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voir la nuit s'emballer - Lars
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Ven 26 Juin - 20:32

voir la nuit s'emballer


« Une personne […] est une ombre où nous ne pouvons jamais pénétrer, […] une ombre  où nous pouvons tout imaginer, avec autant de vraisemblance la haine et l’amour » - Marcel PROUST .

Une inspiration en quatre secondes, une expiration sur huit. Un exercice qu’Aurore pratique au quotidien, lorsque la situation nécessite un calme absolu de sa part. La maîtrise des émotions est un art qu’elle exerce depuis toujours, ne s’étant – quasiment – jamais laissé aller à la dérive de sentiments bien trop futiles ou superflus. « L’amour ou tout autre ressenti est une faiblesse. Or, tu es tout sauf faible, ma fille » . Les mêmes mots résonnent aux oreilles de la brillante avocate, qui n’a jamais pris l’affect en ligne de mire lors de ses diverses affaires. Y compris, voire surtout son divorce. Ne rien laisser à Lars, tel avait été le mot d’ordre. Les enfants, la fortune, elle avait tout obtenu avant de lever les voiles, de rentrer en France, son autre patrie. Tout aurait pu être si simple, cela aurait dû l’être, mais la vie en décida autrement. Au point qu’Aurore était arrivée quelques jours plus tôt à Trois-Rivières. Et depuis… depuis il y avait eu les retrouvailles avec Gaenor, sa fille. À présent, il n’existe pas d’autre solution à ses yeux que de rendre visite à Lars Vranken, ou Monsieur le Maire, ou bien encore anciennement Monsieur Ruinart. Elle n’a fait que retarder l’inévitable, cette rencontre qui ne s’apparenterait en aucun cas à celle de films hollywoodiens dans lesquels les deux anciens époux se rendent compte que la passion existe toujours et que le divorce n’avait été qu’une erreur. Or, la fin de l’union Ruinart/Vranken se voulait être l’affaire la plus rentable qu’Aurore avait remportée, sans avoir à plaidoyer. Et à chaque fois qu’elle se remémorait cet épisode, un sourire se dessine sur ses lèvres parfaitement peintes, parce que même le plus grand n’avait pas su résister à son talent. Seulement, aujourd’hui, tout était différent, parce que Lars avait pris un malin plaisir à la commander, à exiger que la brillante avocate ne se déplace chez lui. Comme une vulgaire chienne sifflée afin de rentrer à la niche. Aurore ne cesse de ruminer, de se demander quelle mouche l’avait piquée en agissant comme une femme désespérée. Ou du moins comme une mère désemparée, qui avait dû confier sa fille au géniteur, à Monsieur le Maire de Trois-Rivières. Ce titre lui confère du pouvoir et doit soigner son égo comme pour panser la blessure et le trou béant qu’avait laissé le divorce dans son petit cœur tout mou et son énorme compte en banque. Et malgré tout ce ressenti et cette amertume, l’avocate ne peut se résoudre à battre en retraite, à fuir l’ennemi  ou encore rester confinée chez elle, attendant un remède miracle qui n’arriverait – probablement – jamais. Alors, elle quitte son domicile nouvellement acquis, tout proche de sa destination, tenant dans ses mains douces et parfaitement soignées la meilleure bouteille de champagne en sa possession, ainsi qu’une flûte en cristal. Ses talons claquent sur le sol, jusqu’à la porte de l’enfer, d’où elle entrevoit déjà les flammes prêtes à lui lécher la peau, la dévorer toute entière. Sauf qu’elle-même avait été créée à partir de ce même feu. Le sourire légèrement en coin, Aurore appuie sur le bouton annonçant son arrivée, sa sacro-sainte présence, Avec une pointe d’appréhension, de colère également en se rappelant l’accoutrement ridicule dont était affublée leur fille. Il est certain que Lars n’obtiendrait jamais le titre de père de l’année, tout comme elle avait échoué misérablement dans le rôle qui lui tenait le plus à coeur. Un bruit se fait entendre, la coupant net dans ses pensées, et le masque de l’avocate froide reprend place sur ses traits d’ange, à qui beaucoup feraient rapidement voire trop aisément confiance. « Bonsoir Lars » . Le ton de la voix se veut relativement neutre, alors que ses yeux se posent sur ce visage qu’elle a tant caressé, embrassé. Autrefois. « fort aimable de m’inviter chez toi. Par chance, je n’avais pas beaucoup de mètres à parcourir et que les sujets à aborder sont importants, voire même très urgents » . Comment annoncer les points à traiter et placer le fait que la cohabitation est à nouveau de rigueur. Avec son lot de contraintes, avec ce passé qui avait détruit le beau château de cartes qu’ils avaient construit de leurs quatre mains.


