bastian.. juste de penser à ce nom la chavirait. elle l’avait dans la tête et dans la peau. elle ne pouvait faire taire ses sentiments qui lui criaient d’aller le retrouver et de ne plus jamais s’en séparer. chaque chose qu’elle voyait, chaque moment nouveau lui faisait penser à lui. dans tout ce qu’elle faisait, elle se plaisait à imaginer comment ça se passerait s’il était là. depuis qu’ils s’étaient revus il y a quelques semaines, ce sentiment ne la quittait pas. le revoir l’avait chamboulée. elle ne savait même pas qu’il était de retour à trois-rivières. ç’avait été la première fois qu’ils se revoyaient depuis leur rupture qui avait eu lieu bien des années auparavant. depuis ce temps, elle ressentait un puissant besoin de le revoir. elle voulait lui ouvrir son cœur et faire table rase sur le passé. donc, sans plus attendre, elle s’était pointée chez lui pour enfin clore la question une bonne fois pour toutes et prendre les décisions qui s’avéraient nécessaires. sans avertissement préalable, la voilà qui sonnait chez lui, le cœur battant à toute allure. elle croisa les doigts pour qu’il soit présent… et seul surtout. elle ne sait pas comment elle réagirait si elle le trouvait avec une autre fille. dès qu’il ouvre la porte, elle lui balance ses paroles en une seule expiration, tellement elle a peur de changer d’idée à la dernière seconde. « j’arrête pas de penser à notre dernière conversation. je suis comme obsédée par tout ce que tu m’as dit. je pouvais pas m’en tenir qu’à ça. » à voir la tête qu’il fait, il ne s’attendait pas à ça. mais lydia avait besoin de plus. les paroles prononcées par bastian lors de leur dernière conversation contenaient tellement de promesses impossibles et lui faisait aspirer à un avenir tellement beau et rempli d’amour. peut-être qu’il était temps de reprendre là ou ils s’étaient laissés. ne pas mettre une croix définitive sur eux, sur ce qu’ils avaient été, sur ce qu’ils avaient vécu. ça avait été fort. elle ne l’oublierait jamais.

ça tournait en boucle dans ta tête et ton esprit.
tu n'savais pas vraiment si tu avais rêvé ta rencontre avec lydia où si cette dernière avait été aussi réelle que tu croyais l'ressentir dans ton épiderme à chaque fois que t'y songeais à nouveau. elle ne te quittait plus, curieuse obsession d'un passé qui ne t'appartenait plus vraiment. t'avais existé dans cette réalité là, t'avais eu ta chance et puis, t'avais tout envoyé paître pour t'enfuir, t'évanouir. t'avais eu besoin de passer à autre chose, d'oublier jusqu'à ton nom pour te reconstruire.
fatale erreur, n'est-ce pas ?
ton retour à trois-rivières coïncide avec beaucoup trop de choses en même temps. et, bizarrement, tu n't'es jamais senti autant à ta place qu'en ce jour. même si la situation te dépasse, tu repenses à lydia au quotidien, comme si elle ne te quittait déjà plus. t'aurais voulu lui dire plus, lui expliquer pourquoi t'avais quitté trois-rivières et recoller les morceaux d'une histoire que t'avais brisée. t'étais resté muet, t'avais juste sous-entendu la force de tes sentiments à son égard sans chercher à ce qu'elle soit réciproque.
et puis, on frappe à ta porte. t'es tout juste habillé d'ton pyjama dans lequel t'as décidé de traîner toute la journée quand tu ouvres la porte sur son visage. est-ce un mirage ? tu r'ssens comme une bouffée d'oxygène alors qu'elle se lance dans un monologue éreintant. (j’arrête pas de penser à notre dernière conversation. je suis comme obsédée par tout ce que tu m’as dit. je pouvais pas m’en tenir qu’à ça.) est-ce la réponse que t'attendait ? celle qui te confirmerait ce que tu croyais déjà savoir ? tu marques une pause, reprends ton souffle. étourdi, c'est vrai. hier, tu voyais noémie.. c'est injuste pour lydia d'le savoir et pourtant, t'as l'sentiment d'lui devoir toutes les vérités du monde, non ? tu passes une main derrière ton crâne. (je.. lydia.. je suis surpris. tu veux.. enfin, entre.) tu lui dis en te décalant. toutes les vérités ne sont pas bonnes.. tu n'y songes pas, pas un seul instant. tu la regardes, elle, ses cheveux d'or qui dansent sur sa nuque. tu souris, bêtement. (qu'est-ce que.. qu'est-ce que tu veux savoir ?) tu lui demandes, sans prendre de gants.

