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briser l'écho (kira)
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Jeu 22 Oct - 15:39

65, rue du lac.
tu lèves les yeux sur l'immeuble, t'as l'ventre qui se serre. c'est instinctif, presque animal. cet appel, tu l'avais plus entendu depuis des mois. ça c'était éteint, en même temps que le reste. comme le chant d'une sirène, au loin. mais t'avais pas oublié, ça non. la mélodie, l'air, le refrain même. tout était encore inscrit en toi. ça t'avait jamais quitté, ça s'était juste éteint.
et puis, ce message avait tout réveillé.
de simples mots lancés au hasard qui avaient trouvé un écho et qui, brusquement, te ramenait à la réalité. une lumière éblouissante qui se dégageait des nuages, une main qu'on te tendait presque. un espoir, aussi faible soit-il.
65, rue du lac.
tes yeux dessinent le chiffre sur la plaquette et un faible sourire se dessine sur tes lèvres. viens après minuit, elle avait écrit. et ton coeur avait manqué un battement. kira, ça se répétait en boucle dans ton esprit, ça s'inscrivait déjà sur ta peau, ça s'emportait en toi dans un tourbillon d'émotions indéchiffrables. tu tires sur la cigarette, son bout incandescent qui éclaire ton visage mal rasé et ton air fatigué sous une lune blanche. le ciel est dégagé, le temps est frais. tu remontes le col contre ton cou et tu expires la fumée.
après minuit. l'heure des sorcières, l'heure de la magie, l'heure de rien. l'entre-deux. un jour sur l'autre, une minute sur l'autre. d'un coeur à un autre. tu lèves les yeux vers les fenêtres, t'en trouves une éclairée et tu te plais à l'imaginer, là, t'attendant avec une certaine appréhension. le temps n'altère pas les émotions, ni les sensations. elle est à quelque mètre de toi et déjà, t'as l'épiderme qui se froisse, les poils qui se hérissent. t'es heureux sans l'savoir, t'es malheureux sans l'comprendre. tout s'mélange mais rien ne t'emportera plus encore que tout l'amour qui se dégage de toi, de ce myocarde à l'arrêt qui retrouve vie après une errance longue et douloureuse.
tu poses ta main sur l'interphone, tu cherches son nom, tu le trouves.
tu l'écris du bout des doigts, t'en reviens pas, tu réalises pas vraiment.
tu sonnes.
et t'attends.
pas un mot, juste un clic distinct qui t'annonce que la porte est ouverte. tu te tournes, écrases ta cigarette et pousses le portique. t'as l'coeur qui se serre un peu plus mais t'avances, t'as plus l'choix. la sirène est là, pas loin. son chant t'ensorcèle et tu veux croire, t'as besoin de croire que tout change pour le mieux. tu gravis les marches, rencontres le dernier des obstacles et frappes contre le bois sec de la porte.
derrière, t'entends la vie, t'entends l'écho de votre romance. t'entends la magie de votre rencontre et la douleur de votre séparation. t'entends l'espoir qui cogne contre tes tempes, t'entends l'angoisse qui guide tes gestes. t'entends son appréhension, ses talons qui claquent sur le sol et sa main qui se pose sur la poignée. t'entends le temps qui s'écoule lorsque la porte s'ouvre et le temps qui se fige quand tes yeux rencontrent les siens. t'entends l'amour, t'entends la haine. t'entends tout et ça t'bouleverse. une seconde, puis deux, puis trois. et tu t'entends lui dire (salut.)
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Kira Abberline
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Kira Abberline

✩ messages : 361 ✩ avatar : the only one : clara settje
✩ crédits : mon prince d'amour (avatar) gainsboro, lorde inspi, paradis (signature).
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Lun 26 Oct - 18:12

"ah, ah
minuit est là
ah, ah
je ne dors pas

et moins je dors, et plus je pense

et plus je pense et moins j'oublie
l'immense impasse, l'espace immense
qui s'attendent au fond de mon lit."



