Contrairement au choix de Rose qui se voulait naturel pour le rôle de marraine d’Eve, Juliet méritait tout autant de faire partie de la vie de ta fille. Lien du sang oblige, sans vouloir en dire davantage à ta puce lorsque les questions commenceraient à fuser sur son père. Le père absent sur les photos de famille, aux repas d’anniversaire, au quotidien tout simplement. Une absence qui pesait au final, toute seule et tu te faisais une raison, jusqu’à dernièrement. La rencontre chez la fleuriste avait réveillé la douleur mais aussi une colère méconnue jusqu’à présent. Celle que l’amour pour ta fille avait su bâillonner, su faire taire pour lui donner tout l’amour que tu pouvais lui donner. Les larmes versées sur une tombe vide avait eu raison d’une bonne partie de tes forces, celles que tu aurais pu mettre dans une autre bataille, celle dans laquelle tu t’apparentais à un dommage collatéral. Sans aucune importance, celle qui ne comptait pas autant que cela au final. Tu aurais pu accepter les mensonges d’Ange, s’il n’y avait pas eu Eve. Au pire, tu l’aurais détesté de tout ton être, tu aurais brûlé tous vos souvenirs de week-end, toutes vos danses sur un air latino ou sur d’autres musiques que tu ne parvenais plus à écouter. Comme par déni de ce que vous aviez connu, ou par volonté de te préserver, ou de préserver le reste du cœur qu’il n’avait pas piétiné dans la neige ou dans cette boutique avec son bouquet destiné à une autre. blonde mais pas stupide jusqu’au bout . Mais certains des propos tenus par le père de ta fille ne quittaient pas ton esprit, résonnaient en un écho permanent. Juliet savait que son frère n’appartenait pas à l’au-delà, et elle n’avait pas pris le soin de t’avertir. En un sens, tu lui en voulais, même si elle n’avait aucun compte à te rendre. Mais vous aviez pleuré ensemble, vous aviez passé du temps ensemble à évoquer Ange, ses qualités, ses défauts. Tu l’avais impliquée dans la vie d’Eve, quand bien même vous ayez commencé à vous éloigner. La douleur sans doute trop vivace qui vous coûtait, vous rappelant le vide, un leurre pour vous deux. Tu soupirais alors que tu mettais les dernières touches de maquillage sur ton visage, pour t’accorder au carnaval, pour accompagner ta fille et retrouver Juliet. Demande express de la petite princesse, qui semblait vouloir à tout prix voir ses marraines, pour parader et obtenir un peu plus de compliments que ceux que tu lui avais déjà prodigués. Enfin prêtes, direction le lieu du départ où tu vis les yeux de ta fille briller, comme au matin de Noël et tu lui enviais cette innocence, ce don de s’émerveiller de tout et de rien. « maman, y a Juliet » , dit-elle en désignant du doigt la foule. Tu cherchas du regard la jeune femme que tu finis par apercevoir, et tu attendis qu’elle arrive plus près de vous afin d’autoriser ta petite tête blonde à aller vers elle. Aussi rapidement que sa robe le lui permettait. Tes lèvres s’étirèrent en un sourire de fierté, oubliant un court instant les non-dits de ton ancienne quasi belle-sœur. « hey, salut » . Mal à l’aise et ne tenant pas à montrer le malaise à ta fille de te retrouver face à Juliet, le carnaval s’avérait compliqué à affronter. Du moins, pour l’instant.

ta vie prenait en ce moment un tournant auquel tu ne t'attendais pas le moins du monde. toi qui pensais que la mort d'ange resterait l'événement le plus difficile à vivre pour les quelques années à venir, tu te trompais. parce qu'ange se trouvait bel et bien en vie. et tu venais tout juste de l'apprendre. une nouvelle pour le moins bouleversante, tu ne peux le cacher. une nouvelle qui venait remettre en cause beaucoup de choses de ta vie, mais qui te confirmait au moins une chose. tu faisais bien de faire des recherches sur sa mort. tu savais que quelque chose clochait à ce propos et même si beaucoup te demandait de laisser tomber et de te décider à faire ton deuil, toi tu ne lâchais rien. voulant à tout prix prouver que la mort de ton frère ne pouvait s'expliquer par un simple accident. quelque chose d'autre se cachait derrière tout ça et le fait qu'il revienne aujourd'hui à trois-rivières, bien vivant, te prouvait tout cela. il te faudrait sans doute encore du temps pour réaliser ce que tout cela signifie vraiment. pour l'heure, il te restait encore des tas de questions auxquels tu ne pouvais pour le moment obtenir de réponses. tu voulais savoir toute l'histoire, les moindres détails. mais surtout, tu voulais découvrir en quoi la famille lebowski pouvait se lier à tout ça. dernièrement tu découvrais avec ali ce nom de famille dans les dossiers qui concernaient l'affaire de ton frère. alors aujourd'hui, tu veux pouvoir comprendre aussi ce côté-là de l'histoire. toi qui tombes peu à peu amoureuse de sin, tu ne peux certainement pas rester là sans essayer de comprendre. mais enfin, aujourd'hui, tu devais affronter une toute autre personne. leah. ses messages t'indiquaient qu'elle savait pour ange. vous alliez forcément en parler et tu ne savais pas si tu te sentais vraiment prête pour ça. pourtant, tu te rendais au carnaval, pour la retrouver. comme prévu. tu ne tardais pas à la retrouver, avec eve, sa magnifique fille. celle de ton frère aussi. ça te fait toujours un petit pincement quand tu la vois. mais pas aujourd'hui. parce que tu sais à présent que les choses vont changer. pour elle, tu l'espères. même si tu ne sais pas ce que ton frère va faire. tu ne connais pas ses plans dans toute cette histoire. hey, salut. tu regardes leah avec un mince sourire alors que tu le sens, ce malaise qui s'installe entre vous deux. salut leah, tu vas bien ? tu demandes gentiment, essayant de lancer la conversation avant de baisser ton regard vers celui de la belle eve. salut eve, alors montres-moi cette belle robe de princesse. elle te va tellement bien. tu lances tout en t'accroupissant pour la prendre dans tes bras. tu adorais cette petite, vraiment. quand elle souriait, tu croyais toujours voir ton frère. le même sourire, le même rie. il ne pouvait la renier, en tout cas.