quand l'autre n'est pas là et qu'on ne comprend pas, on a tendance à faire soi-même les questions et les réponses. lydia s'était contentée de ne garder dans sa tête que les réponses qui la satisfaisaient. cela peut avoir aussi bien des désavantages si l'on considère que l'être aimé nous offre une toute autre réponse au moment venu. afin d'éviter de se prendre la tête avec ce casse-tête éternel, elle avait décidé d'aller directement confronter bastian pour avoir enfin des réponses. il lui ouvre la porte, à moitié vêtu et cette image n'est pas pour déplaire à lydia. il semble désarçonné par sa présence, mais il la laisse entrer. peut-être qu'il était curieux de savoir ce qu'elle voulait. "j'veux savoir si tout ça est dans ma tête. j'veux savoir pourquoi j'ai envie de te sauter dessus à chaque fois que tu poses le regard sur moi, même après toutes ces années." il y avait tant d'autres choses qu'elle désirait ardemment savoir. pourquoi elle n'arrivait pas à oublier les petits détails insignifiants de sa vie comme ce qu'il met dans son café ou sa sorte de céréales préférée. elle reprend son souffle. elle n'ose plus le regarder dans les yeux, alors elle fixe le plancher. lydia a l'impression que d'avoir mis des mots sur ses pensées l'éloignait un peu plus de bastian. la gêne l'éloignait de lui, car une part d'elle n'assumait pas encore complètement la situation. "je veux savoir s'il existe encore un peu de ce nous d'avant." elle prononce cette phrase comme un dernier souffle. elle espère qu'elle ne l'effraiera pas avec ses questions existentielles et qu'il n'aura pas envie de la mettre à la porte. c'était sa chance de s'expliquer avec bastian, puisque leur dernière conversation ne lui avait pas donné toutes les informations dont elle avait besoin.

avis de tempête.
tu l'sais, tu l'vois, tu l'devines. elle entre en trombe. quelque chose la tourmente. elle se pose des questions, ça s'lit dans ses iris, dans ses mouvements un peu brusques et dans cette manière bien à elle de se dresser d'vant toi. elle est bourrée d'une assurance nouvelle. putain qu'elle est belle, tu t'dis en la détaillant. putain qu'elle est belle, tu t'répètes en sentant ton coeur s'emballer. (j'veux savoir si tout ça est dans ma tête. j'veux savoir pourquoi j'ai envie de te sauter dessus à chaque fois que tu poses le regard sur moi, même après toutes ces années.) et tout s'arrête autour de toi.
tu t'attendais à tout, sauf à ça. cette vérité-là sur laquelle tu fantasmes depuis la dernière fois que tu l'as vue. à chaque fois que t'as pu la croiser en ville, tu n'as eu qu'une envie, la rejoindre, l'embrasser, l'enlacer.. l'aimer, merde, tout simplement. mais t'as jamais osé. tu voulais pas brusquer les choses, moins encore vos souvenirs. tu gardais d'elle une histoire qui te faisait encore chavirer mais t'avais peur que ça puisse être trop beau pour exister à nouveau. elle fuit ton regard, comme gênée. elle ajoute (je veux savoir s'il existe encore un peu de ce nous d'avant.) et c'est la seule chose que t'avais besoin de savoir. tu t'avances vers elle.
ton index frôle son menton.
tu la forces à lever les yeux vers toi en souriant. tes yeux se glissent dans les siens avec malice et puis, tu avances ton visage vers le sien. tu poses tes lèvres sur les siennes pour l'embrasser avec une délicatesse qui fait vibrer le sol tout autour de toi. ton myocarde ralenti, ton souffle s'écrase à l'embouchure de sa bouche alors que tu te décales gentiment pour l'observer, les yeux pétillants. (est-ce que ça répond à ta question ?) tu lui dis, les mains tremblantes qui, pourtant, restent ancrées à son visage un court instant. et puis, tu souris un peu plus.. comblé par ce qu'il vient de se produire.