du haut de sa tour d'ivoire, elle avait regardé s'écouler lentement les dernières lueurs du jour. son fils sur ses genoux, sa tête ronde et chaude qui dormait contre son sein, kira laissait le temps lui dicter un nouveau rythme, celui de vivre pour deux. le ciel de trois-rivières s'était paré de ces couleurs indescriptibles que prend l'automne loin des tumultes du monde : un camaïeu flamboyant de jaune moutarde, d'orange mandarine, de rouge sang, de rose pastel, de bleu cyan. la palette de couleur d'un peintre omnipotent et bientôt témoin des retrouvailles de leur miettes d'amour.

comme sur la table d'un repas qu'on aurait quitté précipitamment, il ne restait pour trace tangible de leur passage dans cette ville que des miettes d'amour, preuves fugaces de bonheurs passés : des restes d'un festin qu'ils avaient peut-être voulu avaler trop vite, sans appétit. des yeux plus gros que le ventre qu'elle avait posé sur lui il y a des années.

kujtim venait de s'endormir et kira somnolait là, entre rêve et cauchemar, les lumières qui vascillaient un peu alors que la nuit commençait à s'étirer. elle avait la tête pleine des mots qu'elle comptait lui dire, mais aucun ne semblaient avoir assez de force pour passer la barrière de ses lèvres, qu'elle mordait d'anxiété et d'amertume jusqu'à leur laisser une coloration d'un rose soutenu. ce n'était pas le temps qui avait cette fois-ci joué contre leur camp, mais les épreuves de la vie. kira se sentait femme nouvelle, mère enfin, grande soeur finalement, et fille de plus personne. l'orpheline revenue sur les traces de ce qu'elle aurait voulu appeler "famille" et qui aurait porté son nom.

elle glissa dans son berceau les traits apaisés de leur enfant, totalement inconscient de ce qui se jouait de par sa seule existence. il était si beau que kira en pleurait parfois en silence de le regarder, lui qui transperçait son coeur de ses immenses yeux bleus, qu'il tenait d'elle, et de ses fines boucles brunes, qu'il tenait de lui. l'alliance parfaite de ce qu'ils faisaient encore de mieux.

alors qu'elle n'avait aucun doute sur sa venue ce soir, elle fut prise d'un sursaut violent lorsque la sonnerie aiguë de l'interphone emplit la pièce. il y eut un instant de flottement, de ces moments de choix qui sont des carrefours de nos vies, ceux où l'on décide de bifurquer ou de rester sur sa voie. avec la prudence d'une mère louve, elle se leva pour appuyer sur ce petit bouton qui débloquait littéralement la porte vers une nouvelle vie. elle ne put s'empecher de capter son reflet dans le miroir dans l'espace temps qui la séparait encore de lui, aussi court soit-il. elle avait repris de ses couleurs et de son charme, kira, à mesure que la vie grandissait en elle. ses cheveux étaient plus long, son regard plus vif, elle paraissait prête à affronter ces montagnes arides qu'elle avait longtemps gravit seule, lors de week-end de fuite et d'errance. elle se sentait la force et l'envie d'aimer à outrance.

mais lorsqu'on cogne quatre coups rapides sur le bois de la porte -pas deux, pas cinq, toujours quatre-, kira s'accorde cette seconde d'amour inconditionnel pour elle. face à face avec son reflet, une main sur la poignée froide, elle se sourit pour dégager un peu de courage.

et puis elle ouvre à la volée, comme on se jette du haut d'un avion qui cumule à 8000 m au dessus du sol.

aussitôt elle est envahie de signaux familiers, une odeur de cigarette chaude et du cuir de sa veste qui la gagne, directement des narines au coeur. elle voudrait sourire mais elle a savamment répété cet instant, elle sait qu'elle ne doit pas encore flancher. la nuit sera longue et elle doit s'économiser. (salut.) il articule sans difficultés.

salut, elle répond immédiatement, sans laisser planer de suspense, en maître de cérémonie. elle a ce pull qui lui glisse le long de l'épaule, qu'elle remonte d'un mouvement nerveux, seul geste qui trahit la tempête qui la traverse à cet instant. mais son visage doux lui, est à la fois fermé et patient, ouvert et calme, c'est le visage d'une femme arrivée en bout de chemin, là où elle a toujours été destiné à être. avec ou sans lui.

entre, elle chuchote avec douceur, en s'écartant de l'encadrement pour donner libre court à cette pièce feutrée faite de bois et de plaids chauds. des bougies tremblotent dans un coin, comme un feu qui peine à se maintenir en vie. une allégorie ? lentement il investit les lieux, se tourne sur lui-même. la porte est scellée, mais qu'en est-il de leur histoire ?