La réalité refaisait toujours surface, point indéniable qui se vérifiait encore et encore. Tu ne t’y attendais pas réellement, voire même pas du tout. Tu t’efforçais de faire bonne figure, de continuer ton existence avec ta fille. Comme si le soleil brillait depuis toujours au-dessus de ta tête, sans aucun nuage noir. Les gens se leurraient et pas qu’un peu. Tes yeux bleus cachaient des tonnes de larmes versées pour un homme décédé qui se voulait plus vivant que ta fille ou ta sœur. Un constat fait dans une boutique, celle où tu repérais les fleurs pour le mariage d’Indiana. Juste un quotidien bouleversé en un regard, en quelques mots, par des révélations abracadabrantesques. Une mort simulée pour vivre. vivre ou survivre demeurait la meilleure expression pour désigner la situation du père de ta fille. Celle qui ne te concernait pas, ou plus à présent. Le constat se voulait simple : tu protégerais ta fille et mettrais tout en œuvre pour qu’il ne découvre jamais, ou du moins le plus tard possible, sa paternité. Et tu espérais également que Juliet ne dirait rien, elle qui connaissait la vérité depuis plus longtemps que toi, et autant dire qu’il te faudrait du temps pour faire passer la pilule, ou du moins des explications que tu réclamerais à Juliet. Rapidement. Le fait qu’Eve réclame sa tante te donnait une occasion en or de parler, même si la présence de ta fille rendrait les choses compliquées, elle qui ignorait tout sur son père. Alors certes, du haut de deux ans et demi, elle ne comprendrait pas votre conversation. Toutefois, tu ne comptais pas ruiner votre moment à trois, ou venir jeter un froid. pas en plein carnaval, alors que les costumes vous vendaient du rêve, enfin surtout celui de ta puce. À peine arrivées, tout le monde se trouva, et tu ne savais pas vraiment sur quel pied danser, ni comment passer au-dessus de l’information qui ne quittait pas ton esprit. Pourtant, tu te mis à sourire. « ça va. Et toi ? » . Tu ne comptais pas lancer les hostilités, lui demander des comptes. Non pas dans l’immédiat, car votre peine demeurait la même, les nuits à pleurer ensemble ne se comptaient plus. Tu ne comptais pas réviser ton jugement sur tous ces moments passés, sur votre amitié, sur ce qui vous liait. Tu regardas ta fille passer ses petits bras autour du cou de Juliet, et ton sourire s’étira. Tout comme celui de ta puce. « un véritable amour. Qui lui ressemble de plus en plus » . Les yeux, le sourire, la preuve sous ton regard au quotidien de la passion avec Ange, de cette histoire qui refaisait surface.

ça te faisait toujours du bien de passer un moment au carnaval de trois-rivières. l'ambiance te permettait de garder le sourire, surtout. en ce moment, il le fallait. parce que des informations ne cessaient de tomber dessus. tels des bombes qu'on t'envoyait les unes après les autres. et parfois, tu te disais que tu ne pourrais tenir le coup. que tu allais finir par sombrer et tout laisser tomber. pourtant, tu devais te montrer forte. le retour d'ange dans ta vie te permettait déjà de voir que tu visais juste. pendant tout ce temps où on te croyait folle. tu posais en fait le doigt sur une vérité. il ne s'agissait pas d'un accident. non, en fait, ange demeurait toujours en vie. ça tu ne l'imaginais pas par contre. et forcément, tu vivais ça comme un sacré choc. pas encore certaine de savoir comment tu allais devoir gérer tout ça. encore loin de pouvoir obtenir toutes les réponses que tu attends de sa part. tu dois faire preuve de patience. tout vient à point à qui sait attendre. tu le sais bien, mais en même temps tu ne pouvais attendre indéfiniment. surtout que certaines de tes questions portaient sur sin. l'homme dont tu tombes amoureux et qui semble posséder un lien plus ou moins étroit avec la disparition de ton frère. enfin aujourd'hui, plutôt que de traîner dans ton appartement et faire la grasse matinée, tu profitais de voir leah et eve. tu voyais que la demoiselle semblait ravie de te voir. impatiente, surtout, de te montrer sa belle robe de princesse que tu ne manquais d'ailleurs pas de complimenter avant de reporter ton attention sur sa mère. leah. tu affichais un mince sourire quand tu prenais de ses nouvelles. cela faisait un petit moment et tu espérais que l'adage, pas de nouvelles, bonnes nouvelles pourrait se confirmer aujourd'hui. ça va. et toi ? tu hausses un peu les épaules avec un sourire en coin. leah savait aussi pour le retour de ton frère. tu te demandais quand le sujet allait arriver sur le tapis. te doutant en même temps qu'elle ne souhaitait pas trop en parler devant sa fille. ça va. tu réponds simplement avant que vous ne parliez d'eve. une belle fille. au sourire si parfait. le même sourire que ton frère, à n'en pas douter. un véritable amour. qui lui ressemble de plus en plus. tu hoches la tête. tu faisais le même constat que la demoiselle, effectivement. les airs de famille qui ressortaient de plus en plus. tu laisses échapper un soupir tout en continuant de regarder eve. elle s'amusait à danser, faisant tourner sa belle robe de princesse. tu relevais ton regard vers leah, alors, tu sais la vérité ? tu commences par dire avant de rajouter, comment tu le vis ? tu sais que toi, tu ne le vis pas très bien. parce qu'il te faut encore du temps pour vraiment encaisser. il te faut encore du temps pour réaliser tout ce qu'il se passe. ange, en vie. ça semble tellement impossible, et pourtant..

