La Saint-Valentin avait eu lieu, les clients avaient été nombreux à venir chercher des pâtisseries sur lesquels des petits cœurs étaient parsemés. Les couples amoureux avaient franchi le seuil de la pâtisserie, mais également les célibataires qui avaient décidé qu’il n’y avait pas de raison pour se laisser aller et déprimer. Enea n’avait jamais été une adepte de cette fête commerciale, de toutes les preuves d’amour faites en une seule journée, comme si tout le reste de l’année ne comptait pas. Pendant quelques mois, elle avait eu droit à son conte de fées, à sa grande histoire d’amour avec l’ébéniste du prénom de Lior, celui qui lui avait offert le plus beau des cadeaux, une petite fille qui brillait comme un véritable petit rayon de soleil. Alors autant dire que la pâtissière rayonnait également, sans avoir besoin d’un homme à ses cotés, sans avoir une histoire d’amour dégoulinante à l’eau de rose digne des plus belles comédies romantiques. Aucun milliardaire apparaîtrait pour l’embarquer dans sa limousine ou un biker qui viendrait la kidnapper à la sortie de sa boutique. Son sourire s’étira alors qu’elle se laissait emporter par divers scenarios plus improbables que jamais, qui ne se produiraient jamais. Enea était tout sauf crédule et n’obtiendrait pas la palme de la femme la plus naïve, parce que son tempérament l’avait conduite vers son lot d’aventures, même si aujourd’hui, cela se résumait à des petits plats cuisinés pour Lily, à aller se promener en poussette. Entre la boutique, son rôle de maman, elle n’avait guère le temps de partir à la quête d’un quelconque prince charmant, même si recevoir des roses était loin d’être déplaisant. c’était ce genre de pensées qui l’animait alors qu’elle ôtait les décorations de la boutique. Exit le rouge, les cœurs et les bougies, bientôt les fleurs du renouveau arriveraient, et le printemps s’installerait de ci, de là pour attirer les clients. Déjà quelques idées naissaient en son esprit, et elle sut qu’un passage chez Bonnie serait nécessaire, voire indispensable. Elle finit par tout ranger, et sortit de la pâtisserie pour se rendre chez son amie fleuriste dont la boutique jouxtait la sienne. Elle passa le seuil, le carillon signalant sa présence. « bonjour voisine. Toi aussi tu supprimes les traces de la Saint-Valentin ? » . Elle usait du ton de l’humour, vu que la boutique était vide pour l’instant, et qu’elles semblaient être en accord sur leur activité de l’instant.