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Tom Lussier
to infinity and beyond
Tom Lussier

✩ messages : 687 ✩ avatar : nikolaj
✩ crédits : (c)dovahkiin
★ âge : 57

Mar 13 Oct - 15:41

Le manoir était étrangement silencieux, sans les brunchs dominicaux qui n’étaient franchement plus d’actualité en raison des conflits grandissants. Ne plus entendre Diego jouer les Calimero, ou entendre les sarcasmes de Callie, la volonté d’unir les rangs de Xavier ou bien encore les efforts maquillés de Veronica à jouer les mères modèles quand elle n’avait pas fait mieux que lui. Ce clan avait certes la puissance, mais les rangs étaient tout sauf unis, chacun s’amusant à jouer à une partition propre à chacun, sans se soucier des conséquences sur les autres membres. Tom quitta son bureau et se posta devant la fenêtre, regardant ce paysage qui évoluait au fil des saisons. Le silence assourdissant de la pièce contrastait avec le flux de ses pensées qui se bousculaient à son esprit. Et il avait suffit d’un flash info pour arrêter le geste de sa main qui portait le verre à ses lèvres. Une nouvelle mort à Trois-Rivières, rien de nouveau au soleil, diraient les plus puritains, jusqu’au moment où l’identité de la victime fut annoncée. Callie Lussier. La main du patriarche se desserra, lâchant le contenant qui se brisa au sol. La terre s’ouvrait sous ses pieds, un trou béant se forma dans ce que l’on appelait habituellement le cœur, cet organe dont il était dépourvu. Callie. Était. Morte. Une larme coula sur sa joue, une seule, le signe de cette humanité soudaine, de ce père qui avait manqué à son devoir envers sa propre fille. Aucun souvenir ne lui arrivait en mémoire, pas d’instant privilégié entre eux, aucune anecdote qu’il pourrait évoquer lors des funérailles de son enfant. Reculant d’un pas, il prit sa nuque entre ses mains, se demandant comment cette famille pourrait encore donner le change. Juste quelques minutes d’égarement, de cette faiblesse avant que la colère ne l’emporte face aux sirènes  qui pénétraient dans la propriété. Un peu tard après l’annonce publique par ces vautours. Allaient-ils s’excuser de ne pas avoir fait leur boulot correctement ? Le poing serré, il avait passé la porte de son bureau, prêt à entendre des mots qui ne ramèneraient pas à la vie Callie. Et si le mot suicide était prononcé, Tom était persuadé qu’il perdrait définitivement son calme et qu’il risquait de se faire embarquer pour outrage à agent, et chaque mot ne pourrait malheureusement pas être justifié par le deuil. Le visage impassible qui ne montrait rien de la scène qui avait eu lieu quelques instants plus tôt, il descendit les marches l’une après l’autre, le regard dirigé vers l’entrée où les forces de l’autorité ne venaient en aucun cas présenter leurs condoléances ou des excuses vis-à-vis de leur incompétence notoire. Non, ils s’étaient contenté de passer les menottes à Veronica en lui lisant ses droits. Décidément, la terre s’ouvrait sous leurs pieds, et que son épouse soit arrêtée pour homicide était le clou du spectacle. Sa femme était la meurtrière d’Inès, mais il se refusait de croire qu’elle était seule pour commettre un acte aussi horrible. La guerre était peut-être déclarée, mais en aucun cas, il laisserait la possibilité à quiconque de se repaître de ce qui restait d’eux. Et la vérité sur tout ça allait être mise en lumière, par ses soins, par ceux qui avaient soif de vérité, et non de scoops affriolants.
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Scarlett Poulin
to infinity and beyond
Scarlett Poulin