Le carnaval, ou le moment de l’année attendu avec hâte par tout le monde, cet instant où les gens descendaient dans la rue, où les couleurs venaient apporter un peu de lumière à un quotidien bien trop sombre ou trop fade. Les maquillages divers et variés ainsi que les masques dissimulaient à merveille les bleus ou les yeux rougis à force de passer des nuits entières à pleurer. Cruelle réalité ou la manière de raviver ta douleur profondément enfouie. En vérité, tu pourrais te réjouir de la résurrection de ton ancien petit ami, du moins si la partie se jouait avec des cartes normales. Seulement, les dés se voulaient pipés, et ce depuis plus de trois années. Depuis ces funérailles, depuis ce tissu de mensonges servi pour passer mort aux yeux de tous. Dans quel but ? Vous protéger ? La réponse demeurait bien trop simple, et tu n’en voulais pas, car trop légère à ton goût. Tu acceptais, après tout, comment faire autrement ? Si par le passé vous représentiez quelque chose l’un aux yeux de l’autre, cette époque se voulait désormais révolue, et tu espérais que vos chemins ne se croiseraient pas à nouveau. Ce que tu voulais clamer haut et fort, ce dont tu voulais te persuader. Pour ton bien et famille formée avec ta fille. Sa fille également. Seulement, le lui avouer s’apparenterait à briser ce cocon protégé du monde dans lequel évoluait Ange. Un monde loin du carnaval édulcoré qui se présentait à tes yeux et dans lequel tu te sentais mieux.  Du moins, en apparence. Parce que retrouver Juliet réveillait les questions, les non-dits. Pourtant, tu ne comptais pas lancer les hostilités, la rendre responsable de tous les maux de la Terre, alors que vous vous serriez les coudes depuis près de trois années. Le deuil, les larmes, tout ce qui vous unissait avant de prendre peu à peu vos distances, de retrouver un semblant de vie. Après la pluie le beau temps, non ? Ton rayon de soleil, celui qui illuminait tes journées, gravitait autour de vous, tournait sur elle-même afin que vous puissiez voir et profiter de son joli déguisement de princesse. Un spectacle dont tu ne te lassais nullement, et qui te faisait te sentir bien. Heureuse. Comblée. Ce pour quoi tu pouvais dire que tu allais bien. Tout comme Juliet se portait bien, elle aussi. Enfin, tu prononças des mots, ceux qui ne témoignaient que de la vérité et de la ressemblance flagrante d’Eve avec son père. Les yeux, le sourire. Et par la sorte, tu amenas le sujet d’Ange sur le tapis. Subtilement. Sans agression aucune ou le moindre reproche. Tu ne pouvais pas lui en vouloir, et tu esquissas un léger sourire en opinant du chef. « oui je sais » . Tu te pinças les lèvres, en portant à nouveau ton regard sur ta fille, elle dont tu enviais l’innocence ainsi que l’insouciance. « ça ne change rien à mon quotidien » , commenças-tu, avant de laisser échapper un soupir. mensonges te criait ta conscience, tandis que tu prenais une profonde inspiration. « la blessure s’ouvre à nouveau, et dire que cela ne me fait rien s’apparente au pire mensonge dont j’essaie de me convaincre. Mais la vraie question… » . Tu relevas le regard vers Juliet, sachant le lien qui unissait le frère et la sœur. « comment tu le vis, toi ? » . Parce que tu ne voulais pas crier, pleurer ou te sentir la seule concernée par ce retour inopiné, parce que tu appréciais Juliet. Au point que tu t’avanças vers elle et la pris dans tes bras. Comme avant, comme pour vous soutenir. « tu retrouves ton frère, ce qui compte le plus. Peu importe le reste » . Une larme coula sur ta joue, alors que ta fille enlaçait ta jambe, et qu’il s’agissait d’elle qu’il fallait protéger à présent.

il était plus qu'évident que lorsque ton regard se posait sur celui de la belle eve, tu pouvais y voir quelques traits de ton frère. il ne pouvait la renier cette petite, elle était bien de lui et elle était magnifique. tournant sur elle-même, laissant apparaître un sourire sur son visage. la fierté de montrer sa belle robe à sa marraine. toi. t'étais ravie de la voir aussi heureuse. leah avait vraiment tout fait pour que sa vie se déroule bien. pour qu'elle soit véritablement heureuse dans tout ça. malgré l'absence se son père. pourtant, aujourd'hui, vous saviez toutes les deux qu'ange était de retour. vous aviez pourtant pleurer sa mort toutes les deux pour finalement vous rendre compte qu'il était encore en vie. et qu'il était en plus ici à trois-rivières. c'était difficile à croire, et pourtant.. ange était là. t'en revenais toujours pas et ça te faisait presque plaisir de pouvoir en parler avec leah. même si tu te doutais que les choses ne devaient pas être faciles pour elle en ce moment. tu te doutais que tout comme pour toi, le retour du jeune homme était un sacré choc dans vos vies. tu cherchais immédiatement à savoir comment leah le vivait de son côté. oui je sais. ça ne change rien à mon quotidien. elle commence par te dire avant de rajouter, la blessure s’ouvre à nouveau, et dire que cela ne me fait rien s’apparente au pire mensonge dont j’essaie de me convaincre. Mais la vraie question… ça tu veux bien le croire que ça ne doit pas être évident pour elle non plus. tu veux bien imaginer que ça va bouleverser votre quotidien à toutes les deux. surtout que vous deviez garder cela pour vous. faire comme si ange était toujours mort pour le moment.. comment tu le vis toi ? tu retrouves ton frère, ce qui compte le plus. peu importe le reste. elle venait te prendre dans tes bras, un geste naturel qui te faisait toujours le plus grand bien. tu voyais que leah versait une larme alors que de ton côté, rien ne se passait. non pas que la situation ne te faisait plus rien, mais tu avais parfois le sentiment que tu avais versé toutes les larmes de ton corps sur cette histoire et qu'aujourd'hui tu étais incapable d'en verser une de plus. c'est clairement un choc.. ça tu dois bien t'en douter. et je crois que j'ai encore parfois de la peine à le réaliser vraiment.. mais j'attends des explications de sa part, pour le moment nous n'avons pu discuter que rapidement.. mais évidemment, je suis plus qu'heureuse de le savoir en vie. je savais que quelque chose clochait dans cette histoire. tu le disais depuis le début. tu t'étais même lancée dans des recherches approfondies sur la mort de ton frère. incapable de croire à un accident. tu vas le revoir ? tu lui demandes, ne sachant pas ce qu'ils s'étaient dit tous les deux.