Dernière édition par Aurore Ruinart le Jeu 8 Oct - 19:04, édité 2 fois
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Lars Vranken
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Lars Vranken

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Dim 2 Aoû - 23:39

L’ascension sur un mot et la chute sur une syllabe. ~ Don DeLillo.

Il avait reçu, une semaine plus tôt, un message laconique, exempt de toute formule de politesse obséquieuse, où sa voix aigrie et grésillante l’informait de sa prochaine installation dans la cité qu’il dirigeait depuis plus d’un an. D’après ses récentes recherches sur internet, la planète ne comptait pas moins d’un million de villes, pourtant il avait fallu qu’elle pose son dévolu sur Trois-Rivières, comme si elle nourrissait le désir de lui dérober impunément ce qu’elle n’avait pu obtenir par le passé. Sa théorie pourrait aisément se vérifier, d’ici deux ans et demi, aux prochaines élections municipales où, selon la loi divine de l’emmerdement maximal, il y avait de fortes probabilités qu’elle se présente contre lui même si, elle n’avait jamais montré jusqu’alors, aucun intérêt pour la politique. Cette passion lui apparaitra miraculeusement dans quelques mois, lorsqu’elle n’en pourra plus d’apercevoir le patronyme de son ex-époux placardé dans tous les recoins du bourg. Probablement, qu’elle évitera soigneusement de consulter la presse locale à l’heure du petit-déjeuner, par crainte d’une nausée matinale tenace, à la simple lecture de cette plume acérée reconnaissable entre mille.
Ses doigts pianotaient frénétiquement l’écran de son téléphone portable alors que l’heure fatidique arrivait. Il déversait sa haine latente dans une multitude de messages hargneux qu’il adressait à Tom et dans lesquels, il fustigeait la succube d’avoir osé traversé l’océan qui les séparait.
-Je ne sais pas qui a tué la fille Poirier, mais je ne ferai pas appel à eux si je dois enterrer la dépouille de mon ex-femme.-
-Je suis persuadé qu’elle s’entendrait à merveille avec la tienne qui fomente ta chute.-
-Le mariage est la pire des escroqueries.-
-Aurore Ruinart n’est rien d’autre que l’enveloppe charnelle du diable.-
Le bourdonnement strident de l’interphone lui indiquait la présence de l’indésirable et il lâchait l’appareil pour lui ouvrir la porte, métaphore de la bactérie qui pénètre dans l’organisme, des maux de l’humanité libérés malencontreusement de la boite de Pandore. La bouche déformée dans une moue contrariée, elle franchissait le seuil de l’appartement avec méfiance, un escarpin après l’autre. Parce qu’elle était persuadée être immunisée contre le ridicule, elle avait eu l’outrecuidance d’accessoiriser son entrée d’une bouteille de millésimé qui n’était pas destinée à être partagée, pour preuve l’unique flute piégée entre ses griffes.