lydia avait cet oppressant besoin de franchise. elle devait tout savoir ce que bastian pensait, ressentait, pour ne pas espérer inutilement, pour voir s’il y avait encore une porte ouverte de son côté et pour terminer son processus de guérison. elle n’avait pas peur des mots. elle les voulait crus, francs, ressentis, même s’ils risquaient de lui faire plus de mal que de bien. son premier amour est là devant elle et la voilà qu’elle lui ouvre son cœur. dans une dernière tentative de reconquête. toutes leurs dernières rencontres l’avaient bouleversée et il fallait qu’elle y voie plus clair. même si leur passé serait toujours comme une tierce personne omniprésente dans leur couple, elle était persuadée qu’ils pourraient aller de l’avant s’ils mettaient les choses au clair et surtout, s’ils s’en donnaient la chance.

la dernière chance.
parce que lydia n’aurait plus l’énergie de se relever à nouveau après un énième rejet.

elle s’avance, gênée, entièrement mélangée et elle adresse l’ultime question à bastian, à savoir s’il existe encore un eux. et sa réponse est si douce… quasiment inespérée. il lui relève le menton, tellement délicatement, afin de forcer ses prunelles émeraude à plonger dans les noisettes pétillantes de bastian. afin qu’elle perçoive dans son regard ses désirs et ses insécurités. et il l’embrasse. quand il pose ses lèvres sur les siennes, elle oublie de respirer. c’est une lydia totalement ébahie qui se tient devant lui. il reste là à lui tenir le visage, comme si elle était son bien le plus précieux. « je… oui. plus que tout ce que j’espérais. »

est-il possible qu’ils soient enfin sur la même longueur d’ondes après toutes ces années ?

elle ressent soudainement le besoin pressant de l’embrasser à nouveau. comme pour se prouver que tout cela était bien réel et pour lui répondre en retour dans une promesse silencieuse. elle se lance sur lui et lui retourne son baiser dans un geste passionné. mais, même si son cœur déborde de bonheur, il y a une part de son cerveau qui la raisonne. à son tour de le forcer à la regarder. « pas de fausses promesses. je veux que cette fois soit la bonne. je ne pourrai pas supporter de te perdre à nouveau. » elle flatte son visage, comme pour en imprégner chaque forme, chaque relief sur ses paumes. lydia pèse dix tonnes de moins. elle ne touche plus à terre. elle flotte, tout simplement.