comment vas-tu ? demande kira, à voix un peu basse.
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Mar 3 Nov - 14:31

quatre coups, pas un de plus, pas un de moins.
le premier pour te rappeler ce que vous étiez lorsque vous vous êtes rencontrés la première fois. des étrangers. ceux-là même qui se regardent avec une légère appréhension mêlée à une excitation folle. des étrangers qui se jaugent, se jugent, se dévorent et puis, s'mélangent doucement. le premier coup au coeur et au corps, celui qui t'a mis à genoux devant elle, à genoux devant vous. sa main dans la tienne, cette course poursuite en ville et puis, ce phare. celui qui brillait dans la nuit, celui qui illuminerait à jamais vos vies et vos chemins. le premier coup comme un premier regard, celui qui se pose sur toi et qui t'enveloppe, te dévore et fini instinctivement par t'apprivoiser.
le second comme le souvenir doux d'un deuxième rendez-vous. des regards échangés par-dessus un verre alors que les membres tremblent. la promesse d'un avenir qui se dessine déjà, d'un lien qui se tisse entre vous alors que vous ne vous connaissez qu'à peine. un second rendez-vous, comme une seconde vie qui commence, qui démarre. le second coup au coeur, celui qui t'fait chavirer du navire et qui t'fait déjà boire la tasse. parce que brusquement, t'es à elle.. mais elle ne sera jamais entièrement à toi.
le troisième comme une flèche qui vous transperce. vos erreurs, le poids de tes mensonges et de tes silences. l'alcool qui s'immisce comme un frein à votre histoire, celle que tu voulais avec ardeur, celle que tu désirais plus que tout. l'alcool qui s'place comme un frein et toi qui dérapes sur une route verglacée. toi qui t'en vas, qui t'enfuis, qui t'oublies. elle qui revient encore mais qui n'oublie jamais. le troisième, comme cette troisième chance qu'elle te donne, qu'elle t'offre en sachant pertinemment que tu n't'en montreras jamais aussi digne qu'elle.
et puis, le quatrième. celui qu'il faut pour mettre un terme à cette course poursuite. ce temps perdu à vous chercher sans jamais vous trouver. ce temps oublié à ne jamais savoir exactement comment vous aimer. un quatrième coup empreint d'une légère once d'espoir qui s'étouffe avant même qu'elle ne s'embrase.
et puis,
la porte qui s'ouvre.
et son visage qui t'fait face comme un rappel flagrant à ce que tu as perdu, à ce que tu as manqué, à ce que tu n'auras jamais. tu marques une pause, elle sourit à peine. tu vois dans son regard tout ce qu'elle ne te dit pas. tu la connais, tu crois la reconnaître aussi mais quelque chose a changé. c'est imperceptible, mais c'est là, entre vous. même dans son (salut.) il y a un vent, une froideur, une aigreur ? t'en sais trop rien. ou alors, tu l'sais peut-être déjà. tu m'as manqué, tu m'as déçue, tu m'as brisée, tu m'as détruite mais regarde, je suis toujours debout. voilà ce qu'elle semble te murmurer alors qu'elle ne fait qu'articuler un faible (entre.) tu t'avances, sans savoir à quoi t'attendre, à quoi aspirer. tu passes une main tremblante dans tes boucles brunes et te retournes. elle ferme la porte.
elle t'enferme,
elle t'emprisonne.
mais prisonnier, tu l'as toujours été. captif entre ses mains d'orfèvres. ordonne et j'obéis, amour passionnel et déraisonné. pour elle, plus que pour n'importe qui, t'irais chercher de l'or en plein désert. tu souris à peine quand elle te demande (comment vas-tu ?) sans savoir quoi lui répondre exactement. alors pourquoi, pourquoi dasaret ? pourquoi les premiers mots qui t'échappent sont (excuse moi.) sempiternel recommencement. à croire que tu n'arrêteras jamais de la décevoir. t'as l'coeur qui hurle à l'agonie mais tu t'sers de ce qu'il te reste de raison pour articuler (j'aurai pas dû partir comme je l'ai fait, cette nuit-là. mais je suppose que tu l'sais déjà, kira.) tu ajoutes (t'as entendu ces excuses des milliers d'fois et pourtant, à chaque fois, je recommence les mêmes conneries. alors voilà.. je suis surpris.) tu t'arrêtes un instant, tu reprends ton souffle. ça t'fait d'la peine d'admettre tes erreurs mais tellement d'bien de les affronter enfin. (je ne m'attendais pas à ce que tu veuilles encore me voir.) silence.
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Kira Abberline
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Mar 24 Nov - 16:42