« Aurore. » Il empruntait une voix pleine de lassitude, il aurait préféré accueillir son ex-belle mère plutôt que le monstre qu’elle avait malheureusement engendrée et qui avait à son tour procrée afin de répandre un mal à l’apparence délicieuse mais à l’âme perverti. Parce qu’il était évident que les vices de Gaenor lui avait été transmis uniquement par sa génitrice et qu’il n’était nullement responsable des dérives de son enfant. Il aurait pu l’être, dans un réalité parallèle, mais elle avait fait le choix sournois et égoïste de le tenir à l’écart de l’éducation des deux chérubins. « Ne te méprends pas. Ce n’est pas de l’amabilité mais de la prudence. L’expérience m’a appris à me méfier de ta perfidie, je préfère recevoir les personnes néfastes dans un lieu qui, à défaut d’être neutre, n’est pas semé de mines antipersonnel. » Fourbe et mielleuse, elle lui donnait de précieux renseignements concernant sa nouvelle adresse postale, l’autre coté de la rue, l’étage du dessous, quelques mètres là où un océan n’était pas suffisant pour contenir toute la rancoeur qu’il ressentait à son égard, toute la haine d’une guerre infinie.
Il l’avait cependant traversé, deux fois par an, pour ses enfants à l’occasion des fêtes de fin d’année et des vacances d’été. Quelques précieuses journées éparpillées dans l’almanach afin de leur rappeler qu’ils avaient un père et que, s’ils le voyait si peu c’était uniquement à cause de l’inflexibilité, la vanité et l’égoïsme de leur mère.
« Je constate que tu as eu la sagesse d’apporter ta propre boisson afin que l’on ne partage pas. Ce n’est pas étonnant puisque cette notion t’est totalement étrangère, le partage sous-entend une répartition équitable que ton amour-propre ne saurait supporter. » Aurore ne s’était admise vaincue qu’une seule et unique fois au cours de son existence, lorsqu’elle avait pris la décision unilatérale d’expédier sa fille par avion au Canada afin que son père corrige les lacunes de son éducation trop permissive. Le second, elle l’avait fait interné dans un luxueux pensionnat au milieu des montagnes suisses afin de le protéger de sa mauvaise influence. Une idée judicieuse qui masquait son manque cruel d’autorité face à ses marmots devenus enfants-rois. « Je vais me servir un verre avant d’écouter ta plaidoirie, je me réjouis d’ores et déjà d’entendre tes arguments, me démontrer, point par point, que je suis un père incompétent et que, même si tu as failli dans ton rôle de mère il est préférable que Gaenor soit à nouveau sous ta surveillance. » les intentions d’Aurore ne faisaient pas le moindre doute, ne pas contrôler l’existence de Gaenor lui était, plus insupportable encore que la possibilité que Lars puisse parvenir à des résultats probants sans son aide, la remettre dans le droit chemin sans qu’elle ne puisse en récolter les lauriers. Qu’importe, un bon procès lui permettrait de se les faire attribuer par décision judiciaire.
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Sam 5 Sep - 23:53



Le retour dans ce pays, dans cette partie du monde n’était guère une partie de plaisir pour Aurore, lui rappelant inexorablement des souvenirs qui n’étaient pas des plus joyeux en raison de l’échec cuisant de son mariage et de la guerre qui s’en était ensuivie avec Lars, dont elle était sortie gagnante avec la garde de leurs deux enfants sans oublier la moitié des biens de celui qui avait la main mise sur la ville dans laquelle elle venait de poser ses valises. Pour essayer de se racheter une conscience, diraient certains. Pour essayer de racheter ses fautes et d’effacer les erreurs commises en France, sous prétexte que Gaenor était devenue ingérable, ingrate au plus haut point. Mais elle demeurait son enfant, son bébé qu’il avait fallu confier à son père, celui qu’elle ne voyait qu’une seule fois par an. Comment en être tous arriver à ce stade ? Au point de non retour et d’avoir l’obligation de quémander un rendez-vous comme une pauvre mendiante. Cela s’apparentait à de l’aumône, à une charité, un mot qui n’était jamais sorti de la bouche de la sublime Ruinart.  