux au ciel malgré toi. « Dis pas de bêtises. » tu marmonnes en regardant autour de vous. À la vérité, c’est plutôt toi qui risques de t’attirer nombres de jalousies. Rapidement, vous êtes interrompus par un serveur trop aimable pour véritablement apprécier son travail. Tu laisses Emma passer commande, puis l’imites quelques secondes plus tard. Le jeune homme vous laisse seuls à nouveau. « Ce n’est pas trop difficile, à l’hôpital ? » tu demandes, alors qu’une question te brûle les lèvres. Comment va Nola ?

il n'avait pas beaucoup changé jasper. quand il s'approchait de toi sur la terrasse de ce petit café, tu affichais un large sourire à son attention. jasper te prenait dans ses bras. depuis le temps que nola t'en parlait, tu avais appris à le connaître ce cher jasper. et tu l'appréciais plutôt bien. à tel point que tu avais l'espoir qu'il se rapproche encore n peu plus de nola. mais tu savais que tu devais te montrer encore patiente pour tout ça. ne pas précipiter les choses. pourtant, tu ne manquais jamais une occasion de lancer une petite allusion à ce sujet dès qu'une opportunité se manifestait. super, et toi ? tu le regardes prendre place en face de toi alors que tu répondais, je vais très bien moi aussi. tu avais pris ensuite le temps de le taquiner un petit peu. sur sa beauté. c'était la vérité en même temps. jasper était un bel homme, mais vous ne jouiez pas du tout dans la même cours tous les deux. dis pas de bêtises. il marmonne et toi tu ris doucement. je ne dis jamais de bêtises. tu ris doucement alors que le serveur s'approchait de vous pour prendre vos commandes. tu demandais un café et tu le laissais s'éloigner alors que jasper relançait déjà la conversation entre vous deux. ce n'est pas trop difficile, à l'hôpital ? tu secoues rapidement la tête avec un sourire en coin. en vérité, c'était bien mieux en ce moment. après ta perte de vue qui avait durer plusieurs mois, t'étais vraiment ravie de pouvoir reprendre comme il faut le travail. non, tout se passe comme sur des roulettes, je suis ravie. tu affirmes avec un large sourire. passionnée par ton travail depuis des années, tu ne pourrais jamais t'en plaindre tu crois. et toi comment va ta maison d'édition ? tu demandes avec un sourire en coin.

Prendre du temps autour d’un verre, c’est tout ce dont tu avais besoin, ces derniers jours. Les manuscrits se sont empilés inlassablement sur ton bureau au cours de la journée. Tu as même pensé que la tour allait finir par s’écraser sur le sol avant même que tu ne puisses traiter celui du dessus. Tu pensais que la saison estivale allait être plus douce que la précédente : tu t’étais bien trompé. Cependant, tu ne te laisses pas accabler par la charge de travail et préfères t’accaparer quelques heures de liberté bien méritées en très bonne compagnie. Tu échanges des banalités. L’essentiel des conversations repose sur les petits détails que l’on peut chaparder à gauche à droite. Parfois, les gens révèlent plus de choses qu’ils ne le voudraient réellement. Tu as fini par l’apprendre au fil des années à écouter les auteurs te vendre leurs projets. Sa réponse te fait sourire. « Les nouvelles publications partent comme des petits pains. Tout va pour leur mieux. » Après tout, tu ne peux pas te plaindre d’avoir trop de travail. Ce serait cracher dans la soupe. « J’ai hâte de prendre quelques jours de vacances. » Peut-être que les Highlands t’accueilleront ou peut-être que Trois-Rivières te fera découvrir de nouveaux recoins que tu n’avais jusqu’alors pas pris le temps d’arpenter. Tu n’as pas encore pris de décisions. En revanche, tu n’es pas idiot : si elle te fait venir, ce n’est pas simplement pour profiter de la terrasse et de ses environs. « J’imagine que tu avais quelque chose à me demander ? » Lui demandes-tu poliment, toujours ce même sourire au coin des lèvres. Tourner autour du pot n’est pas l’une de tes qualités, c’est le moins que l’on puisse dire. Tu préfères largement foncer tête baissée, quitte à te tromper de direction, quitte à recommencer depuis le début.