il a l'air de trembler de froid ou de déraison, dans sa veste un peu trop légère pour la saison, comme s'il refusait encore un cours du temps inéluctable qui s'imposait pourtant à eux comme la plus sensible des évidences. le temps les avait fauché tous les deux dans sa course, aussi fort qu'ils aient voulu lui échapper. ils vieillissaient, s'articulaient autour de nouvelles responsabilités, étaient rattrapés, sans doute, l'une comme l'autre ou plutôt l'un par rapport à l'autre, par les rêves troublés d'un passé distancié. un passé qui se floutait au fur et à mesure des apparitions, car tous les souvenirs se troublent un jour. on perd d'abord les notions de temps et d'espace, et on se rappelle de l'entité sans son contexte. disparaissent ensuite les contours, les couleurs et les traits, puis les sensations et les sons. et un jour on prend conscience que son propre esprit est comme parsemé de ruines, des vieilles pierres grandioses qui jonchent un sol de cailloux et d'herbe sèche. la mémoire comme des vestiges d'une civilisation passée, la grandeur dont on ne se serait pas occupé.

même leur phare finirait en morceaux, dévorés par les embruns et une végétation coriace. elle l'avait toujours su. elle l'apercevait aujourd'hui plus distinctement encore.

il flotte dans l'air un vague parfum d'amour maternel, ce que kira diffuse de ses grands yeux couleur océan pacifique qui déborde. ce n'est visiblement pas assez pour apaiser les remous d'un dasaret frémissant, on dirait que sa peau est l'eau que l'on porte à ébullition, juste avant la fatidique température de 100°, quand la surface se couvre de ces petites fluctuations et bulles légères.

elle s'interdit pourtant de dévorer quelque chose de lui, il n'est plus ce repas qu'elle aurait pris à n'importe quelle heure de la journée, au mépris de toutes les conventions, par simple et seule passion de ses boucles brunes épaisses qui flirtent à présent avec ses clavicules. le plus troublant pour kira aurait été aujourd'hui d'y dessiner mentalement les lignes qu'il partageait maintenant avec leur fils : y retrouver son nez ou ses paupières, le grain de sa peau. oui, elle s'interdit de replonger dans cette attente physique douloureuse de lui, car c'est son corps le premier qui lui dira adieu, si l'adieu remporte la partie.

(excuse moi.) elle s'attendait tant à ces premiers mots balbutiants qu'elle réprime un sourire qui veut s'écraser contre ses lèvres roses. (j'aurai pas dû partir comme je l'ai fait, cette nuit-là. mais je suppose que tu l'sais déjà, kira.) les deux syllabes de son prénom roulent sur sa langue comme un bonbon sucré, et kira sent un soubresaut de son coeur. (t'as entendu ces excuses des milliers d'fois et pourtant, à chaque fois, je recommence les mêmes conneries. alors voilà.. je suis surpris.) tournant vers lui son regard chaud, elle arque un sourcil léger, à peine interrogateur, à peine soucieux. (je ne m'attendais pas à ce que tu veuilles encore me voir.).

il trône au milieu de sa pièce principale comme un beau butin de chasse, et elle s'autorise enfin un regard circulaire sur ses traits fatigués, son regard sombre et intense, ses lèvres blêmes. elle est transportée par une envie séculaire de se jeter à ses pieds, et brisée de voir s'étaler sur la surface de son visage les traces évidentes du manque et de l'anxiété. il n'aurait presque plus besoin de parler pour qu'elle rejoue les derniers mois de leur histoire, rien qu'à sa posture : l'arrêt de l'alcool, le retour des remords, la recherche de vérité. incessamment.