Nom puissant, compte en banque fourni et une réputation de la reine des enfers – voire sans doute de la pire des garces – et il lui fallait attendre que monsieur Vranken ne daigne la recevoir chez lui. Sur son territoire, comme le mâle alpha qu’il pensait être. À tort. Certes, il n’était pas homme facile, homme de caractère, de fer, qui ne saurait plier.même par la force, ou un jugement rendu. Un procès qui avait été qu’une sombre mascarade, menée de A à Z par des avocats qui avaient toutes les cartes en main et qui avaient su user de toutes leurs connaissances pour faire main basse sur ce qu’il y avait à prendre. Garder son sang froid était plus que nécessaire à l’heure actuelle afin d’affronter le grand méchant loup habillé en costume 3 pièces hors de prix. Et pour cela, Aurore n’avait pu que s’armer de la meilleure bouteille de champagne en sa possession et d’une flûte de champagne en cristal car elle savait pertinemment qu’il ne lui ferait aucun cadeau, et qu’il serait même capable de la laisser boire au goulot – détail qui était inconcevable aux yeux de l’avocate. Son doigt avait appuyé sur le bouton qui manifesterait sa présence, et elle avait attendu patiemment que la porte ne s’ouvre sur monsieur le Maire et son ton las. Plaisir partagé de devoir passer du temps en la compagnie l’un de l’autre, et elle l’observait, comme pour essayer de voir à quel moment il lancerait son attaque. Vieille habitude sans nul doute, et il s’agissait de votre fonctionnement, de rester sur ses gardes pour mieux cerner son ennemi et l’atteindre quand il ne s’y attendait pas. Seulement, il y avait eu le divorce, et ce visage froid dévoilé. Lars n’avait rien oublié, et Aurore ne put que sourire en coin, écoutant ses élucubrations sans véritable intérêt. En réalité, la grande avocate était amusée de son ex-mari, et se contenta de lever les yeux au ciel. « Tu as la rancœur tenace, Lars. Ma perfidie ? Tu utilises des mots qui te dont tout aussi familier. Et qui me dit que cet endroit ». Elle avait désigné d’un vague geste de la main le loft. « que cet endroit n’est pas pourvu d’armes prêtes à faire feu sur la mère de tes deux enfants » . Un simple petit rappel de ce qui les avait unis, et de ce qui continuerait à les lier toute leur vie. Peu importait la distance, les années, rien n’effacerait les deux beaux enfants qu’ils avaient eus, une des raisons qui poussait Aurore à être ici à Trois-Rivières, plutôt qu’à Paris. Seulement, pour le bien de Gaenor, elle ne pouvait pas user de mots plus hauts. Et il n’y aurait pas assez de bulles dans la bouteille hors de prix pour calmer la colère sans nom qui risquait de s’éveiller et se répandre dans ses veines. Nouveau soupir qui s’échappa de ses lèvres délicatement peintes. « quel sens de l’observation. Je préfère mon champagne à toute ta boisson dans laquelle tu n’hésiterais en aucun cas à cracher, juste pour nourrir ou apaiser ta vieille rancœur, dont tu ne t’es visiblement toujours pas remis. Sache que mon amour-propre se porte à merveille, surtout depuis que je ne me suis plus retrouvée à attendre sagement que mon très cher mari rentre à la maison, lui qui était bien trop pris par son travail et ses jeunes conquêtes pour se rappeler de mon existence. Alors, continue de te lamenter, monsieur le Maire, continue de te lamenter, mais garde tes discours pour ton psy » . Aurore refusait de serrer les dents et se taire parce que Monsieur le Maire avait toujours en travers la gorge d’avoir été privé de la moitié de sa fortune, mais également de ses enfants qu’il voyait à peine en rentrant à des heures qui dépassaient le bon entendement. Leurs enfants, leur fille que Lars n’était pas capable de protéger d’elle-même, et de ses tenues totalement dépassées ou du moins inappropriées pour une adolescente de quinze ans. Il fallait justement qu’ils abordent ensemble tous ces points, même si le ton risquait de monter, rapidement. « sers toi ce que tu veux, parce que le sujet Gaenor risque d’accaparer pas mal de notre temps, et qu’il semblerait également que tu n’aies pas fait mieux, au point d’en arriver à me demander si j’ai pris la meilleure décision en te la confiant. Après tout, tu as toujours été absent. Alors tu peux m’insulter autant que tu veux, mais ne remets jamais en question mon amour pour mes enfants » . Elle avait fait un pas vers lui, l’air plus menaçant que jamais. Car, ses enfants demeuraient la seule chose pour laquelle elle ne cesserait jamais de se battre, et si Lars l’attaquait, il pouvait clairement se regarder dans un miroir pour constater qu’il n’était pas non plus le père de l’année, à défaut d’être l’homme de l’année qui brillait par sa réussite dans bon nombre de domaines : tombeur de ses dames, premier Homme de la ville, rédacteur en chef primé.
