depuis que Xavier a perdu sa soeur, les horaires se multiplient pour toi et tu dois bien admettre que tenir la barre seul te demande pas mal d'efforts. sans doute trop puisque tu n'as toujours pas pu régler
le problème le plus important que tu t'étais juré de régler ;
le mariage de ta soeur. auquel tu n'as toujours pas mis fin malgré tes menaces transmises à Lit. t'as l'coeur lourd, en ce moment. sans doute qu'on t'en demande trop, qu'on en attend trop de toi ou simplement que t'es pas d'taille à gérer tout ça.
balivernes, t'es un monstre quand tu veux. un vrai bourreau de travail. et t'enfermer dans ton bureau des nuits entières ne t'effraie pas. pour autant, il y a toujours cette ombre au tableau. ce mariage qui se profile et qui n'augure rien de bon pour personne. comme à l'accoutumée, t'es plongé dans tes papiers. en ce qui concerne le bar, tout fonctionne à merveilles et tu sais qu'il serait temps pour vous de passer la seconde.
Xavier serait d'accord. vous en aviez longuement discuté. voilà près d'un an que la machine est en route et que les clients se font toujours plus fidèles les uns que les autres. t'as déjà tâté le terrain avec Fanny.. et tu songes sérieusement à convoquer la seconde serveuse préférée des clients lorsque t'entends frapper à ta porte. tu grognes un son qui doit sûrement la convaincre de pousser le bois puisque t'entends une voix féminine t'appeler :
- Mandy... je peux te déranger cinq minutes, s’il te plaît ? à moins que le porno offre à ses actrices des talents particuliers pour lire dans les pensées, tu crierais presque au miracle.
je pensais justement à toi, petit chaperon rouge, tu songes en levant les yeux vers la douce créature qui s'avance vers ton bureau. tu opines du chef, pour toute réponse. le tutoiement est devenu normal entre vous..
après lui avoir pratiquement léché la plante des pieds, la vouvoyer aurait sonné particulièrement obséquieux, pour autant, elle témoigne d'un respect dont tu lui sais gré depuis toujours. Lila est une bosseuse, impliquée et volontaire.
rien d'étonnant quand on connait son parcours. néanmoins, elle mérite un peu de ta gratitude. tu lui offriras donc bien cinq minutes de ton temps précieux.
j’ai besoin d’argent. droit au but, comme toujours. t'apprécies ça chez elle. pas de fioritures ni de faux semblant. la vérité toute nue.
toute nue, le terme t'arrache un sourire. tu l'observes se dandiner jusqu'à la chaise, s'y installer maladroitement et te regarder comme si tu possédais jusqu'aux pouvoirs du Père Noël. elle te supplie du regard, pas le peine d'avoir suivi des études en psychologie pour sentir le désespoir qui transpire de tous les pores de sa chair. tu soutiens son regard. elle enchaîne.
je suis vraiment gênée de te demander ça mais je m’en sors plus... je te rembourserai tout, jusqu’au dernier centime. elle promet et, là encore, tu opines du chef. tu ne lui donnes pas raison ou ne lui indiques pas que tu seras prêt à l'aider mais simplement qu'elle peut continuer à chanter sa douce litanie. tu aimes qu'on te
supplie, qu'on t'appelle à l'aide. pour un peu, tu dézipperais presque ton jean pour pouvoir librement te toucher en l'observant te quémander ce dont elle a désespérément besoin.
pour un peu, tu laisserais libre court à cette sensation puissante de pouvoir qui t'étouffe presque face à cette
pauvre petite chose fragile.
pour un peu, tu t'sentirais presque à l'étroit dans ton futal alors qu'elle ajoute, les yeux humides :
tu... tu penses que tu peux m’aider ? et tu souris, un peu plus fort. réflexe machiste et animal, ta main glisse sur ton entrejambe sans pour autant y faire quoi que ce soit. te redressant sur son fauteuil, tu la dévisages dans son uniforme si court.
elle est excitante, Lila l'a toujours été. tu mentirais si tu n'avouais pas avoir été fouillé dans son passé et avoir perdu des heures à admirer ses talents d'
actrice. tu mentirais si tu n'disais pas que votre premier échange ne t'avait pas laissé un goût tantrique en bouche.
tu mentirais.. alors tu t'penches en avant, sans cesser de sourire.
- et si tu déboutonnais un peu ta chemise avant de réitérer ta demande ? tu plaisantes même pas, c'est sans doute le pire. un beau jour, tu t'excuseras pour ce comportement abject dont tu as toujours su faire preuve. cette misogynie affecte te vaudra les clés de la porte des enfers quand il sera l'heure de faire le bilan.
un jour, tu réaliseras sans doute que tu n'avais pas le droit de leur demander tout ça. mais ce jour-là n'est pas encore arrivé.
je serai sans doute plus disposé à t'aider si tu me servais un verre de scotch, également. tu ajoutes, roi tout puissant posé sur ton trône. sans la quitter du regard, espérant sans doute qu'elle prenne peur et s'enfuie.
elle ne le fera pourtant pas.