✩ messages : 949 ✩ avatar : elizabeth gillies.
✩ crédits : ~ moi.
★ âge : 30

Mer 14 Oct - 0:18

La nuit est tombée depuis un moment lorsqu’elle s’engage sur St-Christophe. Il fait particulièrement froid ce soir et le manoir qui se dessine à l’horizon parait abandonné, comme sorti d’un film d’épouvante. Elle retient son souffle depuis que les nouvelles du jour lui sont parvenues, semblables à deux cataclysmes. Un tsunami meurtrier et sa réplique à quelques minutes d’intervalle. Tout a été secoué, emporté par les deux vagues géantes. Il est le seul qui a survécu au drame, patriarche indétrônable dans son chateau déserté. Seul avec sa peine, une douleur nouvelle, jamais ressentie auparavant, celle de la perte d’un enfant. La chair de sa chair, son sang qui revient à l’état de poussière. Quelques semaines plus tôt, il prétendait encore se moquer du destins de ses cadets, pas pour faire bonne figure, il le pensait réellement mais n’imaginait alors pas que l’un d’eux puisse quitter ce monde avant lui. Brutalement. Il n’a pas eu le temps de lui dire au revoir, ni même -je t’aime-. Il a juste eu le temps d’entendre son nom prononcé par un journaliste inconnu en direct à la télévision. Et c’est tout son monde qui s’est écroulé, comme la tour Sud du World Trade Center en 2001, d’un seul coup, comme un chateau de cartes balayé par la brise. Tapis.
Les poings serrés, la gorge nouée, elle repère la voiture de Xavier dans l’allée et une unique lumière qui brille à travers d’épais rideaux. Le bureau de Tom est éclairé, le dernier phare dans la nuit. Xavier disait vrai, le manoir était méconnaissable, la superbe des dimanches ensoleillés disparue dans les abysses du deuil. Lorsqu’elle entre, c’est le silence qui la happe, qui l’étouffe de ses bras. Sa respiration résonne dans le vestibule, s’heurte à l’immense escalier, retombe contre le marbre brillant. Au bout du couloir, elle repère la porte entrouverte du bureau de Tom. Habituellement elle est fermée mais cette précaution est inutile désormais, il n’y a plus personne pour écouter les conversations indiscrètes, pour se délecter des tractations stratégiques de l’homme d’affaires de l’année.
Il n’y aurait plus personne.
Il n’y avait plus qu’eux.
Trois âmes meurtries par le mensonge et hantées par la mort.
« Tom... » Elle pousse délicatement la porte, un peu tremblante, un peu en vrac, un peu à l’ouest. Leurs regards s’entrechoquent l’espace d’un millième de seconde qui remplace tous les mots qu’il n’a pas la force de prononcer et qu’elle ne trouve pas. C’est la première fois qu’elles sont empreintes de tristesse, ses pupilles tantôt conquérantes, colériques, contrariées. Il est là, dans son fauteuil en cuir, face à l’unique fils qu’il lui reste. Celui qui a fait un hold-up de son coeur et qu’elle n’a plus vu, en chair et en os, depuis plus de quatre mois. La moitié de l’éternité. « Xav... » Le silence est étourdissant, l’asphyxie, manque de faire poindre quelques larmes à la commissure de ses cils.
En avançant vers les deux hommes qui sont les plus importants à ses yeux, elle se demande si tout ceci est bien réel. Elle se demande quelle preuve irréfutable a permis l’arrestation de Veronica et si, celle de Charles va suivre dans les prochaines heures. Pendant une seconde, elle regrette de ne pas les avoir dénoncé lorsqu’elle en a eu l’occasion mais sait, au fond d’elle, qu’elle a fait le seul choix sensé : celui qu’Inès aurait voulu. Fomenter une vengeance magistrale pour qu’elle ne soit pas morte en vain, lui rendre justice autrement qu’en écopant simplement d’une peine de prison.
Elle s’installe à coté de Xavier, sans oser le regarder pour le moment; elle attrape sa main, à tâtons. Cette main qu’elle connait par coeur, qui était toujours là, contre son épaule lorsque ça n’allait pas. Elle entrelace ses doigts aux siens, dans un geste empli de gratitude et de tendresse ; exerce une pression suffisamment forte pour lui prouver qu’elle a encore le courage de se battre. Un supplément d’âme qu’il lui a insufflé, transmis, chaque fois qu’il a été là pour elle. « Est-ce qu’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ? » Elle s’adresse aussi bien au père qu’au fils, cherche à conjurer le silence en évitant de plonger dans les affres de la consolation, parce qu’elle est davantage taillée pour trouver des solutions que pour sécher les larmes.
Et déjà, elle sait que rien ne pourra modifier le passé, que quoi qu’elle fasse ne changera rien, qu’il n’existe pas de machine à remonter dans le temps.
Elles sont mortes, l’une comme l’autre.
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