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calvaire. (boyd)
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Ven 23 Oct - 9:51

t'attends patiemment à l'extérieur.
emmitouflé dans ta parka, l'écharpe autour du coup. tu te reconstruis doucement, c'est loin d'être aisé. les blessures vous marquent au fer. tu voudrais oublier mais il reste dans un coin de ton esprit les séquelles de cette relation indigeste qui te hante encore. comme un goût amer d'inachevé. comme s'il avait fallu qu'emma intervienne pour te faire ouvrir les yeux et que, quelque part, tu lui en veuilles aujourd'hui pour te pardonner d'avoir abandonné cet homme que tu aimais.. que tu aimes tant - encore.
cigarette au coin des lèvres, tu sors peu de chez toi. si vivre avec elle peut être considéré comme vivre chez soit, au fond. tu t'sens prisonnier de cette nouvelle vie avec l'intime conviction qu'il te faudra plus que du temps pour passer outre et vivre quelque chose d'autre. t'es bloqué entre deux moments. le coeur enfermé à ses pieds et l'esprit ailleurs. tu t'rappelles de tout, t'oublies rien. parfois, tu frôles ta hanche du doigt et parcours la cicatrice qui s'y trouve en soupirant.
accès de colère.
tu voudrais lui faire payer ta douleur et en même temps, tu voudrais pouvoir te blottir à nouveau contre lui et sentir ce parfum si singulier qui te faisait oublier tous vos problèmes. emma ne devrait plus tarder, il n'y a qu'elle désormais qui puisse t'aider à avancer. comme si sa présence suffisait à t'convaincre que t'avais fait le bon choix. tu bosses, parfois tu sors, mais t'évites un maximum de retourner là où vous viviez. t'as peur de le croiser, de le rencontrer. t'as peur des représailles ou, plutôt, t'as peur de retomber dans l'piège. d'oublier tes grandes résolutions et d'foncer tête baisser vers lui.
une silhouette s'échappe et tu la r'connais, instinctivement.
putain, c'est dingue ce dont le corps peut se souvenir. tu l'regardes qui s'avance vers toi sans même te regarder et, sans savoir vraiment pourquoi, tu cours presque à sa rencontre. t'as c'besoin viscéral de lui parler, comme s'il faisait partie de ta vie alors qu'au fond, il n'avait été que l'infirmier urgentiste qui t'avait pris en charge lors de ta venue, cette nuit d'octobre dernier. à sa hauteur, tu lèves la main en souriant (salut.) tu lui lances, comme expulsé de ton propre corps, le regardant interagir sans comprendre. il lève ses yeux vers toi sans faire le rapprochement. toi tu t'rappelles de son regard, de ses mots. c'est pas agréable comme souvenir, alors pourquoi t'y enfoncer ? (tu t'souviens pas de moi ?) tu lui d'mandes, comme si tu parles à un ancien ami. ancien, oui, il faisait partie d'ta vie d'avant. c'est peut-être pour ça que tu lui causes aujourd'hui.
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Boyd Holden
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Boyd Holden

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Lun 9 Nov - 17:49

et finalement, qu'est ce qui le sort encore de cette spirale dans laquelle il se plonge corps et âme ?

les nuits sont courtes car elles se balancent au bout des perfusions. elles gouttent, lentement pour qu'il ne reste plus que petite flaques grisâtres. c'est bien simple : sa vie, on dirait de la neige qui fond. les jours sont lents malgré l'inversion des pôles. il est de toutes les luttes, tous les fronts, il porte tout à même ses épaules.

ce matin, aux dernières heures de la nuit, au croisement de la nationale 54 et de la route communale 23, il y a eu un accident. une voiture un peu hésitante, un poids-lourd fatigué. l'un qui s'encastre dans la vie de l'autre. le chauffeur est indemne, il tombe sur le bitume en état de choc. vingt minutes plus tard, deux ambulances surgissent dans le jour qui s'enfuit. dans l'une d'entre elle, un jeune homme est déjà en arrêt cardiaque. c'est le troisième. dans l'autre il y a cette jeune femme qui s'accroche à la vie.

lorsque boyd s'extirpe des couloirs blancs et flous de l'hôpital, sur le coup des onze heures, il a les yeux gonflés et rougis. il se prend en pleine tronche et sur ses bras à peine recouverts d'une blouse en papier le froid colérique de trois-rivières. mais il n'est pas là. il est dans cette salle de réanimation à injecter de l'adrénaline, il est dans les yeux de ce médecin qui réalise le pire, il est dans le coeur, battant, de l'enfant qu'elle portait. battant plus pour longtemps.

alors quand cette grande silhouette un peu oscillante se plante devant lui, boyd peine à revenir du monde des morts. il bat de ses grands cils sur ses yeux rouges, une fois, deux fois. il bredouille des mots sans queue ni tête dans un brouillard chaud qui s'échappe de ses lèvres. il retombe sur terre, exsangue, le coeur à même la peau, les premières neiges qui s'écrasent sous ses pieds.

je... il hésite, comme ébloui par la clarté de ses yeux. il y lit tant de choses : l'appréhension mêlée à une promesse d'un souvenir heureux, les coins de sa bouche qui se poussent vers ses deux oreilles à peine découvertes. et boyd qui s'enfonce, lourd, dans le vide que son visage lui inspire. non je... je suis désolé... il finit par articuler, agité de frissons à mesure que le vent glacial se fraie un chemin sous sa veste.

