le soleil brillait de mille feux sur trois-rivières et toi tu venais de terminer ta journée de travail. tu sortais du cabinet, vêtue d'une petite jupe légère et d'un haut clair. les températures devenaient de plus en plus chaudes dans la ville et il était temps de sortir les habits d'été. des petites sandales au pied, tu commençais à marcher, à l'aide de ta canne. toujours. aujourd'hui, tu avais un peu plus mal que les autres jours. ça arrivait parfois. des petits piques de douleur. tu prenais donc tout ton temps. tout le monde ici pensait que tu t'étais fait mal à la cheville. un truc pas trop grave qui finira par se soigner. mais tôt ou tard, ils verront bien que ta canne est toujours présente au bout de ton bras et qu'une cheville ne peut pas mettre aussi longtemps pour se remettre. t'as pas réfléchis encore à la suite. t'as pas envie de penser à ça pour le moment. dans trois jours t'as un nouveau rendez-vous chez ce médecin à montréal. spécialiste de ta maladie, tu as toujours l'espoir qu'il trouve des moyens pour te soulager. t'as l'espoir même qu'un jour, une solution soit trouvée pour cette maladie. mais tu ne te fais pas trop d'illusions non plus. tu profites donc de chaque instant, sans savoir quand est-ce qu'il s'agira du dernier. la maladie ne progressait que lentement chez toi, pour le moment. mais rien n'indiquait que ça continue forcément comme ça. tout pouvait changer, du jour au lendemain. tu avançais tranquillement. un pas après l'autre. ne surtout pas se presser, ne surtout pas se fatiguer. ton regard qui balayait la ville jusqu'à ce que tu croises le sien. t'as automatiquement un sourire qui s'étire sur tes lèvres. même si tu ne comprends pas vraiment comment c'est possible que vous vous retrouviez les deux ici. tu avances, un peu plus vite. benjamin, qu'est-ce que tu fais ici ? tu demandes sans le quitter des yeux. continuant de sourire, parce que malgré tout, tu ne pouvais l'oublier. ton crush de jeunesse. et il est évident qu'encore aujourd'hui, il semble avoir un effet sur toi.

le soleil comme principal ami et allié pour ta journée, tu quittes ce café avec un dernier sourire à la serveuse. la chaleur de la ville venant t'apporter ce réconfort et cette impression de vitalité qui remplie généralement tes journées de mai à octobre en Europe; tu égares ton esprit à des futilités qui te permettent de te laisser croire que tout va si bien. tu attrapes tes lunettes de soleil sur le sommet de ta tête pour venir protéger tes yeux et aussi relâcher quelques mèches jusqu'à ton visage. un rapide coup d'oeil à ta montre pour essayer de t'inspirer dans un possible programme de ta journée, tu es décidé à ne pas regretter ton choix d'avoir annulé ton retour à Monaco pour un week-end. tu le sais très bien que tu retrouveras ta demeure le temps de quelques jours quand va venir la réunion mensuel du conseil De Marchelier; alors tu repousses l'Europe encore un peu. tu t'enfonces un peu plus dans ces ruelles et cette chaleur qui diffère de ta méditerrané. la véritable raison de ton annulation de weekend, elle tient à ton dernier investissement qui se compte en million et t'es pas prêt encore à te l'avouer à toi-même. bien heureux dans ton propre déni tu finis par appeler une de tes connaissances de la ville dans le but de passer l'après-midi avec, sans doute à profiter du soleil sur un lac en bateau... l'idée est déjà presque construite quand tes yeux finissent par s'arrêter sur un visage que trop familier. Jane, connaissance de longue date et amie de toujours de ta cadette, Jane et sa gentillesse sans pareil dans ton entourage. désolé mec je dois changer mes plans je te rappelle... que tu finis par lâcher au téléphone avant de continuer à avancer vers la jeune femme qui au vu de son sourire est tout aussi ravie de l'heureuse coïncidence. benjamin, qu'est-ce que tu fais ici ? son sourire qui n'a pas changé depuis au moins ses quinze ans, tu as clairement l'impression