j'ai fait du thé. tu en veux un peu ? elle lâche, dans une voix auréolée de tendresse, qu'elle ne maîtrise ni de dose, qu'elle ne destine même pas vraiment à lui. qu'elle ne dissocie plus de sa nouvelle identité, à dire vrai. elle le voit rester là, en morceaux, sur la moquette taupe du salon, alors qu'elle part remplir deux tasses fumantes. elle revient à lui sans se presser, car si cela doit devenir leur dernier tête à tête, kira voudrait aussi bien s'en rappeler. elle pose devant lui, sur la table basse, le breuvage chaud. je t'en prie, dasaret. je n'ai pas envie de rejouer un film déjà vu cent fois. assis-toi, reprenons cette conversation à son début, elle glisse en l'incitant, une main qui glisse contre sa manche, à s'asseoir à ses côtés. il y a des dizaines de raisons pour lesquelles j'ai encore besoin et envie de te voir, mais si tu veux toutes les entendre, il va nous falloir plus de thé, elle murmure dans un sourire familier, au dessus de ses mains en coeur autour de sa tasse. mais si tu veux bien, j'aimerais que tu répondes d'abord à ma question. comment vas-tu, dasaret ?
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Ven 4 Déc - 11:38

il y avait des vagues, cette nuit-là.
quand tes iris plongent dans les siens, ça te frappe en plein coeur comme un vieux souvenir, un vieux film sur bande vidéo. il y avait des vagues, de la même couleur que celles qui brillent légèrement dans les yeux de kira. et ça t'ramène des années en arrière. au sommet d'un phare, à la lueur d'une lune qui saignait déjà mais qui vous avait offert une promesse : vous retrouver, toujours, peu importe le temps, l'absence, les mensonges et les silences. cette promesse, celle qui s'était faite à mi-mots alors que les vagues s'écrasaient, à quelques mètres sous vos pieds, contre le rivage. tu t'rappelles ou plutôt, tu n'as jamais oublié.
ça t'remonte, brusquement.
l'odeur de sel, le bruit léger et le tressaillement de ton corps quand vous aviez échangé votre premier baiser. cette nuit magique qui n'avait été qu'un mirage dans les horreurs qui s'en étaient suivis. votre histoire n'était qu'une succession d'échecs dont tu étais le seul responsable. t'en prenais la mesure aujourd'hui, alors qu'elle ferme la porte derrière vous et qu'elle se retourne vers toi.
elle a changé, c'est à peine perceptible mais quelque chose est différent et tu crois bien qu'elle le sait. tu crois même qu'elle se retient de te le montrer comme si elle préférait encore te préserver de tout ce qu'elle venait d'accomplir sans que tu ne sois présent pour l'y aider. vos chemins se sont séparés alors que vous veniez à peine de vous retrouver. et comme les mille fois précédentes, tu t'étais juré de changer. et comme les mille fois précédentes, tu revenais vers elle la queue entre les jambes et le coeur bourré d'excuses que tu n'saurais même pas respecter.
le temps nous a changé, une fatalité qui te brise un peu plus à chaque instant, à chaque seconde. t'as l'coeur qui s'est brisé sur le palier, t'as l'coeur qui est resté à l'extérieur. t'es qu'une enveloppe de chair qui s'exécute sans même savoir ce qui la pousse encore à tenir debout. elle était la raison de tes combats, elle est et restera à jamais la source de tes conflits. amour sauvage, amour censure. de ceux qui vous brisent mais dont vous ne savez pas vous soustraire. elle représente tout ce qui fait tes faiblesses mais également tes forces. il y avait des vagues, et l'écume qui restait sur le rivage représentait tout autant de nuages qu'il manquait à votre ciel.
tu souffles, tu parles, tu t'exprimes, comme toujours. tu sais exactement ce que tu lui dis puisque tu connais la partition désormais par coeur. les yeux fermés, tu rejoues les mêmes notes. et ça sonne toujours aussi faux. de quoi je m'excuse ? de l'avoir délaissée, encore ? ou simplement d'être trop faible pour l'aimer exactement comme il le faudrait ? elle est ton manque mais également tes abus. elle est les deux faces d'une même pièce. elle est le mal comme le bien. sa présence te torture autant qu'elle te rassure. (j'ai fait du thé. tu en veux un peu ?) et sa voix te berce, différemment. quelque chose a changé. dans un espace-temps différent, t'aurais compris tout d'suite mais t'es pas