et le temps s'arrête, c'est sûr. t'oublies tout, jusqu'à ton prénom. t'es même plus ici, t'es même plus sur terre. ce qui te dépasse, au fond, te semble brusquement accessible. comme si la lune était à portée de mains. tu l'embrasses comme si ça suffisait à répondre à toutes tes propres interrogations. jusqu'à cet instant précis, tu n'savais pas.
je prendrais mon temps. t'avais dit à plusieurs reprises, comme pour te persuader que tu étais un mec bien. j'veux pas être en couple, t'avais répété comme un gamin pour justifier ta couardise. mais au fond, tu l'avais su, dès l'instant où tu l'avais revue. il n'y a qu'elle. et ça dure depuis toujours. Lydia fait partie de toi, jusqu'à être tatouée sur ton myocarde. j'veux prendre mon temps, mais non, en vrai. t'avais rêvé de cet instant de nombreuses fois. à dire vrai, t'avais espéré qu'elle débarque chez toi, qu'elle te bouscule et que tu l'embrasses. comme tu l'fais maintenant. un instant hors du temps, qui n'appartient qu'à vous mais qui scelle une promesse qui existe déjà depuis longtemps.
- je… oui. plus que tout ce que j’espérais. son sourire est sincère, radieux. il illumine jusqu'aux recoins les plus sombres de ton âme. tu reprends vie, de la couleur. alors qu'elle enveloppe ton visage de ses mains et qu'elle embrasse à nouveau tes lèvres. le baiser est plus passionné qu'avant, moins conventionnel et timide, plus fougueux. tu la laisses faire en fermant els yeux. profitant de cet instant comme pour te souvenir de tout ce quet u as toujours pu ressentir pour elle. quand elle se dégage, son expression a légèrement changé. elle te fusille presque du regard en te disant pas de fausses promesses. je veux que cette fois soit la bonne. je ne pourrai pas supporter de te perdre à nouveau. et tu esquisses un sourire. ta main gauche se glisse dans son dos tandis que de la pulpe des doigts de ta main droite, tu caresses son visage, en dessines les moindres reliefs.
- pas de fausses promesses. tu répètes, goguenard. comme un gosse le matin de Noël. heureux, tout simplement. j'ai besoin de toi Lydia. je crois que je le sais depuis longtemps mais que j'ai jamais eu à coeur de m'en convaincre. tu lui avoues, lui confesses. tu voudrais aussi lui raconter tes mésaventures, lui parler de Brooklyn et de Cuba. mais pas tout de suite. t'as peur de ses réactions, peur de la blesser, de la décevoir.

en ce moment, elle flotte sur un nuage d’amour et de bien-être. nuage tellement confortable dont elle ne voudrait jamais redescendre. ces baisers échangés signifient pour elle qu’il y a encore quelque chose de possible et qu’en quelque part, il était prêt à sauter dans un train vers l’avenir avec elle. avenir encore inconnu, mais qu’ils construiraient ensemble. tout est à refaire. ils doivent tout reprendre de zéro pour que cette fois ça fonctionne entre eux. rapidement, elle lui demande qu’ils ne se fassent pas de fausses promesses. elle a été brisée une fois, elle n’accepterait pas de l’être à nouveau. avec tout ce qu’elle a vécu dernièrement comme mésaventures, elle ne le supporterait pas. elle va perdre le contrôle d’elle-même si ça continue. lydia le sent sincère quand il la fixe dans les yeux, qu’il caresse son visage comme si elle était la chose la plus précieuse au monde et qu’il répète pas de fausses promesses. les confessions qu’il lui fait lui font du bien, la rassurent. « je suis contente de te l’entendre dire. » pour elle, c’est une évidence depuis longtemps. elle enchaîne. « l’autre fois quand je t’ai vu avec le gosse et que tu m’a dis que tu avais refait ta vie, j’ai tellement eu mal. je croyais vraiment que kian c’était ton gosse. et moi pendant ce temps-là j’étais enceinte. en nous regardant tous les deux, à des kilomètres de ce qu’on était, je me suis dit mais quelle ironie. » elle ne lui parle pas de sa fausse couche. pas tout de suite. ce serait trop d’informations d’un coup. elle était enceinte d’un inconnu à ce moment et elle avait pris la décision de garder l’enfant, même si le mec en question n’était pas au courant qu’il avait un enfant. mais dans son avenir idéal, ç’aurait dû être bastian le père de cet enfant. « beaucoup d’années ont passées, bastian. je pense qu’il faut tout se dire pour pouvoir repartir sur de bonnes bases. en tout cas, de mon côté il y a des choses que je veux que tu saches. » elle marque une pause, lui laissant le temps d’absorber tout ça. un choc à la fois, c’était mieux.