les discussions commençaient toujours par des sujets bateau. des questions pour lesquelles vous ne donniez pas toujours la bonne réponse. vous cherchiez simplement à prendre des nouvelles, les uns des autres. c'était ce que vous commenciez par faire avec jasper. rien de bien intéressant au final. pourtant, tu l'écoutais quand même avec beaucoup d'attention alors que tu venais de lui demander comment ça se passait du côté de sa maison d'édition. tu ne doutais pas que c'était un domaine qui ne devait pas toujours être facile à gérer. obligé de dépendre de la publication d'un livre et de son succès pour survivre. il fallait faire des choix et les bons. et c'était toujours ça le plus difficile. dans n'importe quel métier finalement. faire les bons choix, ce n'était pas toujours possible. les nouvelles publications partent comme des petits pains. tout va pour leur mieux. j’ai hâte de prendre quelques jours de vacances. tu ris doucement face à sa dernière remarque. l'été pointait gentiment le bout de son nez trois-rivières et ça donnait forcément envie de pouvoir partir. profiter du soleil, de la plage, ou de visiter une belle ville. les possibilités sont immenses pour les vacances. tant que ça permet de vider son esprit. tu m'étonnes, tu as déjà des projets ? tu demandes gentiment. ça t'intéressait toujours les voyages. t'adorais ça. t'avais d'ailleurs beaucoup apprécié le voyage humanitaire que tu avais fait. et tu espérais pouvoir bientôt voyager à nouveau. à présent que tu avais retrouvé la vue, ça te motivait d'autant plus. j’imagine que tu avais quelque chose à me demander ? tu hausses un peu les épaules avec un sourire en coin. je ne dirais pas forcément quelque chose à te demander, non. tu commences par dire avant de rajouter, je voulais prendre de tes nouvelles et aussi savoir si tu avais revu nola ? tu posais la question un peu innocemment, c'est vrai. mais tu espérais que jasper allait pouvoir te donner quelques détails à ce propos.

Tu ne tardes pas à vouloir entrer dans le vif sujet, à vouloir connaître la raison de votre rencontre. C'est sans doute l'une de tes rares déformations professionnelles ; toujours connaître les tenants et aboutissants d'une histoire avant d'en découvrir les détails négligeables. Tu as rarement le temps de tourner autour du pot avec les auteurs, les rendez-vous s'enchaînant régulièrement les uns à la suite des autres sans te laisser le temps de respirer quelques secondes. Alors, tu lui demandes, de but en blanc, sans détour, ce qu'elle souhaite te demander. Dans le métier qu'elle exerce, tu te doutes qu'elle non plus, ne doit pas manier le scalpel à tâtons. Les gestes doivent être francs, sûrs, confiants. Afin de ne pas commettre l'irréparable. Afin de ne pas commettre la moindre erreur. Ton sourire s'éteint légèrement. Tu arques un sourcil, interrogateur. Finalement, tu étires tes lèvres à nouveau à la simple évocation de son prénom. Tu repenses à sa main se glissant dans la tienne comme une vieille habitude, comme un acte routinier, tu repenses à ta dernière visite à la ferme où tu lui as proposé de dîner avec toi, tu repenses à ce moment où vous avez partagé quelques souvenirs de ses parents. Tu repenses à lui. « Je vais bien. » tu réponds doucement. Tu marques une pause avant de parler du garçon. Tu ressens l'étrange sensation qu'en parlant de lui à voix haute, ça t'enlèverait tes fantaisies, tes rêveries éveillées. Comme si ça le ferait disparaître instantanément de tes pensées, de ton jardin secret. « Oui. Je suis allé à la ferme hier. Je m'inquiétais pour lui. » La curiosité d'Emma à son sujet te paraît bizarre. Elle aurait pu l'appeler pour avoir de ses nouvelles, elle aurait pu lui envoyer un message elle aurait pu faire le trajet jusque chez lui. Alors, pourquoi passer par toi ? « Pourquoi ? »