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Lars Vranken
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Mar 10 Nov - 12:06


Le spectacle valait le coup d’oeil ! Il fallait la voir parader du haut de ses escarpins, ses lèvres pincées d’une teinte incarnat, piétiner le marbre de tout son narcissisme. Elle s’étonnait qu’on ne lui ait pas dérouler le tapis rouge, s’offusquait d’un rien en faisant rouler ses pupilles dépourvues d’humanité vers le plafond. Qu’importe qu’elle regarde en l’air, elle était tombée bien bas. « Aurore. » Il articulait chaque syllabes de son prénom avec une aigreur appuyée. « C’est le propre de la rancoeur d’être tenace, peut-être qu’à l’occasion, au lieu d’ouvrir des bouteilles, tu devrais également feuilleter un dictionnaire. » Elle s’employait à faire de grands gestes, à prouver à son interlocuteur sa supériorité fantasmée en étant dans une exagération permanente. En faire trop pour se donner de la constance, jusqu’à frôler les limites du ridicule. Elle imaginait un arsenal dissimulé dans le triplex, se persuadait d’être le centre du monde au point d’envahir toutes les pensées de son ex-mari qui n’avait qu’un seul dessein, la faire disparaitre d’une balle en pleine poitrine. L’imagination d’Aurore n’avait aucune limite mais son discours frisait la paranoïa, la démence, la névrose incurable. Pourtant malgré la teneur de ses crimes, il ne l’avait jamais menacée de mort, il s’en était toujours tenu à la justice des tribunaux. Elle ne méritait pas qu’il se salisse les mains. Jamais il n’aurait pris le risque de finir entre les quatre murs d’une cellule insalubre pour assouvir une vengeance vieille de dix ans. Il préféra ne pas répondre à cette attaque infondée qui n’aurait que nourrit son délire de persécution, rajouter de l’huile sur un brasier déchainé. La bouteille de champagne qui glissait entre ses griffes acérées aurait un gout amer, les bulles lui resteraient probablement en travers de la gorge lorsqu’il pourrait, enfin, lui avouer à quel sort il avait condamné leur enfant. Gaenor, n’était plus cette môme turbulente, bruyante mais pleine de vie qu’il avait connue. Au fil des années, elle était devenue une pâle copie de sa génitrice, la vulgarité en plus. Adolescente ingrate, troublée, en guerre contre le monde, en quête d’une liberté qui lui aurait fait plus de mal que de bien. Elle vociférait quelques revendications insensées, partait du principe que toute règle édictée était faite pour être transgressée. A l’image de sa mère, elle était tombée bien bas, bien trop bas. « Tu m’attendais dans les bras d’un autre, sois honnête envers toi-même, tu n’es pas une victime. » Peut-être l’avait-il délaissée au profit de sa carrière mais elle en avait fait autant, batifolant avec ses confrères entre deux audiences, dépassant des fortunes en futilités. Un diamant à chaque doigt. De son coté, il n’avait jamais eu l’audace de lui mentir lorsqu’elle l’avait mis au pied du mur, souhaitant connaitre la nature de ses multiples aventures. Il couchait avec des