Une simple rencontre qui avait tout remis en question, qui éveillait bon nombre de questions quant à l’avenir. Tu ne comptais pas tout effacer, revoir tous tes plans parce que le père de ta fille n’était pas mort. Non, au contraire, tu espérais bel et bien continuer ton existence comme si de rien n’était, du moins sans envisager une seule seconde de construire une belle et grande famille avec l’homme que tu n’avais jamais cessé d’aimer, et de pleurer. La vie continuait, et tu te devais de penser à Eve, à son bonheur, à son sourire qui illuminait son visage d’innocence, celui qui t’avait permis de tenir, d’avancer. Alors, tu passais outre cette douleur lancinante née dans ta poitrine pour faire plaisir au petit rayon de soleil, et tu t’étais rendue au carnaval pour rejoindre Juliet, non seulement parce que ta fille te l’avait demandé, mais également parce que tu te devais d’avoir une conversation avec la jeune femme qui savait par avance la résurrection de son frère. Seulement, tu préférais mettre l’accent sur les retrouvailles, profiter de l’instant présent avant d’amener tout doucement le sujet Ange et ce que cela engendrait, une blessure qui se rouvrait et sur laquelle tu n’avais pas spécialement envie de t’épancher longuement. Parce qu’il t’avait offert un cadeau qu’il ignorait toujours, et un détail que tu comptais bel et bien garder au chaud, loin de lui. Alors, à la place, tu avais préféré lui renvoyer la question, t’inquiétant vraiment pour elle. Parce que les jours et les nuits avaient été nombreux à pleurer, à ressasser les souvenirs d’un homme disparu prématurément, et tout naturellement, tu avais pris ton ancienne belle-sœur dans tes bras, pour vous donner un peu plus de courage, une manière de lui dire que vous étiez toujours là, l’une pour l’autre. Comme avant. Tu t’étais reculée, une larme coulant sur ta joue, une de celle qui se voulait rescapée de ces années de tristesse, de chagrin digne à Pénélope attendant le retour de son Ulysse. La jeune femme avait plus de force que toi, et tu ne pus que lui adresser un sourire sincère, en te disant qu’elle avait toujours eu raison sur les circonstances étranges qui entouraient cette disparition. Plus perspicace que toi. « oui, je me doute, et c’est pour cette raison que j’ai pris contact avec toi. Certes, tu n’as pas toutes les réponses, mais il te les apportera en temps et en heure, Ange te doit bien ça. » . Oui, parce que rien ne pouvait et ne devait séparer un frère et une sœur, une seconde chance leur était offerte, et tu espérais bien qu’ils se retrouveraient. Comme autrefois. Et tu avais eu la question fatidique, et tu détournas le regard, le portant sur ta fille. Ton cœur battait plus vite en pensant à celui que tu avais aimé de tout ton être, mais tu ne pouvais pas te laisser emporter par une passion flamboyante, ancienne. Tu te pinças les lèvres et secouant la tête, doucement de la gauche vers la droite. « je ne peux pas... » , commenças-tu, en marquant une courte pause. Juste pour trouver les bons mots sans te montrer trop cassante ou insensible.  « et je ne veux pas. Je ne lui ai rien dit par rapport à Eve, et … il a quelqu’un d’autre, une nouvelle vie qui s’offre à lui. Alors, il restera à jamais le seul homme que j’ai aimé à ce point, mais ma fille passe en priorité, et je ferai tout pour la protéger, pour qu’elle ne soit pas déçue, blessée ou abandonnée. Elle rayonne au quotidien, et je ne veux pas perdre sa candeur. Je préfère tirer un trait définitif sur ton frère, sur ce que l’on a été autrefois. Et j’espère que tu comprends mon choix » . Une nouvelle fois, tes yeux s’étaient embués, sachant pertinemment que tu sacrifiais ton amour de toujours pour une cause qui était tout aussi belle et qui avait les traits de ton miracle.

