tu reviens souvent ici, à Montréal. tu ne sais pas pourquoi mais tu restes attachée à cette ville, qui est la tienne. t'as voulu la quitter, à la mort de tes parents il y a quelques mois de ça. tu te sentais pas capable de vivre seule dans cette ville. t'as déménagé à Trois-Rivières, pour une nouvelle vie. t'as pas vécu grand chose, ça ne fait qu'une année que t'as retrouvé ta liberté. t'es encore très fragile mais tu as envie de te montrer que tu peux y arriver seule, que tu en es capable.
sauf que tu reviens toujours pour voir Charlie, parce qu'il te manque et parce qu'être seule dans une ville que tu ne connais pas est compliquée. tu vis en colocation avec Lydia, elle est très gentille mais tu ne lui parles pas beaucoup, tu ne parles pas à grand monde de toute manière. t'as confiance en personne, sauf en Charlie, le seul qui t'a aidé pendant un an, et qui t'aide encore maintenant. t'as aussi gardé contact avec Camille, celui qui était là quand on t'a retrouvé. tu lui parles de temps en temps, tu prends de ses nouvelles mais ce n'est pas la même relation qu'avec Charlie, tu ne sais pas trop comment l'expliquer.

tu sors de chez Charlie, bonnet sur la tête et écharpe enveloppant ton cou. il fait froid encore, tu enfiles tes gants et en tournant à gauche, tu tombes nez à nez avec Camille. ça fait un petit temps que tu ne l'as plus vu, juste quelques messages de temps en temps. tu souris un peu, un souris qu'on voit à peine, caché derrière ton écharpe salut... tu dis, en t'approchant de lui. tu ne sais pas trop quoi lui dire en réalité, une conversation banale sûrement. tu n'es pas la meilleure pour tenir une discussion intéressante. généralement, elle s'arrête au bout d'une minute. juste un bonjour, un ça va et puis point à la ligne. c'est sûrement pour cette raison que tu n'arrives pas à te faire des amis, tu es trop réservée, trop timide. et surtout, tu n'arrives pas à aller vers les autres, ça te fait peur.