tu ne pouvais pas continuer cette conversation encore bien longtemps sans faire mention de nola. tu te doutais que les deux jeunes hommes avaient dû se voir et tu étais curieuse de savoir comment ça s'était passé. bien sûr, tu ne savais rien de ce que nola ou jasper pensaient de leurs côtés. mais toi, tu restais persuadée que quelque chose pourrait se produire entre eux. et tu tentais de faire de ton mieux pour les pousser dans cette direction. aujourd'hui, c'était auprès de jasper que tu tentais de mettre la pression. de lui faire réaliser peut-être certaines choses qui sait ? tu ne pouvais pas brusquer le destin, bien sûr. mais en même temps, si tu pouvais donner un petit coup de pouce dans l'histoire, tu comptais bien le faire. alors oui, tu fais mention de nola. tu voulais savoir s'ils s'étaient vu et comment les choses se sont déroulées. je vais bien. il commence par t'affirmer ce qui te fait simplement sourire et hocher la tête de haut en bas. oui. je suis allé à la ferme hier. je m'inquiétais pour lui. pourquoi ? tu continues de le regarder avec un petit sourire en coin et tu hausses un peu les épaules. comme ça, je me demandais comment ça s'était passé ? si ça te faisait plaisir de le revoir, tout ça ? tu demandes, bien trop curieuse. tu le sais. en tout cas, le fait qu'il s'inquiétait pour lui était sans doute déjà un très bon point non ? ça voulait au moins dire qu'il pensait à nola et qu'il voulait que le jeune homme soit heureux. un très bon point, selon toi. mais il te fallait encore un petit peu plus de détails dans toute cette histoire. tu voulais vraiment en savoir plus sur l'évolution de leur relation. même si elle n'avait pas encore dû beaucoup évoluer pour le moment.

Tu avais un sentiment de déjà-vu. Ces derniers temps, Nola était un sujet qui revenait souvent sur le tapis, que tu le veuilles ou non. Tu as avais déjà eu une confrontation avec Juliet à ce propos. Tu avais tourné votre conversation dans tous les sens, tu n'avais toujours pas trouvé de raison logique à ce que tu représentes une quelconque menace pour le jeune homme. Tu as bien conscience de sa fragilité en ce moment, avec la perte de ses parents et la ferme s'embrasant comme une simple torche, mais les semaines ont passé, maintenant. Le chagrin, s'il est toujours présent, il semble se reconstruire et reprendre pied. Le chemin n'est jamais simple, mais il est sur la bonne voie. Tu peux le sentir, dans sa façon d'être. Avec Emma, parler de lui ressemble moins à une menace cachée entre deux syllabes qu'à un interrogatoire. Sa question te fait hausser les épaules. « Bien. » Et encore. Ce n'est qu'un faible mot pour décrire ce moment passé avec lui. C'était la première fois que vos doigts se mêlaient pour ne former qu'une entité. Qu'un seul être mouvant. S'il bougeait, tu le suivais. Si tu le sentais perdre pied, tu le ramenais à toi avec un simple contact. Tu souris bêtement en suivant les mouvements du serveur posant les deux tasses de café face à vous. Tes yeux glissent sur la surface du liquide brun dans lequel tu ajoutes un sachet de sucre avant de le dissoudre avec ta cuillère. « Bien sûr. » que tu es content de le revoir. Sans savoir pourquoi. Sans vraiment vouloir savoir pourquoi. Sans vouloir te poser les bonnes questions. « Je me demande si je ne devrais pas y retourner demain. » Tu relèves les yeux vers elle. « Il m'a dit qu'il me donnerait un coup de main pour quelques travaux chez moi. Je ne suis pas très doué de mes deux mains, et au vue de ce qu'il a fait à la ferme, je ne pouvais pas refusé... » C'est une excuse comme une autre, après tout. « Et toi ? »