leah était la seule personne à qui tu pouvais parler ouvertement des retrouvailles avec ange. elle était la seule à savoir qu'il était encore en vie. et d'une certaine manière ça te faisait du bien de savoir que tu pouvais te confier à quelqu'un à ce propos. tu n'avais pas osé lui en parler avant. ange t'avait fait promettre de ne rien dire et au vu de la situation plus qu'exceptionnelle, tu avais suivis sa demande. tu respectais son choix de ne revenir que petit à petit dans cette vie. de se faire discret. sans doute que le danger planait toujours, c'était en tout cas ce qu'il t'avait fait entendre lors de votre discussion. un danger qui était d'ailleurs bien plus proche de toi que tu ne l'imaginais, mais tu te gardais bien d'en parler avec leah. pour le moment, tu ne faisais que révéler à quel point tu avais encore de la peine à le réaliser. de nombreuses questions restaient encore en suspens dans ton esprit et tu espérais vraiment qu'ange pourrait bientôt te donner les réponses qu'il te manquait dans toute cette histoire. dans tous les cas, ça t'avait chamboulé. comme ça avait dû chambouler aussi leah de son côté. et tu avais la confirmation que tu avais vu juste dans cette histoire. même si tu ne pensais pas qu'ange puisse toujours être en vie, tu savais que quelque chose clochait. oui, je me doute, et c’est pour cette raison que j’ai pris contact avec toi. certes, tu n’as pas toutes les réponses, mais il te les apportera en temps et en heure, ange te doit bien ça. tu affiches un mince sourire et tu hoches la tête. oui ange te devait bien ça, c'est vrai. et tu ne doutais pas un seul instant qu'il te fournira toutes les informations importantes sur cette histoire. et puis, tu cherchais à savoir si leah allait le revoir, elle. tu t'imaginais que c'était délicat de son côté à gérer tout cela.je ne peux pas... et je ne veux pas. je ne lui ai rien dit par rapport à eve, et … il a quelqu’un d’autre, une nouvelle vie qui s’offre à lui. alors, il restera à jamais le seul homme que j’ai aimé à ce point, mais ma fille passe en priorité, et je ferai tout pour la protéger, pour qu’elle ne soit pas déçue, blessée ou abandonnée. elle rayonne au quotidien, et je ne veux pas perdre sa candeur. je préfère tirer un trait définitif sur ton frère, sur ce que l’on a été autrefois. et j’espère que tu comprends mon choix. tu vois ses yeux qui se remplissent de larmes une fois de plus et tu viens déposer ta main sur la sienne tout en la regardant droit dans les yeux. ange avait bien fait mention d'une autre fille lors de votre discussion. mais il t'avait semblé qu'il s'agissait d'une histoire qui n'avait pas vraiment d'avenir.. ça ne semblait pas être la même explication qu'il avait donné à leah et t'étais un peu perdue face à tout ça. j'imagine que ce n'est pas un choix facile à prendre. si je peux me permettre juste une ou deux remarques.. n'oublies pas qu'eve voudra peut-être un jour connaître son père et qu'ange a le droit de connaître son existence.. quant à cette fille, je ne sais pas exactement la nature de leur relation, mais je reste persuadée qu'il ne pourra l'aimer autant qu'il t'aimait toi. et s'ils sont faits l'un pour l'autre, il est évident qu'ils se remettront ensemble.

Évoquer une personne de ton passé n’était pas chose simple, la cicatrice ne s’était jamais totalement refermée. En même temps, est-ce que cela pouvait s’avérer possible lorsqu’il s’agissait de son âme sœur, de l’homme auquel tu avais tout confié : ton coeur, ta vie, tes peurs, ton amour. Une liste qui ne s’arrêtait malheureusement pas là, et qui se voulait si longue qu’il aurait fallu des heures pour venir à bout de tout le manque ressenti à l’annonce de la mort d’Ange. Du moins, de sa mort supposée vu que tu t’étais retrouvée nez à nez avec lui, dans une boutique de fleurs. Pas un rêve cette fois-ci, mais bel et bien la réalité, cruelle réalité quand tu pensais au constat amer : nouvelle femme, et tu supposais nouvelle vie, malgré ses mots qui sonnaient encore à tes oreilles et auxquels ton coeur voulait croire. Comme une promesse de ce que vous étiez, de ce que vous pourriez être à nouveau. Sauf que tu t’y refusais, pour protéger ta fille de cette même tempête qui avait failli t’emporter avec elle. Vers ces êtres célestes affublés d’une auréole et de parfaites ailes blanches. Mais dans cette histoire, tu n’avais pas été seule, il y avait eu Juliet, elle seule à laquelle tu pouvais parler de ces retrouvailles, vu qu’elle avait connu la même scène, sans nul doute ce soulagement de pouvoir le serrer à nouveau dans ses bras, d’être en mesure de rire, de partager plus que des monologues qui étaient restés sans réponse devant cette pierre tombale au nom d’Ange Carstairs. Tu étais contente pour elle, quand toi, un combat intérieur se jouait entre le cœur et la raison. L’envie de retrouver ton ancien petit ami ou protéger ton petit soleil. Le choix était rapide, difficile mais surtout nécessaire. Et tu n’avais pu que révéler ton ressenti et tes intentions à celle qui t’avait interrogée. Celle qui posa sa main sur la tienne quand tes larmes menaçaient de couler, d’emporter avec elle toute la bonne volonté que tu mettais à avancer, à rester debout. Flancher n’était pas permis, Juliet avait tenu bon quand son propre frère était tombé. Alors, tu t’étais donné comme objectif d’agir de même, surtout après la découverte de ta grossesse, après la naissance d’Eve, et encore aujourd’hui. Pour elle, toujours pour elle. Et non pour Lui. Tu esquissas un léger sourire, avant de le faire disparaître rapidement quand les conseils avisés de ton amie arrivèrent. Elle avait raison sur bien des points, sur les questions que ta fille risquait de poser un jour, mais pas sur le reste. Au point d’en secouer la tête, et de poser ton regard sur ta puce. « Eve me posera sûrement des questions, et j’aurais eu le temps d’y réfléchir. Là, elle est encore trop petite, et elle peut compter sur ses deux marraines et son parrain, ce qui est déjà mieux que rien » . Tu essayais de t’en persuader, souhaitant effacer Ange d’un tableau auquel il n’appartenait pas. « un jour ton frère le saura, mais ce n’est pas le moment. Parce qu’il porte une alliance à la main gauche, et qu’il a beau dire m’aimer, il est avec elle. Elle. Il a refait sa vie, il a franchi le cap avec une autre. Je ne peux pas me rattacher à ce que l’on a été, parce que ça fait mal, Juliet. Parce que j’ai mal, le trou béant qui me réveille en plein milieu de la nuit quand je sens le lit vide à mes cotés, cette froideur... » . Une larme s’échappa et tu tournas légèrement la tête pour essayer de te reprendre. Mais tu n’y parvenais pas, le revoyant, son bouquet de fleurs à la main. l’entendant à nouveau prononcer les trois petits mots, les sept lettres tant rêvées de Blair Waldorf. Tu parvins à te calmer, et regardas à nouveau celle qui aurait pu devenir ta belle-sœur. « désolée du spectacle pathétique que je t’offre. On devrait profiter de l’instant présent, de s’extasier devant la puce, plutôt que de sortir les mouchoirs en pensant au passé, à un passé révolu » . Des mots forts qui n’étaient pas vrais. Le passé refaisait surface, le présent se retrouvait bouleversé et le futur paraissait incertain, toutes tes certitudes s’envolaient sous le vent des émotions, des amours perdus, sans doute retrouvés...