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Jeu 3 Déc - 15:00

et pourquoi ? pourquoi tu t'avances vers lui, pourquoi tu t'imposes à lui, pourquoi tu lui adresses même la parole ? tu t'rappelles de ce regard qu'il avait posé sur tes hématomes et du jugement sous-jacent qu'il n'avait pas même osé exprimer. il était habitué à voir ce genre de choses se produire, c'était routinier pour lui quand ça l'était pour toi aussi, malgré tout. vous vous étiez reconnus dans cette douleur, pas de la même manière cependant.
il était celui qui voyait défiler les corps brisés par l'amour.
t'étais celui qui voyait son corps briser par l'amour.
il était de l'autre côté d'la ligne, cette même ligne qui avait terrassé tes espoirs, tes illusions, tes promesses et tes envies. cette ligne qui avait mis k.o. cette relation vieille de plusieurs années au détriment de ta propre santé. tu s'rais mort pour ses beaux yeux, ils le savent tous. c'est peut-être pour ça qu'elle a voulu t'arracher à lui.
alors pourquoi t'avancer vers lui ?
peut-être parce qu'il est le dernier lien qu'il te reste. celui qui existe encore entre lionel et toi. ce lien tangible qui te marque au fer. celui qui peut te réunir à cet amour désormais perdu. ridicule, pathétique et pourtant encore tellement amoureux. il lève ses yeux vers toi, il balbutie (je...) il cherche, il essaie mais n'y arrive pas. (non je... je suis désolé...)
le lien est mort, et ça t'fait mal.
s'il ne se souvient pas, alors qui peut s'en souvenir ? juste toi, ton épiderme et ton myocarde. les courbatures que tu ressens encore certains matins quand tu ouvres les yeux. celles qui te narguent et te rappellent l'enfer que tu vivais dans le huis clos de votre appartement. tu d'vrais retourner à ta place, retrouver ta vie et oublier cet infirmier pourtant, tu n'bouges pas. t'as besoin qu'il se rappelle, besoin qu'il se souvienne. t'as besoin qu'il soit ce putain d'lien. c'est presque une nécessité, c'est viscéral (tu m'as pris en charge il y a quelque mois. j'étais couvert d'hématomes.) tu lui expliques sans y mettre les termes exactes. t'oses pas prononcer violences conjugales parce que tu refuses d'y croire. il t'aimait. c'était des marques d'affection, n'est-ce pas ? tu t'leurres, encore. toujours, t'oses pas sortir d'ta bulle. t'as peur d'te réveiller. (c'était en octobre.) tu rajoutes, le suppliant presque du regard.
souviens-toi de moi.
que je me souvienne de lui.
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Boyd Holden
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Boyd Holden

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Lun 8 Fév - 12:40

le ciel d'aujourd'hui est étrangement couvert de blanc, se fait seulement maintenant la réflexion boyd, à travers les larmes qui n'en finissent plus de sécher sur ses joues pâles. il a laissé ses couleurs sur les draps souillés de cette intervention, ou peut-être avant, sur la route empruntée pour venir ici hier soir, lors d'une prise de garde qui s'est prolongée.

alors qu'il remontait le couloir d'un pas chancelant, sa chef de service lui a glissé une main sur l'épaule. rentre, boyd. et dors. beaucoup. on se revoit demain. elle avait glissé à son oreille, le laissant libre d'une tape douce dans le dos. il avait mal aux yeux de trop fixer la clarté étincelante de ce carrelage blanc,il voulait reposer les yeux sur la nature imparfaite, sur la terre sale, sur les arbres irréguliers, sur les visages tantôt mornes, tantôt pleins de vie qui passaient inlassablement les portes d'entrées. il se rêvait parfois en gardien de l'hôpital, il aurait passé ses journées à observer les gens à travers les lentilles des caméras de sécurité. il aurait rêvé à leurs existences, à ce qui faisait trembler leur coeur, à ce qui les poussait vers demain. rien, peut-être. peut-être qu'ils étaient tous comme lui.

boyd ne fumait pas, il ne l'avait d'ailleurs jamais fait. mais il avait la gorge sèche et le ventre noué, et il aurait été capable de s'allumer ce bâtonnet, là, tout de suite. il penchait un peu plus pour une rasade bien serrée de vodka, cependant.

mais maintenant ce grand gaillard effacé et bringuebalant se tient là, face à lui, il lui coupe l'accès au soleil et à la vie, il faut absolument qu'il décide d'en faire quelque chose. les deux bras qui reposent mollement contre ses flancs, boyd hésite, longtemps, passant d'un trait à l'autre, d'un éclat gris de pupille à quelques lignes qui se déversent vers la mâchoire. mais c'est le vide. le néant absolu. tout ce qu'il voit, c'est ces grands yeux qui l'avalent, qui semblent définitivement essayer de se frayer un chemin en lui. il se sent vaciller, de nouveau, et balbutie sans réfléchir. ah oui. je me souviens, cinq pauvres mots d'une importance capitale, l'entrée par la double porte dans l'ère du mensonge et de la trahison. peu importe. boyd n'est pas là pour rechercher la vérité. il est là pour maintenir la vie.

et.. ça va mieux ? souffle un boyd presque terrifié, par la portée de ses mots, par cette chape de plomb qui coule le long de ses épaules, et l'enferme dans une journée déjà bien compliquée.
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