vraiment là, t'es presque absent. t'es déjà parti alors que tu viens à peine de la retrouver. t'as fantasmé ces instants si souvent et pourtant, tu t'en soustrais déjà. tu lui appartiens sans jamais vraiment lui appartenir. c'est d'une contradiction déroutante et douloureuse. (je t'en prie, dasaret. je n'ai pas envie de rejouer un film déjà vu cent fois. assis-toi, reprenons cette conversation à son début, il y a des dizaines de raisons pour lesquelles j'ai encore besoin et envie de te voir, mais si tu veux toutes les entendre, il va nous falloir plus de thé.) elle t'invite à t'assoir et tu le fais. ces mots sont pesés, réfléchis, pensés. elle parle doucement, avec un calme qui t'étonne. tu n'sais pas même si tu dois t'en réjouir ou pas. il faut chaud et pourtant tu trembles. tu repenses à ton coeur.
mais il est toujours à l'extérieur.
tu lèves les yeux vers elle. elle est assise juste à côté de toi. le fumet brûle dans deux tasses, la chaleur s'évapore en une fumée envoûtante. tu n'la regardes pas, te concentrant sur le liquide transparent qui danse sous tes yeux. il y avait des vagues. il y en aura toujours entre vous, c'est peut-être pour ça que votre navire sombre à chaque fois que vous quittez le port. (mais si tu veux bien, j'aimerais que tu répondes d'abord à ma question. comment vas-tu, dasaret ?) la question reste en suspend dans l'air, un court instant. tout dire ou tout taire, tu n'hésites pas vraiment. l'année dernière, tu l'abandonnais dans son appartement un post-it sur le réfrigérateur avec une seule promesse : je reviendrai.
t'es revenu.
mais sans les armes que tu croyais nécessaire à ce dernier combat. tu comptais revenir entier, t'es rentré brisé pourtant. tu soupires, souffle sur la tasse, fais s'éloigner la fumée et laisses ton regard se poser dans le vague. (noa est morte.) tu parles bas, à mi-voix. c'est la première information que tu laisses s'échapper sachant pertinemment qu'elle comprendra pourquoi ce fantôme s'installe à nouveau entre vous, comme il l'avait déjà fait à l'époque. tu laisses le silence te briser un peu plus. il y avait des vagues, le souvenir ne te quitte pas. c'est sur ce phare que tu t'es tué, t'es presque sûr. cette nuit-là, t'étais seul, elle n'était qu'un mirage, une métaphore. cette nuit-là, t'as sauté dans les vagues et t'es mort. depuis, ce n'est que le purgatoire. (ma fille est morte.) tu ajoutes, finalement, une larme qui se niche au coin de tes yeux. t'en as déjà parlé, tu l'as raconté à jasper. ça t'avait fait du mal, mais ça t'en fait plus encore aujourd'hui. tu te mords l'intérieur de la joue, tes mains trembles légèrement et quand tu baisses les yeux, tu regardes le liquide dans la tasse. il y a des vagues, c'est un éternel recommencement.
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Kira Abberline
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Sam 6 Fév - 1:44

"hésitante, indécise et lointaine,
pourtant honnête quand elle sourit.
elle valsait, entre bonheur et peine
mais c'était, au fond sa façon d'être ici"


de dasaret, il y avait l'aura noire, qui s'était toujours répandue comme une fumée lourde au ras du sol, dans une ombre inquiétante qui grandissait ou retournait à son nid en fonction des épreuves mises sur son chemin par la vie. mais de dasaret, il y avait aussi l'âme étroite, tronquée au fur et à mesure des années, dans laquelle on avait tranché de larges morceaux rougeoyants, celle qui ne reviendrait plus malgré les nombreux pansements que kira avait tenté d'appliquer.

elle avait réalisé au cours d'une nuit de solitude et de recherche de lui qu'elle n'avait jamais fait que tenter de désinfecter des plaies ouvertes depuis des années, comme si sur le champ de la guerre, elle avait été envoyée pour distribuer des anti-douleurs. il était inutile de se voiler la face : kira n'avait été préparée ni de près ni de loin à retomber dans les méandres douloureuses d'un homme en charpie, et ce malgré le démarrage catastrophique de sa vie. oui, elle avait relevé de sa médiocrité et de sa maladie sa propre mère, de nombreuses fois. mais elle avait aussi espéré s'élever vers un avenir plus chatoyant, aux couleurs plus vives que celle, grisâtre et inquiétante, de la peau de son visage fermé.