tu commençais gentiment à poser tes questions. à creuser pour en découvrir plus au sujet de cette relation entre jasper et nola. tu ne savais pas du tout ce que tout cela allait donner. mais tu étais parfaitement décidée à les pousser gentiment l'un vers l'autre. mais il ne fallait pas non plus que tu insistes trop. ton but n'était pas non plus de faire fuir le jeune homme. ce serait dommage. ils s'étaient déjà revus, ce qui était un bon point. tu affichais un sourire quand tu attendais de savoir si ça s'était bien passé. tu demandais même si ça lui avait fait plaisir de le revoir. bien. c'est la première réponse qu'il te donne, sans pour autant rentrer dans les détails. bien sûr. qu'il confirme ensuite. ça s'était bien passé. déjà un point sur lequel tu pouvais plutôt te réjouir. je me demande si je ne devrais pas y retourner demain. il m'a dit qu'il me donnerait un coup de main pour quelques travaux chez moi. je ne suis pas très doué de mes deux mains, et au vue de ce qu'il a fait à la ferme, je ne pouvais pas refusé... tu affiches un large sourire et tu hoches vivement la tête, ah oui, c'est super s'il peut te donner un coup de main pour quelques travaux, retournes-y demain pour regarder tout ça. tu affirmes, le poussant à retourner le voir, bien évidement. tu voulais que les choses bougent pour ton ami. tu voulais qu'il soit heureux, surtout. et toi ? la question te surprend, tu fronces les sourcils. bien trop concentrée sur lui et nola, tu ne captais pas tout de suite la question, tu lançais d'ailleurs, et moi quoi ? avec un petit sourire en coin et les joues rouges. tu te concentrais bien trop sur cette histoire entre jasper et nola.. clairement.

un courant d'air allant et venant dans ton esprit. nola est devenu une pensée omniprésente. comme si tu ne pouvais plus t'en détacher. depuis son apparition dans ta vie, il en a pris possession. entièrement. délibérément. comme si elle lui était due. tes lèvres s'étirent doucement en imaginant les traits de son visage se dessiner sous tes yeux. nola. quatre petites lettres que tu emmènes partout avec toi. un bien précieux dont tu ne peux plus te départir. alors, tu dévoiles tes plans pour le lendemain à emma et ne cherches même pas à t'en cacher. bien au contraire. « je n'ai pas envie de l'étouffer. » marmonnes-tu néanmoins, craignant de n'être qu'un fardeau incapable de ses dix doigts pour le jeune homme. « sans doute que l'appeler serait suffisant ? »
tête dans la lune, elle te fait sourire. « tu as fait de nouvelles rencontres ? tu as des projets ? » tu aimes parler de toi, offrir de quoi jazzer, mais tu aimes aussi entendre les ragots des autres. tu ne t'en caches pas. la curiosité est l'un de tes petits défauts. cependant, elle est bien loin d'être méchante. tu n'en joues pas pour dévoiler les secrets de tes connaissances au premier journal connu. c'est simplement pour ton petit plaisir personnel. être au courant de tout, c'est grisant. « j'ai envie de savoir ce qu'il se passe dans la vie d'emma. on a assez parler de la mienne. » lâches-tu.

forcément ça éveille tous tes sens quand jasper te parle de l'envie de revoir de nola. tu voudrais bien qu'ils se revoient tous les deux, alors tu ne peux que l'encourager dans cette direction. ce serait effectivement bien qu'ils reprennent un peu de temps ensemble. ce serait bien que les choses avancent. tu ne voulais pas non plus trop brusquer tout ça, bien sûr. mais comme jasper te mentionnait son envie de le revoir, tu ne pouvais que pousser dans cette direction. persuadée que nola serait vraiment très content de le revoir. je n'ai pas envie de l'étouffer. certes il ne fallait pas non plus qu'il se montre présent tout le temps et qu'il étouffe nola. mais en même temps, tu n'avais pas vraiment l'impression que c'était le cas pour le moment. en le revoyant une deuxième fois, tu ne crois pas que c'était exagéré. sans doute que l'appeler serait suffisant ? il rajoute ensuite et tu poses ton regard sur le sien. je ne pense pas que ce serait l'étouffer que de vouloir le revoir une deuxième fois.. mais si tu te sens plus à l'aise en l'appelant pour commencer, fais-le. tu lances avec un sourire en coin, prête à l'encourager le plus que tu peux jusqu'à ce qu'il te relance une question. tu ne comprends pas tout de suite, bien trop concentrée sur le jeune homme et son histoire avec nola. tu pourrais continuer à en parler durant des heures, tu crois. tu as fait de nouvelles rencontres ? tu as des projets ? j'ai envie de savoir ce qu'il se passe dans la vie d'emma. on a assez parler de la mienne. tu affiches un petit sourire en coin et tu prends quelques instants pour répondre. et bien, j'ai quelqu'un dans ma vie, c'est pas une nouvelle personne, je le connaissais depuis longtemps. mais les choses se sont finalement passées autrement et.. on est ensemble. tu dis avec un sourire en coin avant de rajouter, quant à mes projets, je n'en ai pas vraiment pour le moment je crois. il faut dire que tout se passait pour le mieux dans ta vie.