stagiaires, trop jeunes mais grisées de s’approcher si près du pouvoir, il abusait de sa position en risquant la sienne. Ils ne se parlaient plus, ne s’aimaient plus, les cris avaient remplacé les baisers, et c’est la colère davantage que l’amour qui faisait tambouriner leurs coeurs. « Tu es une femme indépendante, tu n’avais pas besoin de moi. Maintenant, si les cicatrices peinent à se refermer et que tu penses que je cherche à t’éliminer par le poison ou les armes, peut-être que tu devrais appliquer tes propres conseils et consulter un spécialiste. » Il coupait court à la discussion, l’enrobait dans quelques qualités indéniables qu’on ne pouvait lui retirer et fit quelques pas vers le salon. Il avait besoin d’un verre, ce bon vieux scotch qui lui rappelait que la vie avait une saveur infiniment plus agréable lorsqu’il était en bonne compagnie. Sans l’inviter à s’asseoir, elle n’avait jamais eu besoin d’invitation pour s’accaparer des lieux, des fortunes ou des enfants, il s’installa dans un épais fauteuil en cuir matelassé et écouta, d’une oreille distraite, la suite (et fin) de sa logorrhée. « Je n’ai jamais remis en question l’amour que tu portes à tes enfants. Tu les aimes tellement que tu voulais qu’ils soient à toi, rien qu’à toi, à toi seule. » Il insistait à trois reprises, enfonçait le clou et s’étirait allégrement de tout son long. La soirée s’annonçait longue et pénible, peut-être faudrait-il la faire sortir par la force, la trainer jusqu’à l’appartement d’en face, le continent d’en face. Aujourd’hui seule une route les séparait, il préférait quand c’était un océan. « Le problème c’est que l’amour ne suffit pas à faire, d’un enfant, un adulte responsable et équilibré. » Elle ne pouvait plus se cacher, prétendre avoir été infaillible. C’est elle qui avait décroché son téléphone quelques mois plus tôt, prête à l’abandon, le suppliant presque (il fallait le lire à travers les lignes et le distinguer entre les fêlures de sa voix) de prendre Gaenor, de la remettre dans le droit chemin duquel elle s’était éloignée par manque de vigilance de celle qui en avait la garde. « Tu as raison, me la confier n’était pas la meilleure des décisions. » Une révélation qui devrait la surprendre, Lars ne s’avouait jamais vaincu et pourtant, était-il réellement en train d’admettre son échec ? Il avait tenté plusieurs méthodes, la sévérité, le permissif, la corruption, l’honnêteté, rien n’avait fonctionné. Gaenor était un monstre en puissance qui souffrait et refusait toutes les mains que l’on pouvait lui tendre. Elle courrait vers sa propre chute et ses parents étaient les dernières personnes de ce monde de qui elle accepterait de prendre la main pour se redresser. « Gaenor n’est plus ici. » Trancha t-il en buvant une large gorgée de whisky, il ne souhaitait pas préciser davantage pour le moment, guettait la réaction d’Aurore d’un oeil prudent. Qu’importe ce qu’elle en dise, il savait qu’il avait pris la meilleure (bien que douloureuse) décision, pas pour lui, ni pour elle, mais pour son enfant.