qu'un instant tes vacances d'été en famille dans ce pays reviennent à toi. évidement que c'est pas aussi rose, évidement que vous n'êtes pas à Montréal et bien loin de la villa De Marchelier où vous vous croisiez souvent avec les joies d'une jeunesse qui semblait ne jamais se finir durant vos étés. ça fait bien trop longtemps que t'as pas décidé de venir squatter ma piscine, je venais y remédier. que tu lances avec un naturel qui te colle que trop à la peau. combien de fois tu as débarqué en plein été dans cette résidence de vacances avec des amis, retrouvant Clara avec ses copines à bronzer ou déconner ? trop de fois vous avez mélangé vos soirées et vos amis, délaissant les quelques années de séparations pour vous amuser. tes études t'ont éloignés, mais Clara n'a jamais vraiment perdu de vue Jane, tu le sais par les discussions de ta sœur; parce qu'elle te disait, par ses escapades au Canada pour voir ses quelques amies ici. évidement que tu la vois sa béquille et que tu ne peux t'empêcher de te sentir peut-être un peu mal, sans te draper dans de la pitié; cette fille tu l'as vu presque autant grandir que ta petite sœur. cette fois-ci ton sourire se fait un brin plus profond et tes yeux s'accrochent aux siens; élevé dans des millions t'as pour autant pas été éduqué sans compassion et sentiment. j'aurais bien aimé te voir plus souvent sans devoir traverser un océan... tu te décides à rien en dire, à éloigner pour un temps les aveux de ta sœur. alors, tu te tiens éloigné des ennuies ? ce rôle de grand qui te colle à la peau, comme si par extension les amis de ta sœur tu devais veiller dessus. stupide; t'es pas sans savoir en plus que plus jeune ses regards étaient bien trop appuyer. ça t'a toujours flatté, toujours amusé sans pour autant céder au reste, elle était plus jeune ça suffisait à te garder loin.

tu ne t'attendais évidemment pas à ce que ton regard tombe sur celui de benjamin aujourd'hui. t'as ce petit sourire en coin qui s'étire sur tes lèvres alors qu'il s'approche de toi après t'avoir repérée. c'était pour toi toujours un plaisir de le voir bien sûr. tu ne comptes plus le temps que vous avez pu passer ensemble. notamment grâce à sa soeur clara dont tu as toujours été proche. vous avez arpenté les rues de montréal à maintes reprises et tu squattais régulièrement la demeure des de marchelier. la belle époque, vraiment. tu n'en gardes que de bons souvenirs, bien sûr. mais les choses changent. le temps passe. et tu n'avais plus eu l'occasion de revoir benjamin. beaucoup de choses s'étaient passées. dans ta vie, dans celle de clara et sans aucun doute dans celle de benjamin également. appuyée sur ta canne, t'avais le regard qui brillait. parce que même après tout ce temps, ben était capable d'avoir un certain effet sur toi. ça fait bien trop longtemps que t'as pas décidé de venir squatter ma piscine, je venais y remédier. tu laisses échapper un petit rire. il était vrai que tu n'avais plus remis les pieds à montréal depuis un petit moment. si ce n'est pour te rendre à l'hôpital, mais tu ne trainais jamais bien longtemps dans la ville ensuite. j'aurais bien aimé te voir plus souvent sans devoir traverser un océan... alors, tu te tiens éloigné des ennuies ? tu hoches doucement la tête, tu affiches un sourire en coin. c'est vrai, ça fait bien trop longtemps qu'on ne s'est plus revu. mais je me tiens éloignée des ennuis, ne t'en fais pas ! tu vas bien toi ? ben prenait toujours le temps de s'inquiéter pour toi. il voulait toujours s'assurer que tout allait pour le mieux pour toi. tu te doutes qu'aujourd'hui son regard n'a pas raté la canne sur laquelle tu t'appuies. tu n'en disais rien pour autant. lui dire que tu t'es fait une entorse à la cheville ? tu ne sais pas si tu serais vraiment capable de lui mentir, pas à lui. et pourtant. tu ne te vois pas non plus lui dire la vérité. t'as pas trouvé la force de la dire à qui que ce soit jusqu'à présent en même temps.