les confidences se font aisées avec emma. elle a cette oreille attentive et ce regard sans jugement qui te pousse à en dire toujours plus. nola a pris toute la place dans ton esprit, si bien qu'il en est devenu le seul sujet de conversation que tu juges intéressant. même ton travail a été relégué au second plan, si bien que la pile sur ton bureau n'a de cesse de s'agrandir. certains dossier logent même sur le sol. jamais tu n'as été si peu attentif aux manuscrits. jamais tu n'as laissé autre chose prendre autant de place dans ta routine. sauf lui. tu te mords la lèvre et hausses les épaules. emma n'a peut-être pas tort après tout. tu n'irais que lui rendre visite quelques minutes. juste t'assurer que tout se passe pour le mien, qu'il sache qu'il puisse parler à quelqu'un si l'envie lui prend. qu'il n'est pas seul. néanmoins, tu n'en oublies pas tes bonnes manières et offres la parole à la jeune femme. tu veux également savoir ce qu'il se trame dans son quotidien. tes mains se nouent alors autour de ta tasse de café et profitent de la vague de chaleur qui s'en émane. « tu as quelqu'un dans ta vie et tu préfères parler de la mienne ? » quelle cachotière. « dis-moi tout. comment il s'appelle ? comment l'as-tu connu ? » si l'amour n'est pas l'un de tes points forts, tu n'en restes pas moins un fervent admirateur.

tu pourrais bien continuer de parler de nola avec jasper durant des heures. afin de pouvoir creuser un peu plus dans cette histoire et le pousser toujours plus dans sa direction. mais tu savais bien que si tu te montrais un peu trop insistante sur la question, ça pourrait devenir un peu trop louche à la longue. tu n'avais donc pas vraiment d'autres choix que de commencer à parler de ta vie également. tes propres histoires. tu fais donc mention de billie qui est devenu depuis quelques temps ton petit ami. toutes les personnes qui connaissent ton histoire avec billie depuis le début avait été pour le moins surprise de découvrir que vous étiez aujourd'hui ensemble. tout le monde savait à quel point tu pouvais le détester, avant. vous n'étiez pas capable de rester plus de deux minutes dans une pièce sans commencer à vous disputer. alors forcément, vous voir en couple aujourd'hui semblait totalement fou. pourtant, on dit souvent qu'il n'existe qu'un seul pas entre l'amour et la haine. autant dans un sens que dans l'autre, tu imagines. tu as quelqu'un dans ta vie et tu préfères parler de la mienne ? dis-moi tout. comment il s'appelle ? comment l'as-tu connu ? tu laisses échapper un petit rire avant de répondre, je n'aime pas accaparer la conversation. tu commences par dire pour justifier le fait que tu avais préféré parler de sa vie avant de parler de la tienne. il s'appelle billie, je le connais par le travail. nous avons fait un voyage humanitaire ensemble il y a quelques années maintenant et ça s'était très mal passé. après ça.. on ne faisait que se disputer. mais les choses sont finalement rentrée dans l'ordre. notamment grâce à un mensonge. c'était fou, tout cela. mais aujourd'hui tu étais vraiment comblée à ses côtés.