tu ne doutais pas un seul instant de tes paroles. tu ne doutais pas un seul instant que ton frère était toujours amoureux de leah et qu'elle resterait à ses yeux la femme de sa vie. tu savais aussi pertinemment que la fille qu'il venait d'épouser ne représentait rien à ses yeux. pire, il ne la connaissait quasiment pas. tu le sais parce qu'il te l'a dit. mais tu ne pouvais aujourd'hui tout balancer à ton amie. c'était une histoire qui concernait ton frère, sa propre vie et tu estimais que c'était à lui de décider quand il souhaiterait en parler avec leah. tout ce que tu pouvais faire, c'était lui assurer que cette fille ne représenterait jamais ce qu'elle représentait pour lui. histoire de lui montrer qu'il restait encore un peu d'espoir. après, bien sûr, tu n'étais pas dans la tête de ton frère. tu ne pouvais donc que faire des suppositions, mais tu le connaissais suffisamment pour imaginer qu'il ne pourrait tirer un trait sur leah. pas si facilement en tout cas. eve me posera sûrement des questions, et j’aurais eu le temps d’y réfléchir. là, elle est encore trop petite, et elle peut compter sur ses deux marraines et son parrain, ce qui est déjà mieux que rien. un jour ton frère le saura, mais ce n’est pas le moment. parce qu’il porte une alliance à la main gauche, et qu’il a beau dire m’aimer, il est avec elle. elle. il a refait sa vie, il a franchi le cap avec une autre. je ne peux pas me rattacher à ce que l’on a été, parce que ça fait mal, juliet. parce que j’ai mal, le trou béant qui me réveille en plein milieu de la nuit quand je sens le lit vide à mes cotés, cette froideur... tu hoches doucement la tête. tu pouvais parfaitement comprendre que leah devait souffrir de toute cette situation. souffrir de le voir revenir avec une autre à son bras. une autre qu'il avait en plus épousé, mais là encore tu savais que ce mariage n'avait pas pour objectif de durer. désolée du spectacle pathétique que je t’offre. on devrait profiter de l’instant présent, de s’extasier devant la puce, plutôt que de sortir les mouchoirs en pensant au passé, à un passé révolu. tu secoues rapidement la tête et tu affiches un mince sourire. ne t'en fais pas leah, je pense que ça nous fait quand même du bien d'en parler.. tu as le droit de faire ce que tu souhaites par rapport à ta fille et ange.. je ne peux que te dire ce que je pense, et crois-moi cette histoire avec cette fille ne durera pas. tu commences par lui dire, avant de rajouter, quant à eve, la décision te revient, évidemment.. mais je voulais quand même te dire que pour ma part, c'est aussi difficile de devoir mentir à mon propre frère sur la question.. s'il me le demande très clairement, je ne sais pas ce que je répondrais. tu ne peux pas mentir à ange, c'est ton frère. et vous avez toujours été très soudé tous les deux.