il devait dormir si peu que les muscles de son corps semblaient agités de soubresauts nerveux. il avait saisi la tasse dans un tel tremblement que kira avait immédiatement cru que le thé brûlant allait se répandre à ses pieds et clore cet échange bref et intense par une visite rapide aux urgences de la ville. pourtant, à bien le regarder de pied en cap, elle lui trouvait comme un charme fané, quelque chose dans son appropriation de la mélancolie ne lui collait plus aussi bien à la peau. c'est qu'en donnant la vie, kira l'avait irrémédiablement choisie : elle savait qu'elle n'aurait plus jamais le choix que d'avancer, et c'est ainsi ce qui parachevait un peu de la séparer de lui.

au terme d'un silence qu'elle avait volontiers laissé couler, pour lui permettre de choisir l'angle avec lequel il allait revenir dans leur histoire, kira avait pudiquement baissé le regard sur lui alors qu'il avait débité sans aucune émotion visible les terribles mots suivants : (noa est morte.)

et c'est comme si l'ombre, qui attendant patiemment à ses pieds dans des volutes inquiétants, s'explose soudain tout le long des murs. kira cesse tout mouvement, presque jusqu'à respirer, tant elle anticipe la suite du cauchemar. (ma fille est morte.) il termine, en maître conteur de cette histoire terrible, passeur des âmes déchues, il traverse l'espace-temps de lui à elle et kira croit jurer qu'elle voit des morceaux de lui se craqueler et leur échapper.

une larme sourde roule sur sa joue, à elle aussi.

à l'intérieur la tempête s'est presque tue. elle observe, comme leurs deux coeurs, une minute de silence respectueuse et empesée, se riant du destin et de leurs pauvres sentiments. aussitôt, kira prend la décision solitaire de mener au bout ce nouveau chemin de croix, de garder le cap de cette douleur pour en faire la sienne. elle se promet mentalement, dans un serment discret du bout des lèvres, qu'elle épanchera d'abord le sang de sa poitrine ouverte aussi longtemps qu'il le faudra. puis qu'elle trouvera le moyen de le détourner de ces fantômes, de l'attirer sur le chemin opposé, quitte à user de bien des détours.

et c'est alors que, dans un cri déchirant la paisible nuit et l'habitacle de peine qui les entoure, leur fils s'éveille dans un lancinant pleur, marquant le premier coup de pouce du destin vers son objectif ultime.

aussitôt elle capture ses yeux noirs dans un regard étouffé de panique. il est trop tôt, il n'est pas prêt, la vie vient de les déchirer de par et d'autres. mais c'est comme si son fils, de ses lourdes larmes et de sa voix étrangère à toutes ces peines, de sa fraîcheur incandescente sur les cendres de leur histoire, avait décidé par lui-même d'accélérer les choses. elle sait. et il sait aussi. elle sait qu'il a vu passer dans ses pupilles azur l'amour infini de la mère, l'angoisse absolu du rejet, les remords aussi, qui la submergent alors que le fruit de leur amour réclame d'être introduit.

le plus lentement possible et sans le quitter des yeux, elle se laisse aller à son coeur qui hurle et s'agite furieusement. elle se glisse dans le couloir et jusqu'à la chambre de kujtim, laisse aller ses deux bras autour de son petit corps chaud, et expire. une fois. deux fois. trois fois. quatre fois, pour lui.

à son retour dans ce salon éclairé une lumière douce, elle se sent comme le messager d'un espoir beaucoup trop lourd à porter pour elle. elle a le corps agité de longs tremblements d'angoisse, et son regard qui papillonne terriblement d'un visage à l'autre. le constat est absolument sans appel. elle tient dans ses bras le portrait craché de cet homme taciturne et consumé, au visage gris et dévoré par la peine. prise d'un courage bien maigre, les bras qui se serrent autour de son bébé, elle choisit de ne dire mot, alors qu'un regard plein de culpabilité atterrit sur lui.

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