tu détournes la conversation, car tu ne sais plus comment l’appréhender. tu ne sais plus quelques mots placés à la suite les uns des autres pour évoquer ce que tu ressens quant à nola. il est toujours là, quelque part, présent dans tes pensées, et pourtant, tu ne t'es jamais trouvé aussi dépourvu de mots que depuis son apparition dans ton existence. sale coup pour un éditeur tel que non, ou peut-être un simple coup du sort ? néanmoins, tu trouves cela bien égoïste que la conversation ne tourne qu'autour de ta petite personne, alors tu la détournes à l'intention de la jeune femme. après tout, tu es curieux de savoir ce qu'elle devient, curieux de savoir ce que deviennent ses journées, comment elles peuvent bien se dérouler. tu t'empares de ta tasse de café et la serres dans tes mains, savourant la chaleur qui se lovait entre tes paumes. le liquide brûlant ne tarde pas à parfumer ton haleine et à réchauffer tes cordes vocales. ainsi, sirotant ta boisson chaude, tu l'écoutes attentivement. la conversation aurait pu s'arrêter aussitôt, si cette histoire ne te disait pas quelque chose. le lien se fit immédiatement. « billie ? comme billie walsh ? » qui d'autre ? ce n'est pas comme si trois-rivière n'était arpenté que par des médecins faisant des voyages humanitaires appelés billie. tu te pinces l'arrête du nez et te mords la lèvre pour t'empêcher de rire. « tu sors avec mon cousin. » comment avaient-ils pu l'ignorer tout ce temps ? et si c'était volontaire ?

tu ne rentres bien sûr pas dans tous les détails quant à ton histoire avec billie. tu ne parles pas notamment du fait que tu as perdu la vue entre temps en raison d'une tumeur et que billie s'est fait passé pour quelqu'un d'autre auprès de toi. non, tu élucides tous ces points qui ne regardent sans doute pas vraiment jasper. et qui n'apporte pas spécialement un point important à l'histoire. non le plus important dans tout ça restait que billie et toi formiez aujourd'hui un couple. et ça, t'avais toujours de la peine à le croire. t'es pas la femme la plus fleur bleue qui existe. acharnée dans ton travail, t'as jamais vraiment pris du temps pour te consacrer aux hommes. supposant que finalement tu n'avais pas besoin de tout cela dans ta vie.. et pourtant ! tu réalises aujourd'hui que ça te fait du bien. un bien fou. et t'espères que les choses continueront sur cette voie-là. en tout cas, ça semblait bien partie pour. quand tu termines ton histoire, tu remarques un sourire en coin sur le visage de jasper. billie ? comme billie walsh ? tu fronces les sourcils alors que de son côté il se met à rire. jasper connaissait billie ? comment s'était possible ? tu sors avec mon cousin. qu'il fini par t'annoncer et tes yeux s'écarquillent. il te faut quelques instants avant de commencer à rire à ton tour. t'es le cousin de billie ? alors ça.. j'en avais aucune idée. tu lances en riant de plus belle. la situation était pour le moins cocasse il fallait le reconnaître. alors oui, je sors avec ton cousin. au moins il y avait déjà un membre de la famille que tu connaissais. tu auras peut-être un peu moins de pression si un jour tu dois te rendre à un repas de famille.

le sourire d'emma rayonne. il faudrait être aveugle pour ne pas s'en apercevoir. par certains aspects, tu es jaloux de toutes ces personnes en couple, vivant aux côtés d'une autre, apprenant le moindre détail - aussi agaçant soit-il - de sa moitié. ce petit quelque chose dont tu ignores tout. on ne peut pas dire que ta famille soit experte des relations conjugales. aussi, tu n'en as jamais été le spectateur que dans des films à l'eau de rose. les seuls contacts qui auraient pu te faire rêver jusqu'à l'aube des temps se sont bien vite transformés en nuages de fumée. la solitude s'est faite une place auprès de toi, et le manque que tu ressens n'est pas insupportable pour le moment. elle te sied bien.
« en chair et en os. » passée la surprise, tu enfonces ton menton dans la paume de ta main et observes le rictus de la jeune femme installée en face de toi. le monde est si petit qu'il fallait que vous vous retrouviez dans la même petite bourgade, de l'autre côté du globe, à des milliers de kilomètres de votre pays natal, à côtoyer les mêmes personnes. le destin se montre parfois très surprenant. « les repas de famille seront moins déprimants ! » t'exclames-tu, moqueur. « j'imagine qu'un bienvenue parmi nous est de circonstance, alors, bienvenue. »