Oublier le grand amour de sa vie était tout bonnement impossible, même lorsque quasiment trois années s’étaient écoulées, lorsque les larmes n’avaient cessé de couler, lorsque les journées avaient quasiment la même couleur sombre qu’un petit rayon de soleil avait su venir éclairer. Une petite main tendue pour saisir tes doigts, pour te faire comprendre que la vie continuait, qu’elle était capable de miracles, même après t’avoir joué le plus mauvais des tours. Encore aujourd’hui, tu ne savais pas si tu devais te réjouir du retour d’Ange, ou le maudire au plus haut point, à espérer ne pas avoir su la vérité sur sa fausse-mort. l’ignorance était douleur, mais au moins, tu n’avais pas connaissance de son mariage, de la mascarade à laquelle il se livrait avec une autre. Pour parvenir à ses fins, pour mettre sous les verrous ceux qui le menaçaient, ceux qui auraient pu s’en prendre à vous pour le détruire, l’anéantir. À l’heure actuelle, tu ne pensais à nulle autre personne que ta fille, cette petite princesse présente à vos côtés, à Juliet et à toi. Tu avais ressenti le besoin de te confier à elle, vu qu’elle était quand même la seule à être au courant de cette résurrection miraculeuse, qui ne l’était pas tant que cela, au final. Tu avais parlé avec ton coeur, exprimé ta volonté à ne pas dévoiler au revenant sa paternité, car l’avenir était incertain. Il t’était impossible de venir briser l’univers de ta puce, juste parce que la vérité éclaterait tôt ou tard. La seconde option était préférable, et tu ne pouvais l’envisager autrement, quand tes draps se voulaient froids, le trou encore béant dans ce myocarde qui battait faiblement. Qui tentait de retrouver des pulsations plus fortes. Mais jusqu’à quel point ? Au point de s’excuser de se lamenter, de ne penser qu’à elle, alors que Juliet avait traversé la même épreuve et qu’elle semblait se réjouir du retour de son frère. Et qui étais-tu pour venir la priver de ce bonheur ? Personne. Même si les mots employés par ton amie se voulaient réconfortants, et tu n’avais pu que poser une main sur son bras. Témoignage de ton affection sincère, alors qu’un léger sourire se dessinait sur tes lèvres. « je.. je ne sais pas. Je ne veux pas que cette fille se retrouve comme moi, le coeur brisé par ton frère… et si. Et s’ils étaient destinés à être ensemble ? Si elle était sa clef pour pouvoir repartir à zéro, parvenir à accomplir ce qu’il souhaite réellement. Son boulot avant tout le reste » . avant nous, avais-tu pensé sans oser les prononcer à voix haute. Ta main libre chercha cette d’Eve, qui s’était réfugiée dans tes jambes. « merci Juliet. Il ne te posera aucune question, parce qu’il ne se doute de rien. Notre entrevue s’est mal terminée, il doit me détester. Au fond, c’est un sentiment aussi fort que l’amour, la passion. Je t’adore Juliet, mais regarde juste ta nièce et demande-toi si elle se doit de connaître son père, ton frère, et son absence, ses mensonges, et n’être rien que la fille d’un fantôme qui ne peut pas retrouver son ancienne vie et ceux qui l’aiment. Et cette vie, je ne nous la souhaite pas. À aucune d’entre nous » . Tu te penchas et pris ta fille dans tes bras, en venant l’embrasser tendrement sur la joue. La chaleur d’une étreinte versus le souvenir glaçant d’un échange houleux, de ce qui s’apparentait à un adieu. Et fallait-il tout briser pour tenter de jouer une quelconque comédie ? Tu n’en savais rien, et la question ne pouvait pas être posée à voix haute, pas avec la foule qui vous entourait, engloutissant vos peurs, vos pleurs, vos larmes et vos drames...

tu pouvais parfaitement imaginer que la situation ne devait pas être très facile à gérer pour leah. tu savais parfaitement que ton frère s'était fait passer pour mort et qu'il vous avait donc menti à toutes les deux. tu savais bien aussi que ce n'était facile pour personne de gérer ce genre de situations.. tu pouvais donc comprendre qu'elle n'était pour l'heure pas prête à lui avouer qu'il était père. et en même temps tu trouvais presque cela injuste. ange avait le droit de le savoir. certes il n'avait pas tout fait juste, mais rien ne l'empêchait aujourd'hui de pouvoir peut-être se rattraper sur tout ça ? c'était en tout cas une supposition que tu faisais, après tu n'étais pas à sa place et tu ne pouvais donc savoir comment il réagirait en apprenant sa paternité. quoi qu'il en soit, tu ne manquais pas de dire à leah que tu ne pouvais mentir à ton frère. si celui-ci te posait des questions au sujet de leah, tu ne savais pas ce que tu répondrais. mais tu ne te voyais pas lui cacher tout ça. ça te retomberait forcément dessus en plus. je.. je ne sais pas. je ne veux pas que cette fille se retrouve comme moi, le coeur brisé par ton frère… et si. et s’ils étaient destinés à être ensemble ? si elle était sa clef pour pouvoir repartir à zéro, parvenir à accomplir ce qu’il souhaite réellement. son boulot avant tout le reste. tu hausses les épaules. malheureusement tu ne pouvais pas savoir tout ça. ça dépendait finalement en partie de ton frère et puis en partie de cette fille aussi. tu n'étais clairement pas dans leurs têtes. je ne sais pas.. je ne pense pas qu'ils soient destinés à être ensemble.. tu te contentes de donner ton avis. après tu ne pouvais savoir si ton avis était le bon ou non. quoi qu'il en soit tu ne voyais pas vraiment ton frère décidé à finir sa vie avec cette fille. pas après ce qu'il t'avait dit à toi. mais bien sûr, l'avenir pouvait parfois réserver quelques surprises. merci juliet. il ne te posera aucune question, parce qu’il ne se doute de rien. notre entrevue s’est mal terminée, il doit me détester. au fond, c’est un sentiment aussi fort que l’amour, la passion. je t’adore juliet, mais regarde juste ta nièce et demande-toi si elle se doit de connaître son père, ton frère, et son absence, ses mensonges, et n’être rien que la fille d’un fantôme qui ne peut pas retrouver son ancienne vie et ceux qui l’aiment. et cette vie, je ne nous la souhaite pas. à aucune d’entre nous. tu laisses échapper un soupir. tu pouvais bien comprendre en partie le point de vue de ton amie, mais tu ne le partageais pas totalement pour autant. je pense qu'il me posera quand même des questions à ton sujet.. on verra bien ! quoi qu'il en soit, comme je l'ai dit le choix te revient pour ta fille. personnellement, je pense que mon frère n'a pas fait tout juste, mais que ce n'est pas non plus quelqu'un de si mauvais que ça. eve a le droit de connaître son père malgré tout. et tu restes persuadée qu'un jour ou l'autre elle voudra savoir qui il est.