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Dim 6 Déc - 19:35

]


Se rendre chez Lars se voulait nécessaire, vu que monsieur le Maire n’avait pas daigné la recevoir dans son bureau, son antre politique depuis laquelle il avait la main mise sur cette ville qui ne lui inspirait pas une passion dévorante ou une folie digne de celle de Noël. Rien n’était féerique ici, et encore moins la vision qu’offrait son ex-mari, celui qu’elle avait épousé, aimé puis laissé sans le moindre regret. Aurore avait mis un point d’honneur à se montrer sous son meilleur jour, maquillée et vêtue de ses plus beaux habits y compris les escarpins à la fameuse semelle rouge. Elle en avait déjà assez des remarques cinglantes de son hôte, qui avait prononcé son prénom avec un sentiment de lassitude, de mépris, ce sentiment partagé par l’avocate. Il n’éveillait plus que cela chez elle, se demandant comment ils avaient pu cohabiter aussi longtemps. La réponse se voulait simple : leur travail. Elle laissa échapper un léger soupir, partagée entre l’agacement et l’amusement. Il voulait jouer sur la syntaxe, alors soit. L’avocate dévisagea le rédacteur, le sourire en coin. « ta rancœur l’est. Et ton amour des lettres est tout à ton honneur. Mais dois-je te rappeler qu’il ne t’a été d’aucune utilité dans un tribunal ? La plaidoirie est plus complexe que tes pauvres articles ou tes leçons de morale guindée qui te placent, certes, au sommet. Mais je me rappelle également que ta chute était mémorable, limite jouissive » . Elle prenait un malin plaisir à lui rappeler que dans le combat qui les avait vu s’affronter, elle avait eu le dessus. Par ruse et un excellent collègue qui avait su mettre à terre le grand Vranken. Mais à l’heure actuelle, elle avait la sensation d’être sur un terrain miné, en plein champ de bataille sur lequel elle pouvait être la cible. En même temps, est-ce qu’il pouvait en être autrement après toute cette animosité ? Elle n’avait pu que témoigner de sa méfiance envers le père de ses enfants, celui qui n’avait pas plus de sentiments qu’elle, assoiffé de pouvoir à ne jamais en avoir assez. Sauf que contrairement à lui, Aurore n’avait pas enchainé les stagiaires à peine mineurs pour prendre du plaisir, se contentant simplement de ses associés et autres ténors du barreau qu’elle fréquentait au quotidien. Alors oui, elle n’était pas la victime dans leur divorce, même si elle avait obtenu cette image en raison de tout ce qui avait pu être dit, et les casseroles que se traînait monsieur Vranken. De plus, son visage d’ange avait tendance à cacher son coté diablesse, qui ne lâchait rien. Elle le dévisagea, son sourire s’étirant légèrement. « alors que toi, tu les trouvais sur place et que tu prenais du plaisir sur ton bureau. Certes, je ne suis pas une victime, on le sait aussi bien l’un que l’autre. Mais demande à certaines personnes de la ville, et on ne retiendra que la pauvre – pardon la riche épouse délaissée par son époux infidèle » . L’avocate mentionnait un détail évident, que les rumeurs n’étaient pas toujours fondées et qu’il était parfois difficile de dénouer le vrai du faux. Alors peu importait qu’elle n’ait pas attendu son époux, le tablier noué autour de la taille, il n’en demeurait pas moins qu’un tribunal lui avait accordé la garde de leurs deux enfants. Les souvenirs de leur mariage alternaient entre les premiers mois d’une idylle – quasi – parfaite et les derniers d’une guerre sans merci. De l’amour à la haine, il n’y avait qu’un pas, un fossé qui avait été facilement franchi sans retour possible, comme en témoignait la scène actuelle. Les coups fusaient de part et d’autre, sans qu’aucun lever de drapeau ne soit envisagé. Elle serrait les dents face au conseil qu’il lui prodiguait, sachant pertinemment qu’elle n’avait nul besoin de consulter un spécialiste, son esprit étant des plus sains. « en effet, tu as raison sur un point. Je n’avais pas besoin de toi, mis à part pour nos enfants. Parce que contrairement à ces pauvres stagiaires qui passaient dans tes bras, j’avais des ambitions plus honorifiques et plus grandes que de coucher pour