doux retour en arrière de quelques années pour toi Benjamin quand tes yeux s'accrochent à cette silhouette qui à sa part dans de nombreux souvenirs canadien. plus jeune de quelques années, accrochée à ta cadette et son cercle d'ami; Jane arrive pourtant à intégrer presque chaque été que tu as passé ici par le passé. son sourire fidèle à celui dans ta mémoire, tu retrouves en quelques instants ces années qui se sont envolés alors que tu viens à sa rencontre. Jane, en chair et en os; tes pensées à mille lieux d'elle et de votre passé; tu n'as pour dire vrai même pas songé à la contacter en arrivant dans le pays. trop obnubiler par une autre jeune femme et des idées de vengeances; te voilà pourtant coup du destin à te heurter à un autre pilier de la vie de ta sœur cadette. et un bref instant tu songes au fait que c'est toi qui est là et non elle... tu enfermes cette tristesse sous un sourire doux et amical ne voulant pas te laisser distraire par des pensées inutiles. surtout en sa présence alors que tu te concentre sur son sourire solaire qui vient éloigner tout le reste de ta tête. c'est vrai, ça fait bien trop longtemps qu'on ne s'est plus revu. mais je me tiens éloignée des ennuis, ne t'en fais pas ! tu vas bien toi ? tu souries à ses propos te rendant compte qu'elle a bien grandit depuis les dernières fois où tu l'as croisé en débarquant dans la villa de vacances alors que Clara était avec ses amies... loin du présent ce temps là. à sa question t'hésites un temps... comme trop de non-dit entre vous qui s'invitent alors que vous n'avez jamais été assez proche pour profiter de longues conversations. parler de Clara ? t'es pas bien sur que toutes ses amies soient au courant... Jane le devrait ? t'es pas certain d'avoir envie de gâcher l'instant si jamais elle ne l'est pas. sourire de rigueur, sourire qui vient chasser toute possibilité de nuages pour profiter de l'instant présent. je viens de trouver enfin un loft pour me poser un peu par ici... ça va ... plutôt pas mal oui. tu restes un instant à l'observer évidement ne pouvant éviter la question éternellement. tu veux aller boire un café ? un verre pour rattraper le temps ? il me semble que t'es en âge de boire maintenant.. tu lances avec un sourire en coin, un peu dragueur sans tellement le vouloir... ça a toujours été comme ça avec les potes de Clara, à jouer le grand frère de ta cadette, veillant sur la maison, bien que sachant très bien aussi jouer un peu de tes charmes sans mauvaises pensées pour autant. tu sais pas tellement si elle a quelque chose de prévu, si même elle a envie de s'éterniser... mais au vu de la béquille à son bras que tu décides de pas mentionner pour le moment, tu te dis que vous n'allez pas rester éternellement debout l'un face à l'autre... et toi Benjamin, tu veux pas vraiment la laisser repartir si rapidement la Jane.

en voyant benjamin, tu ne pouvais t'empêcher de penser à sa soeur, clara. une amie de longue date. une amie proche dont tu avais perdu le contact depuis quelques temps. depuis la découverte de ta maladie notamment, tu avais pris des distances avec un peu trop de gens. ne sachant plus vraiment comment t'y prendre. en venant vivre à trois-rivières, tu espérais prendre un nouveau départ, te lancer dans une nouvelle vie et tenter de vivre avec tout ça, mais ce n'était pas si facile. dans tous les cas, tu te promettais de lui demander très vite des nouvelles de la belle clara. tout en prenant des nouvelles de lui en même temps bien sûr. tes yeux dans les siens, tu remarquais que son sourire était toujours aussi charmeur. t'en avais les joues qui rosissaient presque quand son regard devenait un peu trop intense pour toi. t'étais folle de lui lorsque tu étais plus jeune. presque incapable de prononcer le moindre mot quand il entrait dans la pièce. aujourd'hui, tu avais grandit, heureusement. les choses ont changé, mais son charme reste le même et aura sans doute toujours un petit effet sur toi. je viens de trouver enfin un loft pour me poser un peu par ici... ça va ... plutôt pas mal oui. plutôt pas mal, ça ne te convainc qu'à moitié. mais tu ne poses pas plus de questions pour le moment puisque de son côté il enchaîne en te disant, tu veux aller boire un café ? un verre pour rattraper le temps ? il me semble que t'es en âge de boire maintenant.. tu ne pouvais clairement pas refuser une telle demande. passer un moment en sa compagnie te fera le plus grand bien. l'occasion de rattraper tout ce que tu avais manqué et de vous remémorer quelques bons souvenirs de votre passé. oui, avec grand plaisir pour un verre, ça ne me fera pas de mal.. j'ai effectivement bien l'âge de boire à présent. tu laisses échapper un petit rire et tu tournes ton regard vers un bar plutôt sympa qui ne se trouvait pas très loin. suis-moi. tu lances en te retournant pour partir en direction de ce bar. tu restes silencieuse, tu te concentres sur chaque pas que tu fais. tu prends bien appui sur ta canne. juste quelques mètres à faire. un pas après l'autre. tu t'arrêtes finalement devant la porte que benjamin ouvre. ce n'est qu'une fois que vous êtes installé que tu te décides à parler à nouveau. alors qu'est-ce que tu fais par ici comme travail ? et comment va clara ? la question que tu brûlais de poser. clara te manquait, terriblement.