tu ne t'attendais bien évidemment pas du tout à ça. tu n'avais en même temps jamais vraiment discuté avec billie des membres de sa famille à l'exception de sa soeur jumelle enea. pour le reste, tu n'en avais pas la moindre idée. alors découvrir que jasper faisait partie de sa famille, ça avait clairement de quoi t'étonner. c'était là que tu réalisais à quel point le monde pouvait vraiment être petit. face à cette nouvelle, tu ne pouvais t'empêcher de rigoler. forcément, la situation était pour le moins cocasse. toi qui te rapprochais gentiment du jeune homme, tu réalisais qu'à présent tu allais avoir encore plus de raisons de le retrouver. en chair et en os. qu'il te confirme en t'observant quelques instants. c'était pour toi plutôt une bonne nouvelle. au moins, tu connaissais déjà une partie de sa famille. son cousin et sa soeur. c'était plutôt pas mal. si billie faisait le pas de te présenter au reste de sa famille, tu serais d'autant plus à l'aise en sachant qu'il y aurait au moins quelques têtes déjà connues dans l'assemblée. les repas de famille seront moins déprimants ! j'imagine qu'un bienvenue parmi nous est de circonstance, alors, bienvenue. tu laisses échapper un petit rire avant de lui répondre, merci bien. je pense que je ne suis pas encore au stade de rencontrer toute la famille de billie, mais je me réjouis en tout cas de pouvoir rendre ces repas un peu plus joyeux. tu lances avec un petit clin d'oeil. tu t'entends bien avec ton cousin et ta cousine ? tu demandes, curieuse de savoir comment est leur relation. tu sais par exemple que la situation est relativement tendue entre enea et billie, tu te demandes si ce sera pareil avec jasper.

si tu avais souvent entendu dire que le monde était plus petit qu'il n'y paraît, jamais tu n'avais pu le constater par toi-même. à présent, c'était chose faite et cela semblait encore plus improbable que par le passé ! était-il trop tôt pour dire que la famille s'étoffe petit à petit, que le cours des choses est en train de changer ? votre arbre généalogique ne s'égraine plus comme les pissenlits au gré du vent et tu ne peux nier que cela te réconforte. sur ta branche, il ne reste plus que ton père et toi, sur celle jouxtant la tienne, tu as tes cousins. rien de plus, rien de moins. ton sourire s'agrandit alors. « crois-moi, tu auras largement le temps de profiter des festivités quand elles se présenteront à toi » lâches-tu, un brin taquin, avant de retrouver un léger goût amer au fond de la gorge. si tu es proche de tes cousins. « on s'entendait bien, oui. » affirmes-tu comme pour appuyer les pensées inaudibles de ton interlocutrice. puis vous avez grandi, avez construit vos vies en vous éloignant les uns des autres. « toujours fourré les uns avec les autres. » tu hausses les épaules avant de soupirer longuement. « nos chemins se sont séparés, la vie a formé un fossé et a accaparé notre attention. » tes doigts se referment autour de ta tasse de café encore chaude. parfois - même souvent - tu te dis que tu aurais pu en faire plus, que tu aurais pu appeler plus souvent, aller les voir plus souvent, aurait pu faire plus pour que vous ne perdiez pas le contact. puis, tu te dis que ce n'est sans doute pas pour rien que les ponts ont commencé à s'effondrer, qu'ils n'avaient pas forcément envie de te voir, qu'ils n'en éprouvaient pas nécessairement le besoin. « j'espère que les choses vont pouvoir changer, maintenant que nous nous retrouvons dans cette petite ville. sans doute un petit coup de pouce du destin ? mais arrêtons de parler de moi. tu as de la famille, toi aussi ? »