réussir. Pour parvenir au sommet, je n’ai compté que sur mon travail, et non à l’entrejambe de mon  responsable. » . Elle désigna sa personne d’un signe léger de la main. « les cicatrices sont refermées, je te rassure. Quant aux tiennes, il me semble encore apercevoir une goutte de sang sur ton costume au niveau de ce qu’on appelle le cœur, ce qui semble étonnant vu qu’il me semble qu’il n’y a rien qui bat sous ton tissu de haute qualité. Et ne me dis pas que tu n’as pas voulu te venger de mon départ avec nos précieux enfants. Sois au moins honnête envers toi-même, si ta fierté t’empêche de le reconnaître devant moi » . Le regard d’Aurore se porta sur lui, avant qu’il ne se dirige vers le salon pour se servir un verre de son alcool préféré. Par chance, ses doigts tenaient ses précieux biens amenés pour l’occasion, une flûte en cristal ainsi qu’une bouteille d’un précieux nectar dont elle raffolait. Elle le suivit et prit place dans un fauteuil, sans y avoir été invitée. Mais elle ne comptait pas rester debout comme une vulgaire employée pendant que son très cher ex-mari s’installait confortablement et poursuivait avec un discours qu’elle connaissait par cœur. Au moins, Lars reconnaissait l’amour qu’elle portait à leurs deux enfants, son seul point faible, son talon d’Achille par lequel ses ennemis pourraient l’atteindre et espérer la voir verser une larme. Elle déposa ses précieux biens sur la table la plus proche et croisa les jambes en laissant échapper à nouveau un soupir. La lassitude était à son paroxysme. « ils étaient nos enfants. mais en effet, j’aime mes enfants » . Un aveu qu’elle était prête à refaire à la barre d’un tribunal, même si elle avait failli dans son rôle de mère, la conduisant à confier Gaenor à Lars, par désespoir ou dans un espoir qu’il rattrape les erreurs qu’elle avait pu commettre avec elle. Mais la vision de leur adolescente dans une tenue provocante d’une star de pop déchue prouvait à l’avocate qu’il n’avait pas fait mieux.  Dans le score des mauvais parents, un point était inscrit dans les deux camps, et la balle avait été replacée au milieu pour que le match se poursuive. Ses doigts manucurés tournaient sur la flûte, alors qu’il s’étirait et qu’elle s’attendait déjà à un de ses fameux coups bas, ceux qu’il gardait dans sa manche après avoir donné quelques bons points ou relevé des qualités. Elle le connaissait, lui et son fonctionnement d’homme puissant. Et elle attendait que le coup arrive, que la sentence ne tombe pour lui prouver qu’elle ne se trompait pas. La preuve était arrivée avec le fait qu’il reconnaisse sa défaite aurait dû la faire sourire, voire même sabrer le champagne. Aurore le dévisageait, prononçant froidement « j’ai pu m’en rendre compte par moi-même en l’attendant à la sortie de son lycée, il y a quelques jours à peine » . Sa visite en ces lieux n’était pas fortuite, et elle lui avait mis un point d’honneur à lui signaler que son chemin avait croisé celui de leur fille. Le couperet était tombé, donnant à Aurore la sensation que le ciel s’ouvrait sous ses pieds et qu’on la privait de tout l’oxygène dont elle avait besoin. Sa main lâcha la coupe, et elle quitta le confort de son siège pour s’approcher de Lars. « comment ça, Gaenor n’est plus ici ? » . Elle peinait à comprendre le véritable sens de ses paroles. Ou du moins, elle ne le voulait pas, le pouvait pas. Elle lui ôta son verre de whisky, en but une gorgée par défi, par besoin de faire passer la pilule. « qu’est-ce que tu as fait de notre fille ? Où est-elle ? » . Elle appuyait sur chacune des syllabes, le ton plus que froid et déterminé. « tu voulais ta revanche sur moi, ou tu as pensé à quelqu’un d’autre que ta petite personne ? Crois-moi, tu as intérêt à me répondre, Lars, sinon je pense que ton triplex va subir mes foudres » . Elle était prête à tout, la tempête Ruinart prête à tout ravager sur son passage, y compris le verre qu’elle était à deux doigts de laisser échapper sur le sol. Quelques secondes encore pour une possible réponse, pour éviter au maire de vivre dans un bazar sans nom.
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