Tout effacer, ou du moins appuyer sur une quelconque touche RESET afin d’oublier et de retrouver un semblant de sérénité était une de souhaits secrets que Leah formulait en secret. Juste pour tenter de mener une existence normale, dans laquelle le gris n’était pas une couleur acceptable et acceptée, où la pluie était remplacée par un soleil radieux et réconfortant. Cependant, en regardant sa vie ainsi que Juliet et Eve, elle ne pouvait pas vouloir tout effacer. Parce que cela signifierai évidemment ne pas être mère, ne pas avoir connu Ange ni avoir eu le cœur brisé de sa part. Cependant, les retrouvailles lors de cet évènement s’apparentait clairement à une discussion inévitable, celle du fait que l’homme qu’elles avaient tant pleuré soit en vie, de retour dans leurs existences respectives. Avec tout ce que cela signifiait, les bouleversements que cela entraînait. La blonde n’avait pu que mentionner sa fille et le refus d’avouer à l’homme qu’elle aimait sa paternité, ce que Juliet semblait désapprouver. Elle comprenait aisément qu’il devrait savoir, connaître sa fille et réciproquement. Eve n’avait certes jamais formulé la moindre interrogation sur cet être absent, celui qu’elle ne connaissait pas, cet héros invisible qui ne lui avait jamais raconté la moindre histoire. Mais la blonde craignait d’être une vulgaire remplaçante, avoir été abandonnée sur le banc de touche, ou du moins sur le canapé recouverte par le plaid de la solitude et des regrets, des larmes qui accompagneraient la moindre tasse de thé ou de chocolat chaud quand arriveraient les fêtes de fin d’année. Avec son absence, le fait qu’il soit ailleurs, avec une autre femme. Les mots de Juliet étaient réconfortants, ou du moins légèrement sans pour autant ôter l’anxiété qui la rongeait, qui grignotait petit à petit son assurance et tout ce qui la caractérisait. « et si au final, ils l’étaient ? » . Le murmure de sa voix était empreint de toute l’émotion ressentie à cet instant précis. Parce que si les mots d’Ange résonnaient encore et encore dans son esprit, elle n’y croyait guère, sachant très bien que tout pouvait changer. Que leur histoire d’autrefois avait connu une fin tragique, un mot de trois lettres écrit au sang, et il ne leur serait sans doute peut-être pas possible de réécrire sur les cendres du passé, de ce qui n’était plus sensé exister dans une réalité dépourvue de dangers. Elles étaient toutes les trois sur la sellette, dans la ligne de mire de malfrats. Ou du moins l’avaient été jadis. Et son amie signait et persistait dans son raisonnement, qui eut le don de faire soupirer Leah. Elle tendit la main, et sa fille s’accrocha à ses doigts avec tout l’amour dont elle était capable, sans se soucier de la conversation qui se jouait entre adultes. « je n’ai jamais dit qu’il était mauvais, sinon je ne... » . Elle s’interrompit, en se pinçant les lèvres. Fallait-il qu’elle se justifie, qu’elle ne parle de l’amour qu’elle portait au frère de son amie. « on verra ce qu’il en est. Pour le moment, elle a une marraine parfaite. Et le jour où… où la vérité éclatera, on avisera et surtout il faudra être là pour les personnes qui en auront besoin. » . La blonde espérait que cela soit le plus tard possible, à l’automne, en hiver, cette année ou une autre. Son coeur se serrait dans sa poitrine, alors qu’elle se penchait et prenait sa princesse dans ses bras. Un instant cocooning, de tendresse ultime pour chasser le froid et la nuit qui s’abattaient sur elle, sur sa vie, et que le seul être céleste possédant des ailes était capable de chasser..

le retour de ange dans ta vie était entrain de radicalement la changer. tout d'abord parce que tu n'avais pas le choix aujourd'hui de commencer à mentir à tes proches. pour lui. tu n'aimais pas du tout cette situation et pourtant, tu n'avais pas le choix de faire avec pour l'heure. quand leah te parle de cette fille avec qui ange entretient une relation en ce moment, tu n'as pas le choix de rester vague sur la question. tu n'hésites cependant pas à dire que tu ne crois pas une seule seconde à cette relation. tu n'y crois pas parce qu'ange t'as clairement dit que cette histoire n'était qu'un prétexte pour venir ici à trois-rivières. une couverture, etc. rien qui ne s'apparente à de l'amour en tout cas. t'as jamais vu cette fille pour autant, mais tu doutes vraiment qu'ange finisse par en tomber amoureux. après tout, tu sais à quel point il était attaché à leah à l'époque. tu doutes que ses sentiments puissent être différents aujourd'hui. et si au final, ils l’étaient ? tu poses ton regard dans celui de la demoiselle. imaginant bien que cela serait terrible à accepter pour leah. déjà que le retour d'ange dans sa vie ne devait pas être évident à gérer, mais le savoir amoureux d'une autre.. tu comprenais parfaitement que ça puisse l'inquiéter tout cela. je.. je ne sais pas leah. tu sais que je serais là, dans tous les cas.. mais fais-moi confiance, cette fille n'est pas faite pour lui. tu souffles doucement. avant que le sujet d'eve ne vienne sur le tapis. tu ne peux pas mentir à ton frère, tu le sais. tu peux mentir à toute la planète pour lui, mais pas à lui. tu n'y peux rien, c'est comme ça. alors s'il venait à te poser des questions, tu auras certainement de la peine à ne pas dire la vérité. je n’ai jamais dit qu’il était mauvais, sinon je ne... on verra ce qu’il en est. pour le moment, elle a une marraine parfaite. et le jour où… où la vérité éclatera, on avisera et surtout il faudra être là pour les personnes qui en auront besoin. tu hoches doucement la tête de haut en bas. oui, on verra ce qu'il en est comme tu dis. tu sais bien que je serais là, de toute façon ! quoi qu'il arrive. et j'espère que si mon frère doit finir par connaître l'existence d'eve, il saura prendre les bonnes décisions et ses responsabilités. t'as pas envie de douter de ça. tu veux vraiment croire que ton frère sera à la hauteur. pour ces deux demoiselles qui ne demandent qu'un peu de son attention finalement.